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Sur la Route du Cinéma - Page 308

  • C'EST QUAND C'TRUC LA, L'PRINTEMPS ?

    J'adore quand elle dit ça. Oui bon je sais, je suis bon public, bon public !

    Alors donc pour les belges ceux qui ne le savent pas, le printemps c'est le 20 mars, mais le Printemps du Cinéma c'est un peu avant et il ne dure que trois jours. Je sais, vous allez me dire "il fait beau" tout ça ! Et je vous répondrai "oui, c'est ça, le beau temps quel bonheur !".

     

    le printemps du cinéma

     

     

    Mais quand même, le Printemps du cinéma c'est :

    3 jours pour tout voir les dimanche 18, lundi 19 et mardi 20 mars 2012 inclus dans toute la France.

    Le principe de cet événement national très attendu du public est toujours aussi simple : pendant ces trois jours, les salles de cinéma pratiquent un tarif exceptionnel à l’ensemble des spectateurs :

     3,50 euros.

    Une belle occasion de profiter pleinement de toute la richesse de la programmation durant la manifestation puisque tous les films sont concernés par cet avantage tarifaire, qu’il s’agisse de l’ensemble des nouveautés ou des films

    encore à l’affiche. Un événement fortement plébiscité puisque 2,5 millions de spectateurs le fréquentent chaque année en moyenne. 

     

    Le Printemps du Cinéma affiche cette année encore une programmation très attractive et diversifiée avec notamment :

  • CLOCLO de Florent Emilio Siri **

     Cloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie RenierCloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie Renier Cloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie Renier

    Cloclo : photo Florent Emilio Siri, Jérémie Renier

    Claude François, son enfance, sa vie, son oeuvre et son explosion en plein vol !

    Les biopics (« biographical motion true picture »), fictions centrées sur la biographie d'un personnage ayant existé (dixit wiki), on aime ou on n'aime pas. Moi j'aime, c'est mon côté "Voici"-pipole-midinette. Et pourtant, rares sont les grands films qui émergent du genre. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et je commencerai par évoquer ce qui ne va pas.

    Je suppose qu'en allant voir un film qui évoque Cloclo, j'ai envie de TOUT savoir sans avoir à lire la biographie non autorisée d'une Clodette ou celle d'un des fils qui n'étaient que des bambins quand leur papa-star est mort, bêtement. Mais franchement, l'évocaton de l'enfance de Claude François à Ismaïlia en Egypte est ratée. Si ce n'est le rôle du père tenu par le toujours étonnant Marc Barbé, ici séduisant et impitoyable "contrôleur du traffic sur le Canal de Suez" qui prévoit pour son fils une belle carrière sur le Canal. L'histoire,  Nasser et les dons du gamin en décideront autrement.

    Tout artiste "biopicqué" se doit d'avoir à combattre un traumas d'enfance. Ici notre Cloclo est élevé à la dure par un père despote qui le reniera quand il choisira la carrière de saltimbanque et une mère sur-protectrice et omni-présente donc pénible. La rencontre avec le père ne se fera jamais. Le gosse qui joue Cloclo enfant est une têtaclaques et Jérémie Rénier qui apparaît dès l'adolescence un peu trop vieux pour paraître 17 ans. Après une demi-heure assez ennuyeuse, Cloclo débarque à Monaco. C'est la misère et il se fait vaguement repérer pour ses talents de batteur. Il "monte" à Paris et après quelques échecs retentissants dont son premier 45 T, le franco-arabe "Nabbout twist" il rencontre Paul Lederman qui devient son impresario et là le film prend une tournure franchement risible. L'apparition de Benoît Magimel boursouflé, moumoute de caniche, accent pied noir mixé avec le parler wesh-wesh des banlieues, interprétation/imitation de Robert de Niro dans le Parrain et Casino est à mourir de rire. Allez je ne résiste pas, je vous mets une petite photo. Pour l'entendre appeler Cloclo "fils" en lui tapotant l'épaule et le voir bouger il faut aller voir le film :

    Est-ce que tenter de se rapprocher du physique du vrai Lederman peut nuire ou profiter au film ? Je ne pense pas. D'ailleurs, qui connaît le physique de Paul Lederman dans la vraie vie (sans vouloir faire offense) ? L'acteur qui interprète Frank Sinatra lui ressemble autant que moi à Bernadette Soubirous et ça ne gêne personne. Là, j'ai bien cru que le film ne s'en relèverait pas, d'autant qu'à ce moment Cloclo himself devient un peu chef de clan. Avec l'argent qui s'accumule, il achète le fameux moulin en ruine de Dannemois qu'il restaure et y installe la famille et les amis qu'il dirige en patriarche.

    Et puis, ça s'arrange. On découvre Cloclo complètement imprégné de son éducation rigide, autoritaire, colérique, jaloux, maniaque, lunatique, capricieux. Il enfermait sa première femme à clé dans son appartement lorsqu'il avait un rendez-vous. Il a quitté son amour France Gall sur un simple coup de fil le soir où elle remporte le Grand Prix Eurovision, craignant trop qu'elle lui fasse de l'ombre. Il a caché la naissance de son second enfant pendant des années. Il prétendait que c'était pour le protéger du "grand barnum" et sa femme de l'époque pensait plutôt qu'être père de famille était moins glamour  aux yeux du public ! En plein milieu d'une chanson il pouvait se retourner sur un musicien et lui balancer "fausse note, t'es viré". Il enregistrait des "mémos" avec les idées qui lui passaient par la tête mais aussi pour donner ses consignes et ses ordres à tout son entourage. Bref, un type infernal, difficile à suivre et dont on a pas trop envie d'être le copain.

    Mais sur le plan professionnel, il a su surfer sur les vagues, s'imposer en pleine "yéyé mania", s'adapter au disco et revenir au top lorsque sa côte chutait. Quitte à simuler un malaise cardiaque en plein concert avec l'accord de Paul Lederman. Il devient un véritable business-man, fonde sa maison de disques, reprend un magazine pour les jeunes, puis un magazine de charme, crée son agence de mannequins. Une vie lancée à 200 à l'heure et des shows frénétiques, étincellants sur des rythmes et aux chorégraphies endiablés. Il impose des danseuses noires à la télévision française, gère son image avec application et écrit la chanson la plus connue au monde "Comme d'habitude". Elle deviendra "My way" dans la bouche de  Frank Sinatra son idole de toujours qu'il n'osera même pas aborder alors qu'ils sont dans le même hôtel. Il semblerait que Cloclo ait toujours souffert du complexe Frank Sinatra. Il se serait rêvé en crooner alors qu'il a selon ses propres mots "une voix de canard".

    Voilà, je vous parle beaucoup de Cloclo et peu du film. Il faut dire que c'est un biopic... Donc ça raconte, ça raconte. Il y a néanmoins de véritables moments de grâce. Notamment lorsque Cloclo rencontre ses fans. Apparemment ce sont les seules personnes de son entourage qui n'aient jamais eu à se plaindre de son tempérament impossible. Elles dormaient sur le palier de son appartement parisien (parfois il en cueillait une qui passait la nuit avec lui), l'attendaient devant chez lui. Il sortait et les laissait  lui parler, le toucher (mais attention à ses cheveux quand même), l'embrasser. Il connaissait le prénom des plus assidues. La scène où il descend la rue au volant de sa voiture avec les fans qui l'accompagnent sur le trottoir est un magnifique plan séquence. Celle où il découvre comme un enfant que la star Sinatra chante sa chanson est particulièrement émouvante également. Et du coup, le film manque de ces moments plus forts et touchants.

    Evidemment qui d'autre que Jérémie Rénier pouvait incarner Claude François puisqu'il lui ressemble déjà tant naturellement ? L'acteur s'est appliqué pour les chorégraphies, s'est mis du rimmel sur les cils, de la laque dans les cheveux mais il apporte en plus une touche particulièrement sensible et émouvante. Quand il se montre odieux avec ses partenaires et qu'il vient implorer le pardon, il est irrésistible. Il a donc réussi à trouver et à maintenir l'équilibre ou le déséquilibre entre le personnage antipathique et l'homme qui se disait mal-aimé. Une belle performance impressionnante qui donne parfois l'impression que Cloclo lui-même est revenu d'outre-tombe pour tourner le film. Mais du coupnles acteurs autour sont relativement inexistants.

  • THOMAS DUTRONC

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    Hier c'était joie, bonheur, euphorie, jazz manouche, chanson française, virtuosité, rigolade et ambiance de ouf !

    Un sourire craquantissime, un brushing approximatif, la totale cool attitude :1.JPG

    Le costume qui brille, la mèche en bataille. Il n'aime plus Paris c'est sûr. 

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    Un garçon au nez parfait et qui joue de la guitare le petit doigt en l'air ! Comment résister ?

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    A la fin il est épuisé, on peut comprendre ! Ce garçon ne s'économise pas.

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    Un aperçu... Ne vous plaignez pas du son, j'ai fait au mieux :

    Une version strange et personnelle de "Tata Yoyo".

  • CHRONICLE de Josh Trank **(*)

    Chronicle : photo Dane DeHaan, Josh TrankChronicle : photo Alex Russell, Dane DeHaan, Josh Trank, Michael B. JordanChronicle : photo Dane DeHaan, Josh Trank

    Trois lycéens à la vie et aux personnalités très différentes voire opposées, Andrew, Matt et Steve découvrent  une étrange excavation au milieu d'un champ. Lorsqu'ils ressortent de cette tranchée ils deviennent inséparables et développent tous trois de super pouvoirs. Déplacer les objets par leur seule volonté, provoquer des événements, voler et être reliés l'un à l'autre téléphatiquement... Ils n'utilisent d'abord leurs nouvelles aptitudes que pour faire des blagues anodines de gamins : déplacer la voiture d'une femme sur un parking, faire voler des jouets dans un magasin. Jusqu'à ce qu'ils réalisent la puissance que leur offrent ces talents peu communs.

    C'est tout à fait fortuitement que je me suis retrouvée dans cette salle. Je me suis bêtement trompée d'horaire pour un autre film, et je ne le regrette pas tant cette petite pépite originale et bien foutue m'a surprise et enthousiasmée.

    Les trois loustics qui forment le trio sont trois garçons très différents. Andrew vit avec sa mère mourante et son père, chômeur, buveur et cogneur. C'est un garçon timide et complexé qui ne se déplace jamais sans sa caméra, essentiellement pour immortaliser les humiliations dont il est quotidiennement victime. Cela donne au film un ton particulier car en grande partie filmé en caméra subjective du point de vue d'Andrew. Steve est la star charismatique du lycée, uniquement préoccupée par son élection de conseiller de classe. Quant à Matt, le relou de service est un beau gosse qui se croit irrésistible et amoureux de la même fille qui le repousse depuis la 5ème. Finiront-ils ensemble ? Le suspens est insoutenable  et c'est la partie très très faible et inutile du film.

    C'est lorsqu'Andrew prend conscience réellement de ce que ces pouvoirs peuvent lui permettre de réaliser, comment il peut s'imposer et résister à son père qui le bat sans raison, comment il peut attirer l'attention de ses copains de lycée que le film prend toute sa dimension et devient réellement palpitant. Le réalisateur aurait dû se concentrer davantage sur la personnalité complexe et la métamorphose d'Andrew au lieu de perdre son temps et s'attarder sur l'inconsistant Matt. Nous n'étions alors pas loin d'assister à la naissance d'un nouveau film culte du genre de "Carrie au bal du diable" de Brian de Palma, auquel il fait régulièrement penser. Par ailleurs, et ce n'est pas la moindre des qualités du film, depuis Leonardo diCaprio (il y a 20 ans déjà) ou plus récemment Ezra Miller, je n'avais pas vu jeune acteur plus talentueux et prometteur que le jeune Dane DeHaan.

  • STUDIO CINE LIVE : DEUX EXEMPLAIRES A GAGNER

    qui va vous permettre de patienter jusqu'au 25 juillet, date à laquelle sortira "Batman The Dark Knight rises" (mais comment faire sans Heath Ledger ?) et c'est MON Tom Hardy qui y tient le rôle du très méchant.

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    Partez également à la rencontre du  Marsupilami, de Diane Kruger et de tous ceux qui font l'actualité cinématographique : Ewan McGregor, Charlize Theron, Emmanuelle Devos, Lucas Belvaux, Mélanie Doutey ainsi que Jérémie Rénier dans la peau de "Cloclo"...

    Pour remporter ces magazines, c'est très simple. Trouvez le titre du film dont j'ai découpé et décolorisé un morceau d'affiche.

    Seules les réponses 1 et 2 permettent de gagner.

    Les autres sont là pour que vous puissiez continuer à vous amuser comme des foufous.

    UNE SEULE REPONSE A LA FOIS PAR PERSONNE.

    ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDE LA REPONSE.

    GAME OVER. MERCI MAIS MERCI DE terminer ce jeu enfantin. Merci.

    ON PEUT GAGNER :

    1

    LOCK OUT trouvé par King 72

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    2

    MY WEEK WITH MARILYN trouvé par Flo

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    ON PEUT JOUER, SANS GAGNER :

    3

    PERFECT SENSE trouvé par sopel

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    4

    2 DAYS IN NEW-YORK trouvé par sopel

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    5

    YOUNG ADULT trouvé par sopel

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    6

    BYE BYE BLONDIE trouvé par Florence

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    7

    TARGET trouvé par sopel

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    8

    EVA trouvé par Mister Loup

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    9

    38 TEMOINS trouvé par Claire

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    10

    CLOCLO trouvé par Marine

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  • AU PAYS DU SANG ET DU MIEL de Angelina Jolie **

     Au Pays du Sang et du Miel : photoAu Pays du Sang et du Miel : photoAu Pays du Sang et du Miel : photo

    Ajla est peintre, bosniaque et musulmane, Danijel est policier et serbe. Ils s'aiment mais un soir où ils se retrouvent en boîte, une bombe explose. La folie guerrière s'empare des deux camps et le pays est ravagé. Rapidement Ajla est faite prisonnière et retenue avec d'autres femmes dans une espèce de caserne dirigée par Danijel devenu soldat. Le plus longtemps possible il va tenter de la protéger, de la faire évader. Leur relation devient presque contre nature tant les deux camps semblent irréconciliables et absolument équivoque tant chacun semble ne pouvoir ni trahir les siens ni renoncer à l'autre.

    Si on faisait un "blind test" lorsqu'on va voir des films (c'est-à-dire sans connaître le nom du réalisateur), il serait difficile d'imaginer que celui-ci a été réalisé par une femme (quoique...) et moins encore par Angelina Jolie. Je n'ai jamais mis en doute son engagement que je trouve sincère et courageux mais pas de là à faire un film de guerre aussi violent. Je le trouve bien plus fort, honnête et audacieux que la Bigelowterie qui avait autant enflammé hollywood que les cinéphiles (mais pas moi).

    Le point de vue d'une femme sur un conflit aussi stupide (si tant est qu'il n'y en ait d'intelligent !) me semble tout à fait inédit. Il ne s'agit en aucun cas d'une énième vision mâle gonflée à la testostérone mais en grande partie du traitement réservé aux femmes durant les guerres. C'est d'ailleurs après cette guerre, au début des années 90 que le viol a été reconnu comme un crime de guerre ! La réalisatrice n'y va pas par quatre chemins et affronte avec beaucoup de force les scènes de combats. Elles sont d'ailleurs une des grandes réussites du film. Les "rafles" où les habitants sont forcés par les soldats avec une violence incroyable de quitter leurs logements rappellent celles perpétrées contre les juifs pendant la seconde guerre mondiale. C'est lors de ces rafles que les femmes sont choisies arbitrairement pour servir de bonnes à tout faire et d'esclaves sexuelles aux soldats. Ce film montre des abominations dont on se doute mais qu'on a jamais vues dans aucun film. La première heure est à ce titre tout à fait saisissante voire parfois insoutenable. C'est dans les scènes d'action les plus violentes que la réalisatrice fait preuve d'une maîtrise époustouflante. Le calvaire vécu par les femmes, et bien que les viols ne soient pas systématiquement soulignés en images, devient oppressant. La pire scène jamais vues est sans doute celle où des femmes sont désignées pour accompagner les militaires en forêt. Elles ne connaissent évidemment pas leur destination et les spectateurs non plus. Il s'agit en fait pour elles de servir de bouclier humain lors d'une mission. Comment de telles monstruosités peuvent-elles germer dans un esprit ?

    Dans la seconde partie, Angie perd un peu le fil de son histoire et surtout la force de son propos en se concentrant sur la relation entre Ajla et Danijel qui est devenue un peu artificielle puisqu'il réussit à la maintenir prisonnière dans une pièce où elle vit sa captivité de façon relativement privilégiée au su et au vu de tous les autres militaires. La situation semble pour le moins irréaliste ! Cela donne lieu à des scènes de sexe (ratées) et à un lien qui nous échappe souvent entre la prisonnière et son bourreau. Ajla est-elle consentante ? Joue t'elle un double jeu ? Son instinct de survie lui dicte t'elle sa conduite ? Aime t'elle cet homme ? Il faut reconnaître qu'on y perd souvent son latin et qu'on ne la comprend pas toujours voire plus du tout.

    Cela dit, Angelina Jolie a l'intelligence et nous surprend une dernière fois lors de son épilogue audacieux et puissant qui a raison de tous les doutes et hésitations.

    Quant au titre, il trouve sa signification dans le terme balkan où se situe l'actIon. "Bal" signifie "miel" et "kan" signfie "sang" en turc. Dernières particularités, le film a été tourné dans la langue du pays et sans stars (même si Bradounet fait une apparition furtive... mais il faut être très attentif).

  • POSSESSIONS de Eric Guirado ***

    Possessions : photo Alexandra Lamy, Eric GuiradoPossessions : photo Eric Guirado, Julie DepardieuPossessions : photo Eric Guirado, Jérémie Renier

    Marilyne, Bruno et leur petite fille en ont ras le bol du Nord, de ses briques rouges et de sa grisaille. Ils quittent donc chti'land et leurs amis et s'en vont emménager en Savoie dans un chalet qu'ils ont loué. Arrivés sur les hauteurs, les travaux sont loin d'être terminés mais le propriétaire Patrick Castang les installe dans un autre logement vide beaucoup plus luxueux avec vue sur les pistes et les cîmes enneigées. Le couple est ravi mais Patrick est aussi promoteur et ne cessera de contraindre Marilyne et Bruno de déménager, parfois du jour au lendemain pour louer les logements qu'ils occupent. Au départ, ils seront recasés dans un hôtel haut de gamme mais leur comportement les en fera chasser. Peu à peu Marilyne qui est également employée comme femme de ménage chez les Castang va développer à leur égard des sentiments d'envie, de jalousie qui vont se transformer en haine. Véritable pousse au crime vis-à-vis de Bruno qu'elle trouve trop accomodant avec leurs propriétaires qui selon elle ne cessent de les humilier, elle va réussir à le contraindre au pire.

    Sans vouloir casser l'ambiance et spoiler éhontément (ce qui n'est pas le genre de la maison), ce film est l'adaptation de la sordide, lamentable et tragique "Affaire Flactif" dont les membres de la famille (2 enfants et les parents) furent assassinés au début des années 2000 par un type rendu fou de jalousie. Il ne trouva pas d'autre solution pour mettre fin à la convoitise qui le rongeait que d'écarter le problème en éliminant toute la famille. C'est dire la finesse et l'intelligence du bonhomme ! Les noms ont été soigneusement changés mais c'est bien de cette affaire dont il s'agit. Connaissant la fin sans issue pour les Castang, le réalisateur réussit néanmoins l'exploit d'instaurer un suspens et de faire monter la pression avec suffisamment d'efficacité pour maintenir l'intérêt de bout en bout.

    Evidemment une fois de plus les beaufs sans cerveau sont du nord, mais dans la vraie vie aussi ils étaient du coin. Plus précisément du Pas-de-Calais, ce qui en fait n'a rien à voir mais allez faire comprendre ça à un parigot tête de veau. "Ouais ben c'est pareil" qu'ils disent. "Non" que je réponds. C'est comme si on disait qu'un vosgien c'est pareil qu'un mosellan. Pffff. Ou qu'un mec de Côte d'Or c'est kifkif bourricaud qu'un gus de Saône et Loire ! Rien à voir. Bref passons. Les tarés au cinéma c'est dans le Nord/Pas-de-Calais qu'on les trouve. Et j'en profite pour rappeler aux mal embouchés qui s'énerveraient que je suis née , que j'y ai passé 15 ans et que parfois encore ça me manque, qu'ensuite j'ai vécu pendant 18 ans et qu'ensuite j'ai trahi la cause, plusieurs fois mais, dans mon exil j'ai aimé et j'aime toujours ce film-là. Tout cela étant dit -et bien dit-, revenons-en à nos beaufs qui trouvent injustes que des gens aient de l'argent et pas eux. Ce film évoque admirablement l'écart de plus en plus profond entre la France d'en bas qui galère et magouille un peu (travail au black, revente de matériel ou de pièces de voitures) pour arrondir les fins de mois et qui observe avec convoitise la France d'un peu plus haut, un peu parvenue, qui possède et traficotte pour posséder encore un peu plus. La rencontre des deux mondes, le mépris condescendant mais inconscient des favorisés face aux complexes et au sentiment d'injustice des seconds vont faire des étincelles.

    Remercions le réalisateur de n'avoir pas sombré dans le gore en insistant lourdement sur les quatre meurtres car même si la scène est écoeurante, elle n'est pas insoutenable. Mais ce qui brille surtout ici ce sont les acteurs. Il est évident que petit à petit avec sa grâce et son naturel Alexandra Lamy va conquérir le coeur de tous les réalisateurs et des spectateurs. En bourgeoise parvenue qui tente de se montrer généreuse et altruiste elle est parfaite. Jérémie Rénier, gras du bide, accent deuch'nord et cerveau au vestiaire, est abruti de monstruosité. Et enfin, un réalisateur a l'audace et l'intelligence de ne plus faire de Julie Depardieu une victime voûtée et un peu niaise. Elle prouve ici avec ce rôle de composition, mégère hargneuse déjà aigrie et pleine de colère qu'elle est une superbe actrice.

  • MARTHA MARCY MAY MARLENE de Sean Durkin **

    Martha Marcy May Marlene : photo John Hawkes, Sean DurkinMartha Marcy May Marlene : photo Elizabeth Olsen, John Hawkes, Sean DurkinMartha Marcy May Marlene : photo Sean Durkin

    Martha s'échappe d'une ferme où elle vivait depuis deux ans dans une communauté aux gentilles allures hippies. Au premier abord tout le monde semble effectivement "heureux" et consentant à l'intérieur de cette ferme autogérée où tous les membres participent en alternance à tous les travaux. Il s'agit en fait d'une secte dont le leader Patrick, calme, tendre et charismatique asservit tous les locataires. Martha réussit à joindre sa soeur Lucy qui la recueille sans hésiter. La jeune femme fait des efforts considérables pour tenter de se réinsérer et se rétablir moralement mais ce qu'elle a vécu la hante et la perturbe de plus en plus.

    Par bribes nous découvrirons la face cachée de ce Patrick et la façon dont il anéantit la personnalité des jeunes filles forcément fragiles qu'il accueille. Un repas par jour, l'obligation de passer par son lit, cette ordure leur écrit des chansons, leur assure que chacune est sa préférée et leur assène un discours sur l'amour et la tolérance à gerber. Il leur affirme que leur prénom ne leur convient pas. C'est ainsi que Martha devient Marcy May puis Marlène selon le bon vouloir de Patrick. Il les rend dépendantes au point qu'elles ne peuvent plus rien décider seules. Elles sont littéralement parquées la nuit dans une seule et même pièce ou elles partagent les matelas déposés à même le sol. Parfois les rares garçons de la secte viennent les rejoindre et Patrick assiste à leurs ébats. Ambiance.

    Martha ne parvient pas à révéler à sa soeur ce qu'elle a vécu et s'enferme progressivement dans une paranoïa où elle ne distingue plus la réalité de ses cauchemars. Malgré sa bonne volonté, la soeur finit par ne plus pouvoir "gérer" Martha qui devient imprévisible, parfois agressive et incapable d'agir sans demander la permission. Le beau visage d'Elizabeth Olsen est un livre ouvert sur lequel passe toutes les émotions et sensations qu'un être humain peut ressentir jusqu'à la régression. De la confiance d'abord, au doute jusqu'à la terreur.

    PS. : vous savez que je ne suis pas moqueuse pour deux sous mais par contre je suis très généreuse et c'est ainsi que je tiens absolument à vous faire partager un avis sur ce film qui me semble éclaircir bien des zones d'ombre. Si vous ne comprenez pas, hélas je n'ai pas la traduction. Mais vous pouvez trouver l'article entier ICI. Un régal.

    "Petite coquetterie formelle d'autant plus fumeuse qu'elle est peureuse, "Martha Marcy May Marlene" semble finalement engoncé comme son couple dans un certain american way of filmmaking, maniérisme sundancien relevé à la sauce psychologisante."
    Alors vous en dites quoi ? ça en jette non ?