La vie des autres de Florian Henkel Von Donnersmark *****
RDA 1984. Employé de la Stasi la police secrète d’Etat, Wiesler (Ulrich Mühe : fascinant) est chargé d’enquêter sur un couple d’intellectuels suspects alors qu’ils ne sont même pas (vraiment) opposants au régime. Peu à peu l’enquêteur semble s’attacher au couple.
Instantanément, dès la première scène, magistrale, on est captivé. Il s’agit d’un interrogatoire dans des sous-sols sordides. Pas de torture ici, la violence est uniquement psychologique, mais tout aussi insoutenable. Ensuite on quitte cet endroit. On y reviendra bien plus tard… L’intérêt va croissant. Le suspens, l’atmosphère, tout est solide et captivant
Ce film parfait est un premier film. La reconstitution, les couleurs froides (on se croirait parfois dans « Brazil »), la mise en scène, l’intensité de l’histoire passionnante de la première à la dernière minute… oui justement la dernière minute : ultime sommet de perfection, tout ici est soutenu et maîtrisé. C’est aussi romanesque et bouleversant tout en restant sobre et objectif. Une réussite exemplaire qu’il va être difficile de surpasser cette année.
Cette vie des autres aurait pu s’appeler « Sonate pour un homme bon »… et l’homme bon, on le découvre à la toute dernière seconde où dans un dernier plan fixe, le réalisateur nous livre le visage enfin apaisé, voire rayonnant d’un homme soulagé, pardonné qui avait hanté le film d’une interprétation quasi hypnotique au regard vide, mort ! Un moment fabuleux.
« Celui qui sauve un homme, sauve le monde ». Encore une fois on vérifie cette phrase du Talmud. Encore une fois on voit que c’est par l’amour que l’homme froid, cruel, implacable peut devenir bon. L’acteur Ulrich Mühe qui s’ouvre à l’art puis à des sentiments méconnus de lui (l’amour, la compassion…) atteint par son interprétation extraordinaire des sommets insoupçonnés. Le reste du casting est pratiquement de ce niveau avec une interprétation exemplaire, notamment d’Ulrich Tukur, exceptionnel.
Une réussite totale. Un choc !