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Sur la Route du Cinéma - Page 458

  • La vie passera comme un rêve de Gilles Jacob

    Je vous l’ai dit, lors de mon récent voyage dans les îles, je me suis embarquée avec ce livre :

     

    Je l’ai donc lu, que dis-je, dévoré !

    Pas en un seul plan séquence mais rapidement en tout cas.

    Ce livre, je l’ai littéralement englouti sans en gaspiller une seule miette.

    Les petites déceptions viennent du fait que j’ai parfois eu l’impression, fondée ou pas, seul Gilles Jacob pourrait répondre, qu’il réglait quelques comptes avec des artistes « difficiles », acteurs ou réalisateurs. Mais ce qui m’a le plus manqué, (choquée ?) c’est l’absence totale (son nom n’est pas même cité une fois) du merveilleux Thierry Frémeaux, le délégué général et l’un des piliers actuels du Festival de Cannes. Un mystère !

    Les anecdotes de l’enfance et le parcours personnel de Gilles Jacob viennent ponctuer l’histoire du cinéma qui l'accompagne et le nourrit depuis 50 ans et celle du Festival de Cannes dont il est le Président depuis 30 ans.

    Et c’est là que le livre prend toute sa saveur car avec une écriture simple mais efficace, il parvient à réanimer les images qui m’accompagnent aussi depuis de longues années déjà : celles de la mythique et célèbre montée des marches, des cérémonies d’ouverture et de clôture qui évoquent la magie d’un monde fictif, rêvé, sublimé… Mais surtout l’avant et l’après festival dont le public est absent, et puis tous les films, les grands et les moins bons qui ont défilé sur l’écran des fascinations, ont été récompensés du prix suprême, la Palme tant convoitée, ou pas, et tous les autres qu’on a découverts grâce à ce « passeport » cannois qui ouvre les portes d’un monde, d’un « paradis pas fait pour les âmes sensibles ».

    Mais ce qui ravit, surprend et séduit en premier lieu et en particulier malgré les aléas de la vie, les évènements imprévus, les stars plus ou moins « gérables », c’est l’amour démesuré pour (certaines) actrices, la curiosité insatiable pour la nouveauté, la recherche exigeante de talents originaux, l’enthousiasme sans tache, en un mot la passion dévorante et toujours intacte pour le cinéma.

    Et comme Gilles Jacob n’a pas son pareil pour détailler, décortiquer quelques instants d’un film qui font parfois qu’il reste gravé en vous pour toujours, voici quelques lignes ce cette biographie :

    « 31

    Viennoiserie

    C’est un plan fixe de 1 minute 38 secondes et 41 centièmes. Dans un cimetière de Vienne, une allée bordée d’arbres, vers la fin de l’automne. Le ciel est bas, les ombres sont longues. Des feuilles mortes tournoient vers le sol. Pendant toute la scène, on entend une ritournelle aigrelette qui fera le tour du monde. A gauche de l’écran, un homme avec un sac de voyage s’est posté, appuyé sur une petite carriole qui traîne là. Le suspense est total. Que veut-il donc ? Il attend qu’arrive à lui une silhouette qui vient de l’horizon et qui, peu à peu, grandit. C’est celle d’une femme – la femme qu’il aime secrètement. Elle approche, elle a une classe folle, un sac en bandoulière, un chapeau clair à large bord orné d’un ruban sombre, des boucles brunes dans le cou, un manteau trop long comme en portaient les réfugiées à la fin des années 40, et elle avance. Minute d’éternité pour le personnage masculin. Va-t-elle lui adresser la parole, lui pardonner d’avoir laissé tuer son amant ? Non, elle presse le pas, passe devant sans lui jeter un regard, puis disparaît à jamais par la droite de l’écran. L’homme a reçu ce mépris en pleine figure. Il n’a pas bougé, pas soufflé mot. Il sort un paquet de sa poche et allume lentement la cigarette de la solitude.

    C’est le dernier plan du Troisième Homme de Carol Reed (grand prix du Festival de Cannes en 1949) : il est beau, il est fatal, il ne finira jamais. Lui, c’est Joseph Cotten, elle, Alida Valli, et c’est sublime. ».

    Et voici cette minute 38… Un final comme on n'en ose plus !

  • Terminator Renaissance de McG °°

     Christian Bale, McG dans Terminator Renaissance (Photo)

    En 2003, Marcus Wright est condamné à mort et exécuté par injections létales parce qu’il est coupable.

    Coupable de quoi ???

    Oula, doucement, on se calme et on boit frais à St Tropez ! Merci.

    Avant de clamser il embrasse sur la bouche le Docteur Serena Koogan en lui disant : « alors, ça a ce goût là la mort ? », ce qui n’est pas très civil vu que la Serena est en phase terminale de cancer.

    En 2018, John Connor n’est plus un petit garçon qui veut sauver sa maman, mais un grand gaillard « résistant » de 34 ans en costume de militaire plein de poussière qui fait une guerre post-apocalyptique aux robots de Skynet dans le désert irakien ou approchant. Il est chargé de savoir si Marcus (oui, oui celui qui est mort au début) qui réapparaît avec un manteau de nazi est là pour tuer son père Kyle Reese qui, en 2018 n’est encore qu’un ado… normal vu qu’il ne va rencontrer sa mère qu’en 1984 !

    Si vous ne suivez pas c’est pas faute d’avoir essayé d’expliquer. John Connor ne s’appelle pas John Resse parce qu’il va prendre le nom de sa maman, pour embrouiller les pistes des cyborgs.

    Bon, je reessaye.

    Alors que vous étiez à peine nés, en 1984, Shwarzinator déboulait sur terre et sur grand écran nu comme un ver et c’était bien beau. Arnold n’avait encore été « que » Mister Univers, starlette sur la plage de Cannes, (dé)Conan le Barbare et ne se prenait pas encore pour Ronald Reagan. Le film était vraiment beau et surprenant avec de grands sentiments et de beaux dialogues dedans. Exemple :

    - « Sarah Connor ?

    - oui !

    - pan ! ».

    ça le fait non ?

    ou encore :

    - « I’ll be back ».

    Aaaaaaaaah ! on savait faire des films en ce temps là !

    John Connor n’était donc pas né. Puis dans le II, il était tout minot sous les traits du croquignolet Edward Furlong et aujourd’hui c’est donc (bonne idée !!!) Christian Bale (caractériel à la ville, sex bomb, chauve-souris, super héros, sauveur du monde à l’écran) qui s’y colle.

    Le pauvre !

    Cet épisode se réduit en une assourdissante, assommante et tapageuse suite de combats entre l’homme et des machins en ferraille qui, suivant les besoins du (heum heum !) scénario sont invincibles comme un T 800 ou plus fragiles qu’un fétu comme un T 600. Ça pète, ça gronde, ça tonitrue et Christian/John, increvable, qui s’emmerde en direct live sous nos yeux ébahis se prend plus au sérieux que s’il jouait Hamlet. Tout le film qui manque de fond, de forme, d’humour… qui manque de tout mais jamais du fracas des armes, bombes atomiques ou pas et autre déboulonnages de robots sera sans aucun doute le plus patapouf de l’année. Il nous laisse épuisés et atterrés en présence de John Connor adulte et de son père Kyle Reese ado, sans aucune explication ni cohérence sur cette aberration spatio temporelle.

    Mais que fait Sarah Connor ???

  • Ne te retourne pas de Marina de Van *

     Sophie Marceau, Marina De Van dans Ne te retourne pas (Photo) Monica Bellucci, Marina De Van dans Ne te retourne pas (Photo) Monica Bellucci, Sophie Marceau, Marina De Van dans Ne te retourne pas (Photo) 

     

    Tout fout le camp le jour où Jeanne, écri-vaine, se fait rembarrer par son éditeur qui lui affirme que son roman est mauvais. A partir de ce jour cruel, Jeanne constate que son appartement se transforme. Les meubles changent de place, les pièces se modifient, son mari et ses enfants changent d’apparence et Jeanne elle-même commence à se transformer physiquement. Personne ne semble s’apercevoir de rien et Jeanne a l’impression de devenir folle.

    Ce film a frolé la bulle et puis finalement l’indulgence a le dessus car même s’il compte une interminable demi-heure de trop (ce que ça peut être long une demi-heure), l’idée est tellement géniale, les effets spéciaux tellement incroyables et Sophie Marceau tellement merveilleuse (pourtant toujours affublée de son horrible "balayage piano" de LOL !) que je ne peux décidément pas tout jeter à la poubelle… Cela dit, si la première partie démontre (enfin !) ou plutôt nous rappelle quelle bonne actrice est notre Sophie, tout se barre en sucette dans une deuxième partie (la faute à Monica ???) qui hésite entre drame familial et épouvante pour finir dans une résolution un peu/beaucoup pathogène… mais bon, il fallait bien conclure. La réalisatrice semble nous dire (si j’ai bien compris) que ce n’est qu’en comprenant et en se libérant de son enfance (et du traumas qui va forcément avec) que l’on peut avancer. Pour y arriver, elle cherche à nous faire sursauter, sans y parvenir (ce qui est un exploit me concernant J ) en multipliant les grincements de violon, comme si les images et la bonne interprétation de Sophie ne suffisaient pas. Avant qu’elle ne soit complètement Monica, Sophie reste elle aux trois quart (la voix, le bas du visage)… ce qui est ni plus ni moins que monstrueux mais fascinant à regarder. On cherche réellement ce qui appartient à l’une ou à l’autre et comme Marina de Van aime rien tant que torturer les corps, elle les couvre toutes les deux de plaies, de bosses, de cicatrices et présente même pendant un temps une Jeanne/Monica plus repoussante que Quasimodo.

    Film étrange, oui, mais sans grand intérêt, sauf celui de se demander, en qui préférerais-je me transformer ?

    En Sophie, sans hésitation.

  • Ils mourront tous sauf moi de Valeria Gaia Germanika ***

     Agnia Kuznetsova, Olga Shuvalova, Polina Philonenko, Valéria Gaï Guermanika dans Ils mourront tous sauf moi ! (Photo)

    Katia, Vika et Janna sont en seconde dans un lycée de la banlieue morose et pas rose de Moscou. On semble loin de la sublime, lumineuse, brillante et toute dorée Place Rouge. Y’a rien qui ressemble plus à une HLM de banlieue qu’une autre HLM de banlieue quel que soit l’endroit de la terre où l’on se trouve apparemment. Les trois jeunes filles sont amies à la vie à la mort, d’ailleurs un jour où elles sont encore plus complices que jamais, elles font le pacte de s’aimer toujours, au moins jusqu’à ce qu’elles soient adultes.

    Ah si seulement tous les adultes pouvaient crever !

    Il faut dire que question géniteurs elles sont servies… Entre celle qui se fait battre par ses parents sans raison, une autre dont les parents se foutent complètement et une troisième qui les mène par le bout du nez, elles n’ont pas vraiment de modèle qui leur donnerait envie de grandir.

    Mais à quoi peuvent bien rêver les jeunes filles russes du troisième millénaire ? d’amour et d’ivresse ! Une petite semaine les sépare de la grande soirée du lycée et c’est cette nuit là que tout va changer, basculer. L’une va faire l’amour pour la première fois (expérience effroyable et catastrophique), une autre va connaître sa première cuite et s’approcher du coma, la troisième va fumer son premier pétard ! Leur amitié ne va pas beaucoup résister.

    Sauvage et cinglant, parfois cruel voire cru, on a du mal à croire que quoi que ce soit dans ce film est feint ou « joué ». Les trois jeunes filles, superbes et d’une spontanéité rare sont suivies de très très près par leur très jeune réalisatrice (23 ans, elle sait encore de quoi elle parle). On est loin des ados ronchons insupportables, agaçantes et soupirantes des teen-age movies français ou américains auxquelles les « vieilles » de mon âge n’arrivent jamais à s’identifier, dans lesquelles les mêmes vieilles ne parviennent jamais à se reconnaître, comme si elles avaient oublié qu’elles avaient été jeunes un jour... Et pourtant celles-ci sont bel et bien des petites jeunes filles d’aujourd’hui qui vont devenir adultes dans ce monde de brutes ! Et pour une fois, on comprend, on compatit, on leur souhaite tous les bonheurs du monde. C’est pas gagné…

  • Etreintes brisées de Pedro Almodovar ****

     Penélope Cruz, Pedro Almodóvar dans Etreintes brisées (Photo) Penélope Cruz, Pedro Almodóvar dans Etreintes brisées (Photo) Penélope Cruz, Pedro Almodóvar dans Etreintes brisées (Photo)

    Dans un violent accident de voiture, Mateo Blanco perd à la fois la vue et la femme qu’il aime. La tragédie est double pour cet homme car que peut-il arriver de pire à un réalisateur de cinéma que de devenir aveugle ? Cela se passait il y a 14 ans et depuis, sous le pseudonyme d’Harrry Caine, Mateo écrit des scenari.

    Un jour, Harry/Mateo entreprend de raconter au jeune Diego, le fils de sa directrice de production qui veille sur lui (et réciproquement…) de lui retracer dans le détail l’histoire de son amour, de sa passion pour Lena et pour le cinéma.

    Comment parler d’un film dont la dernière réplique est « L’essentiel pour un film n’est pas qu'il sorte en salle mais de le terminer » ?

    Depuis longtemps, Pedro le Grand nous a habitués à nous embarquer dans son univers, nous bercer, nous enflammer, nous conquérir et parfois même nous dévaster le cœur. Une nouvelle fois, il nous emmène au bord du précipice et des ravages de la passion qui peut faire commettre les pires horreurs, mais aussi il parle des sentiments plus forts que tout, de l’amour, de la douleur, du chagrin, des erreurs irrémédiables, du poids de la culpabilité, du bonheur si éphémère et de la faculté admirable que certains ont, comme souvent chez Pedro, de pardonner… Plus que jamais, comme délivré de son « incurable » fantaisie débridée, il parle de la vie et de l’amour avec une force, une mélancolie, une langueur infinies qui font de ce film, son meilleur, le plus grand, le plus beau.

    Ce film est un vertige comme je les aime et une extase aussi.

    Le scénario en béton armé est un monument de perfection. Toute la tension dramatique qui ne faiblit jamais jusqu’à l’ultime bobine est filmée avec une maîtrise, une maestria qui font de ces "Etreintes brisées", en plus de l’intérêt constant qu’on porte à l’intrigue palpitante, un objet d’une beauté sans nom.

    On ne dira jamais assez à quel point on reconnaît le « style », les couleurs, les lumières, les thèmes, les sons « almodovariens », et pourtant ce film à part, est comme un sommet, une apothéose. Sans doute parce qu’il est aussi la déclaration d’amour d’un cinéaste/cinéphile au cinéma. Tous les hommages que le réalisateur rend ici au Septième Art donnent le frisson : de l’énumération des DVD classés dans une dvthèque à la scène où Lena (Penelope Cruz, ÉTOURDISSANTE !) sanglote de voir Ingrid Bergman pleurer dans le film de Rossellini « Voyage en Italie », à cette autre où déjà aveugle, le réalisateur demande : « je veux entendre la voix de Jeanne Moreau » avant de « regarder » « Ascenseur pour l’échafaud », jusqu’au fait (GÉNIAL) du tournage du film dans le film et du tournage du making-off sur le tournage du film dans le film !!!

    Vertigineux, je vous dis… mais totalement maîtrisé, limpide, sombre et lumineux. C’est comme si Almodovar déroulait devant nous tous les méandres tortueux d’un labyrinthe dont on se dit, incrédules, qu’il est tellement complexe que sa résolution va décevoir, forcément. Et puis, tout s’explique, se justifie, se pardonne, ou presque… Et l'on reste ébahi et désemparé et l'on goûte jusqu'à la dernière note et le dernier mot du générique pour ne pas quitter encore la sensation qu'a laissée la dernière image extraordinairement apaisée.

    C’est Lluis Homar, mélange de Laurence Olivier et de Vittorio Gassman qui est le réalisateur aveugle, amoureux, cinéphile. Il est parfait.

    Mais que dire de Penelope Cruz ? Après tout ce que j’ai lu sur elle et surtout la façon qu’elle a de parler d’Almodovar, comme étant sans doute l’homme le plus important de sa vie, son père, son mentor, sa boussole, son inspirateur, celui contre lequel elle se blottit pendant les tournages, celui qui l’aime et la protège, je m’étais mise à l’aimer, comme je l’avais aimée dans « Tout sur ma mère » et « Volver », avec admiration et envie. Et puis je l’avais trouvée exécrablement insupportable à Barcelone...

    Et puis là, magie du cinéma, magie de Pedro… Penelope est une actrice phénoménale qui capture l’écran tout entier et le spectateur aussi. Dès qu’elle disparaît de l’image ou de l’histoire, elle manque, elle laisse un vide que rien ne peut combler que le souvenir ou l’espoir de la revoir. Et elle revient, encore et encore… Et Pedro s’empare d’elle et surtout de toutes les émotions qu’elle est capable d’exprimer, c’est-à-dire de toute la palette d’émotions dont un être humain est capable, de la joie à la douleur, en passant par le dégoût sans oublier de lui permettre quelques scènes de comédie et aussi de la faire « jouer mal » pour les besoins du film. La voir est fascinant, mystérieux et éblouissant.

    Il faut que Penelope et Pedro se retrouvent et ils formeront sans doute un des couples de cinéma les plus mythiques qui soit.

    En attendant, ce film admirable doit faire partie de toute cinéphilie digne de ce nom.

    Mais que ces « Etreintes brisées » soient reparties bredouilles de Cannes est totalement inconcevable.

  • Sois sage de Juliette Garcias ***

     Anaïs Demoustier, Bruno Todeschini, Juliette Garcias dans Sois sage (Photo) Anaïs Demoustier, Juliette Garcias dans Sois sage (Photo)

    Nathalie qui veut qu’on l’appelle Eve commence un nouveau boulot de livreuse de pain dans la campagne profonde et bourguignonne. Très vite, on s’aperçoit qu’elle ment à tout le monde et peut-être aussi à elle-même. Elle s’invente un « fiancé » qui n’est jamais ni jamais tout à fait le même, ni tout à fait un autre, selon qu’elle change d’interlocuteurs. Tantôt il l’attend en Angleterre, tantôt il est mort dans un accident de voiture, ou marié et ne peut la voir comme il le souhaiterait, ou il lui offre des chemisiers qu’elle doit porter pour penser à lui… Tout est étrange dans son comportement. Sa façon de surveiller ce couple et ce bébé en se cachant dans la forêt. Son habitude de ne pas répondre aux questions ou de ponctuer ses dérangeantes réponses d’un sourire lumineux et irrésistible. Jusqu’à ce que l’homme qu’on aurait pu croire inventé de toute pièce apparaisse. Peu à peu, on se met à comprendre pourquoi Nathalie/Eve est si seule, tellement bizarre, pour ne pas dire complètement dérangée.

    Alors qu’on se met de plus en plus à imaginer les pires choses, c’est le plus abominable des crimes qui va nous être révélé !

    L’étonnante réalisation bercée parfois par un concerto pour piano à quatre mains de Schubert (je crois), que des bruits angoissants ou de longs silences viennent interrompre est à la fois élégante et oppressante. La réalisatrice développe un travail étonnant sur les sons, les couleurs, les lumières et les matières qui confère à l’ensemble un paradoxe incroyable entre la beauté, la douceur, la chaleur qui règnent dans la campagne environnante et la noirceur du drame qui se dessine peu à peu. Certaines scènes sont à la limite du soutenable : la manucure spéciale de Eve, les scènes avec le bébé, l'ultime rencontre entre deux personnages...

    Bruno Todeschini me semble faire preuve d’un véritable courage pour interpréter avec finesse, sobriété et ce qu’il faut d’ambiguïté le rôle d’un homme à ce point haïssable.

    Inconfortable et perturbant, ce premier film de la réalisatrice est portée par une toute jeune actrice, Anaïs Demoustier, qui garde encore sur le visage les taches de rousseur et les joues rondes de l’enfance. Elle fait pourtant preuve d’une étonnante maturité pour interpréter cette fille perdue à cause de l’amour ou plutôt des prétendues preuves d’amour les plus inconcevables et inadmissibles qui soient. Elle est extraordinaire, pure, dure, fragile et inquiétante, bouleversante.

  • Looking for Eric de Ken Loach ***

     Eric Cantona, Steve Evets, Ken Loach dans Looking for Eric (Photo) Eric Cantona, Steve Evets, Ken Loach dans Looking for Eric (Photo)

    Tout fout le camp dans la vie d’Eric Bishop : sa femme l’a quitté il y a de longues années par sa faute, sa fille élève seule son enfant et lui reproche de ne pas être assez présent et ses deux beaux-fils frôlent la délinquance. Eric sombre peu à peu dans la dépression malgré le soutien de ses copains postiers.

    Un soir de « fumette » un peu plus intense, Eric se met à parler comme souvent au poster du Dieu Cantona qui trône dans sa chambre… mais cette fois le poster répond et mieux encore : Eric Cantona en personne apparaît et va aider l'autre Eric à s'en sortir en prodigant de précieux conseils...

    Ça se passe à Manchester et c’est du Ken Loach, donc évidemment on n’est pas chez les bourgeois et le réalisateur n’a pas besoin de grands discours pour décrire la réalité et le quotidien pas rose.

    Mais qui aurait cru qu’un jour sur ce blog je crierais :

    « HOURRAHHH CANTONA !!!* ».

    Ce jour de gloire est arrivé pourtant.

    Qui aurait cru qu’il était possible de sortir d’un film de Ken Loach avec une pêche d’enfer, un sourire jusque là ? Qu’un film de Ken Loach pourrait se conclure comme une comédie romantique américaine ?

    Pas moi. Et c’est pourquoi je vous encourage vivement à voir ce film très drôle, très émouvant, plein de bonnes surprises, de suspens, de frayeurs, d’amour, de violence, de facilité aussi… mais on s’en fout. C’est le plaisir qui compte et ici il est infini à plusieurs niveaux. En tête : l’interprétation sans faille du premier au dernier rôle. Evidemment Steve Evets est formidable mais Cantona est sensationnel.

    S’il est très drôle de voir les copains se mettre en quatre pour tenter de redonner le moral à leur copain en essayant de le faire rire, ce sont les aphorismes solennels de Canto qui emportent tout. Comment résister quand il affirme avec son inénarrable accent :

    « Je ne suis pas un homme…

    Je suis Cantona » ?

    Mais j’en ai retenu quelques autres spécialement pour vous :

    « La plus noble des vengeances c’est de pardonner. »

    « Quand on sait faire du vélo, on le sait à vie ».

    « Le rock’n’roll, ça ne s’oublie pas ».

    « Les femmes sont le plus grand mystère des hommes ».

    « Celui qui sème des chardons récoltera des épines ».

    Je trouve ça tordant.

    D’autant que s’il est rare qu’un ancien acteur devienne champion sportif de haut niveau, il est évident qu’Eric Cantona a parfaitement choisi sa reconversion et qu’il l’a déjà prouvé. Ken Loach rend un superbe hommage à son idole et les footeux pourront se régaler à revoir ses plus beaux buts qu’Eric décortique avec fougue. On lui sait gré aussi de nous remettre en mémoire cette my(s)thique conférence de presse où Cantona a conclu par un « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer », puis a planté là les journalistes sans autre explication.

    C’est pour ça qu’on l’aime et que quand il prône la solidarité et de ne pas jouer perso, on a envie d’y croire.

    Pour finir, mais je ne vous en dirai pas plus car la surprise est de taille… le dernier quart d’heure ou « Opération Cantona » est une apothéose, hilarant, vraiment à mourir de rire.

    Rien que pour ce quart d’heure là, si le reste ne vous convainc pas, pour l'entendre pontifier et le voir faire son footing (grande classe), il faut vous ruer en salle voir ce film résolument optimiste, relever votre col et crier :

    « HOURRAHHHH CANTONA !!! *».

     

     

    * OOOH AAAAHHH pour les puristes

    (j'veux pas d'ennuis avec les Hooligans moi)...

  • Je suis back again

     … et comme chaque fois que je go away, il va me falloir un peu de time pour reprendre contact avec la réelle reality… You sais what je mean ! C’est pas que je veux faire mon aware JCVD à tout price… mais 10 days à speaker anglais, ça laisse des traces.
    J’étais là, dans this room with a view et comme vous avez été très sages en mon absence (merci pour vos messages et commentaires), je vous permets de regarder. Look :
    DSCI0056.JPG

    Alors forcément, vous unsdertandez ce que j’ai vécu ! Se réveiller chaque matin dans cette room with this spectacular view, il ne faut pas des siècles pour s’habituer. J’ai adoré l’In Glande que je ne connaissais pas même si j’ai vécu à quelques encablures de ses côtes pendant des années. Moi, la mer du Nord et la Manche, ça me rend crazy de n’importe quel side du channel que je me trouve !
    En vrai, j’étais dans le Kent et à 20 mètres de ma maison du Kent, il y avait la maison de Ian Flemming. Oui madame, le papa de James Ôoooo James !!!
    Le seul truc qui me gêne c’est que j’ai pu que tremper mes jambes et que quand je suis ressortie, elles étaient bleu marine…. Pourtant, c’était big blue non stop et j’ai même eu chaud !
    Je voulais vous faire un petit reportage cinématographique mais même in London, les cinémas ça court pas les streets. Donc j’ai fait avec les moyens du bord (avec en prime quelques photos couleurs locales et une du "Gros Ben" qui s’est mis à sonner pile poil à one o’clock) Tu peux cliquer là si tu veux.

    DSCI0055.JPG

    Bon, je ne vais pas vous raconter mes vacances, ça ferait désordre mais j’ai vu : les côtes du Kent, les white cliffs, Canterbury, Rye, London (twice) partout où il faut aller quand t’es un touriste et surtout le must plus ultra : Camdem Rock (merci Dada), Brighton, Folkestone, Leeds Castle et j’en oublie. Ce que j’ai le moins aimé c’est Brighton qui ressemble à Las Vegas mais c’est quand même là que j’ai vu, entendu, vécu un concert de l’Ange Antony alors que c’était sold out mais que deux personnes ont téléphoné pour dire qu’elles ne viendraient pas et que du coup on a eu deux places. Dans une salle magique « The Dome ». C’est indescriptible, sa voix, ses mélodies devant une audience conquise et énamourée. Antony c’est donc bel et bien toujours un ange, toujours aussi bouleversant, drôle et attachant, mais ses Johnsons ne sont pas des manchots non plus. Un pur moment de magie.


    Je suis de mauvais poil car le premier choix de film que j’ai fait s’est révélé être une totale aberration… et que même je suis sortie au bout d’une heure de calvaire… ce qui ne m’est arrivé que 3 ou 4 fois dans toute ma vie cinéphilistique !
    Je suis allée voir « Vengeance » de Johnnie To avec Jauni Hollidays. Et what a fuck ! je ne sais pas ce que je leur ai fait aux Johnnies pour qu’ils se vengent comme ça, mais j'ai pas dû faire dans la dentelle de Calais. En tout cas, ce que je leur ai fait : j’ai forgotten. Bon, je vous mets le résumé d’Allociné, ça m’évite de me creuser trop profond le ciboulot à en faire un beau personnalisé. Vous noterez que c’est la première fois que je fais ça :
    « Un père vient à Hong Kong pour venger sa fille, victime de tueurs à gages. Sur son passeport est marqué "cuisinier". 20 ans plus tôt, il était un tueur professionnel ».

    Bon, ok, c’est le genre de synopsis qui tient sur un ticket de métro mais ce n’est pas ce qui est gênant. Y’a pas besoin de faire compliqué pour faire bien. En plus, en lisant mieux, dans ce résumé là, on dirait que sa fille est morte, alors que pas. C’est son mari, un bridé, et ses moutards qui se sont fait refroidir. Donc, comme c’est une teigneuse cte fille, elle crie (pas fort vu qu’elle peut plus parler, vu qu’elle s’est quand même ramassé une balle dans le buffet) : «vengeaeaeaeaeance !!!» et le père (Johnny, MDR !) dit « banco ma biquette, ne worry plus, papa est là ». Comme si la vengeance, ça ramenait les morts. N’imp’.
    Well, le premier qui me dit « mais pourquoi tu es allée voir « ça » ? », je lui answer « parce que j’aime Johnnie To en particulier, le cinéma asiatique en général et réciproquement, et aussi Anthony Wong Chau-Sang (laisse tomber, c’est un acteur, tu peux pas comprendre) et les histoires de couillus qui se mettent sur la tronche au ralenti avec des musiques de western spaghetti etc… ». Cte bonne blague.
    Alors oui, c’est beau comme du To, lyrique, avec des belles couleurs étou, de la nuit, du jour, des lumières... et même des picnics en pleine nigth avec les truands, leurs femmes et leurs moutards complètement tarés... mais qu’est-ce que c’est chiant et qu’est-ce que c’est con, que presque (j’ai bien dit PRESQUE) ça ferait passer le film que j’ai vu juste avant de partir pour un chef d’œuvre dis donc !
    Le film que j’ai vu avant et que je n’ai pas eu le temps d’en parler c’est « Anges et Démons » avec Tom Hanks refait à neuf de la cave au grenier, impressionnant ! Matez un peu comme il a l'air crâne :


    Mais revenons-en à notre vengeance de caca boudin. Même Anthony Wong Chau-sang (à tes souhaits) est presque mauvais ici, alors que d’habitude c’est plutôt un grand.
    Mais le summum du top du top, c’est quand même et nonobstant notre Johnny à nous, qui pourtant m’avait fortement impressionnée et à juste titre dans «L’homme du train» tourné à Annonay jte ferai dire s'il vous plaît (j'ai déjà parlé d'Annonay non ? Noooon ?). C’est vrai qu’on ne peut pas vraiment dire que le To se soit trompé dans son casting, vu que l’idole des anciens djeuns est censé interpréter un tueur à gages hiératique (ça veut dire majestueux et solennel). Tu parles d’un rôle de composition ! Le Johnny il peut plus bouger une oreille sans se faire péter les coutures dis donc. Même quand il court (au ralenti), sa peau elle bouge pas. Trop fort. Ses lèvres ressemblent à des pneus Michelin (ou Good Year, je suis pas regardante) et ses eyes délavés à l'eau de javel à deux poissons morts. Ce qui fait que son nez au milieu de tout ce carnage est comme une grosse patate boursouflée. Apparemment, en chirurgie ils font pas la peau du nez. J'étais hypnotisée par la contemplation du landscape du visage de Johnny qui a manifestement dû servir de punching ball d'entraînement à Mickey Rourke. C'est sans doute ce qui m'a fait passer totalement à côté de ce beau film (comme disent certains) et sortir de la salle au bout d'une heure. Mais que voulez-vous, c'est comme au musée en fait, quand vous êtes devant une croute, au bout d'un moment, vous passez à la suivante non ? Alors next ! Ah mais j'allais oublier ! Sa couleur de cheveux !!! Je n’aurais qu’un mot : LOL. Je ne savais même pas que ça existait cette couleur : fond de bouteille de vinaigre balsamique. Et puis, il ne sait pas parler Johnny, dès qu’il l’ouvre, j’avais le fourire qui me reprenait. Ah oui ! J’oubliais encore ! Le costard : on dirait l’Inspecteur Gadget : petit trench trop court et chapeau grotesque.
    Moi je dis, le Johnny là, il n’est pas loin du ridicule !

    (pardon à Antony Girarty pour cette proximité :-)

    Faites excuses, mais moi, je replonge :

    DSCI0073.JPG
    See you later !