ELLE S’APPELAIT SARAH de Gilles Paquet-Brenner ***
Julia est américaine, journaliste et vit à Paris avec sa grande fille pré-ado et son mari architecte. Alors qu’elle suggère à son rédacteur en chef la rédaction d’un article sur la rafle du Vel d’Hiv de 1942 et que son mari lui propose d’emménager dans l’appartement familial inoccupé, Julia va découvrir l’histoire d’une petite Sarah de 10 ans qui va curieusement se mêler à l’histoire de sa propre famille. A 60 ans de distance le destin de Sarah et celui de Julia vont se trouver confondus et bouleverser pas mal d’existences.
Etrange film que ce film étonnamment romanesque qui aurait pu être trop sucré mais qui en s’appuyant sur une histoire et plus précisément des faits absolument historiques et incontestables (la rafle du Vel d’Hiv, la spoliation des biens des juifs, Drancy, les camps, la collaboration…) parvient à être fascinant et bouleversant. Il faut dire qu’il est rare que cette époque soit abordée avec une idée de scénario aussi astucieuse qui font alterner les passages d’une époque à l’autre qui nous permettent de voir progresser l’enquête de Julia de nos jours et de suivre les épreuves de plus en plus insurmontables de Sarah lors de cet été 42. Malgré certaines facilités totalement excusables tant l’ensemble est de haute tenue, la quête obstinée de Julia mise en parallèle avec l’idée fixe de Sarah (dont je ne parle pas) que rien ne peut arrêter, rendent cette histoire palpitante. Contrairement à ce que j’ai pensé et craint à plusieurs reprises en cours de projection, le réalisateur ne nous emmène jamais là où on pensait aller et c’est ce qui fait en partie le prix de ce beau film.
Mais pas seulement, oopsss pardon, mais pas que...
Le casting époustouflant permet de voir Michel Duchaussoy, Dominique Frot et Niels Arestrup (magnifique, sublime, extraordinaire… et rien que pour sa façon de prononcer « Heil Hitler » ou "j'veux pas d'emmerdes", il mériterait un César !) particulièrement intenses et concernés par le sujet. Mais il y a aussi Kristin Scott Thomas de plus en plus belle, de plus en plus juste, sobre, modeste et profonde. Et surtout une étonnante petite fille, Mélusine Mayance, dont il est impossible d’oublier le regard qui semble avoir intégré toutes les horreurs de la terre et qui, miracle, semble absolument comprendre tout ce qu'on lui fait dire et jouer !
Quant à Aidan Quinn ressuscité de je ne sais où, il impose en quelques rares scènes une indiscutable présence qui devrait devenir indispensable. C’est pourtant à cause de lui et de sa réaction à une révélation qui lui est faite que je suis obligée de vous dire de ne pas oublier les kleenex !