J’admire et j’envie ceux qui peuvent dire sans se tromper : « le premier film que j’ai vu est… ». Je n’en sais rien, j’ai commencé si tôt. J’ai décidé de dire que « Blanche Neige » est mon premier film vu sur écran géant. Je trouve que c’est approprié à une enfant. Ce dont je suis sûre c’est que je l’ai longtemps enviée d’avoir une robe avec ce col de princesse. J'ai revu ce film adulte. Il est terrifiant. La scène dans la forêt est un cauchemar. Je dois tenir de cette époque de ne pouvoir regarder les films d’horreur !
Ma famille se désespérait : « elle n’aime que la télé ! ». En fait je n’avais, et je n’ai toujours que faire de la télé SAUF pour regarder des films. Les dimanches à la campagne me coûtaient cher : les jonquilles en avril, le muguet en mai, les violettes en juin, les champignons à l’automne… j’ai tout cueilli ! En hiver, il fallait faire de la luge, des bonhommes de neige. La nature et les saisons ne me ravissent jamais autant qu'un film.
J’ai vu tous les westerns avec John Wayne. Les indiens étaient des barbares, la cavalerie était toujours en retard, les filles n’étaient pas à la fête, les garçons passaient leur vie à cheval… jusqu’aux révélations : « Rio Bravo » et « Le train sifflera trois fois ». Le cow-boy est lonesone contre tous et héroïque. Sa seule richesse sont une étoile parfois, et l’amour d’une femme encore plus rarement. Eventuellement il joue de la guitare, chante des chansons avec une voix de crooner en buvant des canons et se bat seul contre tous pour « la » cause. Nul doute que je tiens de cette époque mon attirance pour les causes et les batailles perdues d’avance, les anti-héros sauvages qui ont trois mots de vocabulaire... Aujourd’hui tous les westerns en forme d’hommage sont des madeleines savoureuses : « Danse avec les loups », « Silverado », « Dead man », « Open range »…
J’ai découvert avec délice le western spaghetti et fait ainsi connaissance d’un certain Clint. Le cow-boy est un salaud, égoïste et cupide. Il n’a pas de nom mais il a un humour XXL et mâchouille un cigare en souriant. Il est nonchalant et flingue sans état d’âme. Ses duels s’étirent à l’infini dans la poussière et la musique est un personnage à part entière qui se siffle, se joue à l’harmonica ou au banjo.
Et au milieu de toutes ces récréations parfois survient le choc, la grande secousse, et c’est l’empreinte indélébile de Vienne dévastée, les petites notes d’Anton Karas égrainées à la cithare et le visage d’Orson Welles qui apparaît entre ombre et lumière, ce sont mes torrents de larmes incontrôlables chaque fois que Mama monte les marches du grand escalier de Tara et explique à Melly que « non, Missié ‘Eth ne laisse-a pas ente-er sa fille ché-ie dans le noi' alo’ qu’elle en a si peu’», c’est la passion renversante de l’ardente Gene Tierney amoureuse de son fantôme, c’est Cary Grant amoureux éperdu comme jamais chez Hitchcock.
J’ai tout aimé, j’AIME tout, du blockbuster estival aux pépites dénichées au fond d’une salle art et essai, les grandes trouvailles, les grandes émotions, un tour du monde sur écran noir et géant ! Mon éclectisme s’est éparpillé, diversifié, épanoui. Je consomme avec délectation du cinéma de divertissement et je me rassasie de beauté, d’émotion et de culture ! Quel mépris ce serait de considérer qu’il y a un cinéma de divertissement futile et dérisoire et un 7ème art puissant et intello.
J’ai découvert que derrière toutes ces images animées il y avait quelqu’un, un être tout puissant sur qui à peu près tout repose : le réalisateur. Et je me suis prise de passion pour Truffaut, Godard, Pialat, Sautet, Demy et Lelouch. Un film ce n’était pas qu’une histoire, c’était une ambiance, du sang, du rire et des larmes : les aphorismes lelouchiens, la saga truffaldienne, les couleurs en-chantées de Demy, les scènes pluvieuses de groupe de Sautet... un milieu, un climat, un environnement !
Et puis un jour… la perfection...
Et au milieu de tout cela, la merveille des merveilles : l’acteur, l’actrice qui me chavirent, que j’aime à la folie. Je les aime tous… ou presque. Jean-Paul Belmondo amoureux éperdu chez Truffaut pousse son cri le plus désespéré chez Godard (Jordane : rends-moi « mon » « Pierrot le Fou » !!!).
Mes deux premiers amours sont :
Catherine Deneuve qui est tout sauf l’actrice froide qu’on prétend. Elle est le feu, elle est volcanique. Elle apparaît et elle capture toute mon attention. Même sa voix, ce rythme, ce débit inimitables qui n'appartiennent qu’à elle, sont un voyage. Pialat m’a fait découvrir Sandrine Bonnaire, ‘mon’ actrice préférée, la plus belle, la plus naturelle, vraie, authentique, spontanée… et un rire qui explose ! Et puis a surgi un monstre, devenu monstrueux jusqu’à renaître dans « Quand j’étais chanteur »…
Il n’y a pas un « cinéma », un genre de cinéma qui ne mérite qu’on s’y attarde, c’est fabuleux, c’est fascinant, c’est le monde entier qui défile et nous fait lever la tête vers l’écran : Ken Loach, Kusturica, Woody Allen, Kitano, Wong Kar Waï, Kim Ki Duk, Terence Mallick, Michaël Cimino, Almodovar, Tim Burton, David Lynch, Martin Scorcese, Philippe Lioret, Christophe Honoré...
Aujourd’hui c’est l’été et le choix est très embarrassant pour ceux qui veulent durant quelques heures se mettre au frais. Je vous propose :
« Délice Paloma », film algérien de Nadir Moknèche,
« 2 days in Paris », film franco-ricain de July Delpy,
« Delirious », film américain de Tom Di Cillo,
« The Bubble » film israëlien d’Eytan Fox,
« The Good Sheperd » film américain de Robert De Niro,
« Persepolis » film franco iranien de Marjane Satrapi…
Mais il est aussi très recommandé de se distraire tout simplement avec « Die Hard IV » et/ou « Harry Potter »…
Il manque des centaines d’acteurs, des centaines de réalisateurs ici… c’est normal non ? C’est juste un instantané, une envie de « parler » cinéma aujourd’hui !
Bons films à tous…