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Sur la Route du Cinéma - Page 564

  • PRENDRE FEMME de Ronit Elkabetz ***

    prendre femme - 

    Entre un mari gentil, doux, qui ne boit pas, qui ne la bat pas, qui travaille (le rêve pour une femme) MAIS qui n’intervient dans l’éducation des quatre enfants que pour constater « voilà le résultat de l’éducation que tu leur donnes », et qui mène sa vie au rythme du Talmud et des prières à la synagogue, et un amant qui a trop hésité et lui offre en cadeau un sandwich à l’harissa… une femme hésite et pète un câble !
    C’est un film magnifique et surprenant : la plus grande scène de ménage hyper réaliste jamais vue depuis « Qui a peur de Virginia Woolf ».
    Un monde fou gravite autour de cette femme : son mari, quatre enfants, une grand-mère, un amant, des amies, quatre ou cinq frères, des oncles, des voisins… et tout se passe pratiquement dans les 10 m² d’une cuisine. Tout le monde réagit, intervient, se mêle pour que ce couple se réconcilie. On comprend que cette femme, malgré des velléités d’indépendance et d’émancipation étouffe et suffoque jusqu’à une scène d’hystérie insoutenable.
    La femme c’est Ronit Elkabetz, elle est divine, on dirait Maria Callas, le mari c’est Simon Abkarian (magnifique) et l’interprétation est sans faille.
    A voir avec en cerise sur gâteau une scène très « In the mood for love » avec violon obsédant, ralenti et pluie battante… et comble de la sensualité : UN BAISER ! Ce qui tendrait à prouver que les marocains sont plus entreprenants que les chinois.

  • MOOLAADE de Sembene Ousmane**

     

    Où l’on apprend que 38 pays sur 45 que compte l’Afrique pratique encore cette torture que les hommes appellent pudiquement « purification ». Comme eux sont naturellement purs, on ne leur coupe rien !
    Le traitement de ce sujet lourd est simple et l’interprétation enthousiaste et réjouissante. Deux scènes d’excision sont évoquées hors champs. C’est insoutenable. Les fillettes sont emmenées de force et leurs hurlements sont insupportables.
    Les hommes, plutôt consternants de bêtise et de lubricité ne sortent pas grandis de cette histoire. Les femmes par contre y sont à l’honneur, vaillantes, combatives, victimes non consentantes, admirables.
    Un beau film.

  • BE COOL de F. Gary Gray°


    Evidemment John Travolta est impayable en Chili Palmer imperturbable qui ne bouge pas une oreille même avec un gros calibre braqué entre les yeux. Evidemment Uma Thurman est délicieuse et magnifique et Harvey Keitel irrésistible.. Mais les autres !!! Ce ne sont que des caricatures de personnages bas de plafond et pas drôles.
    Comme il est toujours intéressant de chercher ce qui va dans un film plutôt que ce qui ne va pas, je dirai que Steven Tyler (chanteur d’Aérosmith), piètre acteur et pub vivante pour la chirurgie esthétique ratée est une bête de scène absolument ahurissante et qu’en une seule scène il capture l’écran. C’est toujours ça.
    La meilleure réplique, la voici. Un apprenti comédien harcèle Travolta pour obtenir une audition dit :
    « quand est-ce que vous me rappelez ???
    quand ton téléphone sonnera !! »
    Je sais, c’est peu.

  • OMAGH DE Pete Travis***

    (prononcer OMA).
    C’est l’été, c’est la fête au village et nous observons des terroristes préparer la bombe et venir la déposer en voiture en plein milieu du quartier commerçant en fête. Tout le monde est gai, personne ne se doute… alors que nous, spectateurs, nous savons. C’est insoutenable alors que sur l’écran il n’y a que gaieté et insouciance. Les terroristes avertissent qu’une bombe va exploser dans une demi-heure mais ils n’indiquent pas (volontairement) le bon endroit, si bien que les policiers vont faire évacuer la foule vers l’endroit même où la bombe explose…
    Un carnage : 31 morts, 160 blessés. Le reste, c’est l’affolement des familles qui viennent sur les lieux de l’hécatombe ou à l’hôpital ou directement dans une morgue improvisée. Puis c’est le deuil, le combat des familles qui veulent savoir, comprendre et que soient punis les responsables de l’attentat qui sont clairement identifiés.
    La justice et la police (anglaise et irlandaise) ne font rien qui risquerait de compromettre le processus de paix en marche !
    C’est hallucinant et très très fort. C’est filmé comme un documentaire avec néanmoins de vrais acteurs impressionnants, notamment le père d’une des victimes qui devient porte-parole presque malgré lui des familles. Il est calme, déterminé, muré dans son chagrin et pourtant il avance obstinément, toujours digne. Il est bouleversant.

  • DR KINSEY de Bill Condon °

    dr kinsey -


    Pour tout savoir sur le zizi des américains… et j’assure que ça n’a rien de passionnant, même s’il est à la fois réjouissant et effrayant de constater une fois encore le puritanisme et l’ignorance des américains. Cela dit, en gros il y a, il y a eu et il y aura toujours des coincés et des libérés et la terre continue de tourner comme elle peut.


    Liam Neeson est excellent mais lui faire jouer le rôle du doc’ de 20 à 60 ans : la pilule a du mal à passer. Quant à Laura Linney, dans son éternel et unique rôle de femme compréhensive qui penche la tête en souriant (ce qui semble signifier : « je suis une femme compréhensive ») elle est crispante.


    Il n’est donc pas impossible (comme cela m’est arrivé) de regarder plusieurs fois sa montre en se disant qu’elle est jolie (la montre)…

  • BUENA VIDA (delivery) de Leonardo di Cesare***

    Hernan vit seul dans sa grande maison depuis que sa famille a décidé d’émigrer en Espagne. Ne pouvant plus assumer seul le loyer, il décide de trouver une colocataire. Il choisit Pato jeune femme, plutôt belle ce qui est mieux pour tomber amoureux, qui travaille dans une station service.

    La scène de séduction entre les deux tourtereaux est adorable et irrésistible.

    Tout va pour le mieux jusqu’au jour où Hernan découvre que Pato est encombrée d’une famille sympathique mais envahissante. Du jour au lendemain, la famille de celle-ci investit les lieux et y installe une fabrique de churros. Le père est un véritable tyran domestique, la mère est soumise et mielleuse et compense son envahissement par la préparation de petits plats. Avec eux également une mystérieuse petite fille…
    Tout va pour le mieux, car Hernan est patient et la gentillesse personnifiée jusqu’au jour où il dit « stop ! on s’est assez fichu du moi ».
    C’est une comédie grinçante mais pleine d’humour où l’on découvre les situations rudes et douloureuses d’une partie des argentins d’aujourd’hui dans le désordre économique du pays.

  • VA, VIS ET DEVIENS de Radu Milaihanu ***

    Parfois bouleversant, parfois « trop », voici l’histoire d’un enfant éthiopien que sa mère oblige à partir en Israël avec les juifs (alors qu’il est catholique) pour lui permettre de survivre. A 9 ans, c’est impossible à comprendre et encore moins facile de se retrouver noir à Jérusalem. Il sera adopté par une famille juive non religieuse, aimante et tolérante qui s’appliquera à lui faire pratiquer « sa » religion. Evidemment, c’est plein de bons sentiments et de scènes fortes plus ou moins attendues mais c’est encore un épisode indigne de notre belle humanité passée relativement inaperçue.

    « L’opération Moïse » et le rapatriement des Falashas en terre sainte avaient dû faire un entrefilet à l’époque entre deux coupes du monde ou l’arrivée du printemps…

    Au-delà du document, c’est également l'histoire d'un jeune garçon, Schlomo interprété par trois acteurs différents (enfant, adolescent, adulte) qui est une merveille et des acteurs impressionnants dont Yaël Abecassis, rayonnante, lumineuse, solaire et Roschdy Zem émouvant et imposant.

    C’est beau.