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Sur la Route du Cinéma - Page 531

  • La vie des autres de Florian Henkel Von Donnersmark *****

     

    RDA 1984. Employé de la Stasi la police secrète d’Etat, Wiesler (Ulrich Mühe : fascinant) est chargé d’enquêter sur un couple d’intellectuels suspects alors qu’ils ne sont même pas (vraiment) opposants au régime. Peu à peu l’enquêteur semble s’attacher au couple.

    Instantanément, dès la première scène, magistrale, on est captivé. Il s’agit d’un interrogatoire dans des sous-sols sordides. Pas de torture ici, la violence est uniquement psychologique, mais tout aussi insoutenable. Ensuite on quitte cet endroit. On y reviendra bien plus tard… L’intérêt va croissant. Le suspens, l’atmosphère, tout est solide et captivant

    Ce film parfait est un premier film. La reconstitution, les couleurs froides (on se croirait parfois dans « Brazil »), la mise en scène, l’intensité de l’histoire passionnante de la première à la dernière minute… oui justement la dernière minute : ultime sommet de perfection, tout ici est soutenu et maîtrisé. C’est aussi romanesque et bouleversant tout en restant sobre et objectif. Une réussite exemplaire qu’il va être difficile de surpasser cette année.

    Cette vie des autres aurait pu s’appeler « Sonate pour un homme bon »… et l’homme bon, on le découvre à la toute dernière seconde où dans un dernier plan fixe, le réalisateur nous livre le visage enfin apaisé, voire rayonnant d’un homme soulagé, pardonné qui avait hanté le film d’une interprétation quasi hypnotique au regard vide, mort ! Un moment fabuleux.

    « Celui qui sauve un homme, sauve le monde ». Encore une fois on vérifie cette phrase du Talmud. Encore une fois on voit que c’est par l’amour que l’homme froid, cruel, implacable peut devenir bon. L’acteur Ulrich Mühe qui s’ouvre à l’art puis à des sentiments méconnus de lui (l’amour, la compassion…) atteint par son interprétation extraordinaire des sommets insoupçonnés. Le reste du casting est pratiquement de ce niveau avec une interprétation exemplaire, notamment d’Ulrich Tukur, exceptionnel.

    Une réussite totale. Un choc ! 

  • Goran Bregovic

     

    Lui, est capable de me faire faire 400 kms dans la soirée pour le voir, l'écouter et vivre trois heures durant avec sa bande de furieux, au moins quarante personnes sur la scène (l'Orchestre des Mariages et des Enterrements, Le Choeur (divin) des voix Bulgares et ses poupées serbes qui tirent les larmes avec leurs plaintes déchirantes) un concert à chaque fois renouvelé, à chaque fois inoubliable.

    Serbe et croate, Goran fouille ses sonorités dans les Balkans et mélange une fanfare tzigane, des polyphonies traditionnelles, SA guitare, des percussions traditionnelles aux accents rock. Le rythme est endiablé, les voix du choeur des hommes font frémir...

    Le corps tout entier ne résiste pas car c'est plein de bruit et de ferveur, c'est Goran dans tout son éclat. C'est classique, féerique, magique, c'est flonflon et rock and roll, frémissant.

    Encore quelques dates en France :

    • le 30 mars à Sable Sur Sarthe (72),
    • le 31 mars à Eysines (33),
    • le 7 avril à Angoulême (16),
    • le 21 avril à Paris.


    Ne le ratez pas vous serez conquis !

  • SNOW CAKE de Marc Evans ***

    Alex prend Vivienne en stop un peu à contre coeur. Il est plutôt introverti (dans le sens « foutez-moi la paix »), elle est franchement extravertie (dans le sens irrésistible). Chemin faisant ils sympathisent. Un camion percute la voiture. Alex s’en sort sans une égratignure alors que Vivienne meurt. Alex, ravagé de culpabilité, souhaite rencontrer la mère de Vivienne. Il découvre qu’elle est autiste.

     

    En l’écrivant, je m’aperçois ce que ce résumé peut avoir de sirupeux et qu’il en effraiera plus d’un. Or, je me suis laissée cueillir par cette histoire douce et simple, pleine d’humanité et non, comme on pourrait le craindre, de bons sentiments à côté de la plaque. Il faut dire que malgré ce rôle à Oscar, Sigourney Weaver reste toujours tout à fait réaliste et crédible dans son interprétation de femme impassible qui vit dans une sorte de monde parallèle. Il faut dire surtout qu’elle a en face d’elle Alan Rickman qui donne par sa subtilité, son charme et son humour un peu désenchanté tout son sens au mot sensibilité. Il est magnifique.

     

    Par ailleurs, il est à noter que le réalisateur ne vient pas chercher notre émotion à tout prix en nous gavant de scènes indigestes accompagnées de grands violons larmoyants : pudeur et retenue sont de mise. Cela dit il n’est pas forcément inutile de se munir de quelques kleenex… L’exploit de ce beau film est aussi qu’il reste en mémoire le visage rayonnant de la jeune Vivienne (Emily Hampshire : qu’elle revienne vite !), sorte de petite Zoui-Bubble pleine d’élan…

  • Molière de Laurent Tirard **

    1644 – Molière n’a que 22 ans. Il est criblé de dettes et poursuivit par ses créanciers. Il disparaît mystérieusement pendant plusieurs mois. C’est cet épisode méconnu de sa vie qui nous est conté. Cette période il l’a passera chez Monsieur Jourdain, bourgeois gentilhomme comme il se doit, où il rencontrera Elvire, Dorante, Henriette, Agnès etc… et trouvera la matière de ses plus célèbres personnages et de ses plus percutantes répliques !

    Curieux film qui commence par être décevant et réussit peu à peu insidieusement, voluptueusement à instiller son charme et à procurer finalement un vrai plaisir ! Au final, c’est cultivé, intelligent, léger et plein d'énergie. On a l’impression d’assister à une piècede théâtre à l’air libre, c’est un régal.

    Quant au casting, (exceptée Ludivine Sagnier, pas précieuse mais franchement ridicule) le plaisir que tous les acteurs prennent à déguster, digérer puis nous servir leurs réparties est communicatif.

    Edouard Baer en pédant opportuniste est savoureux. Fabrice Luchini est un Monsieur Jourdain grotesque à souhait dont la carapace se fissure peu à peu. Laura Morante est belle, douce, touchante, adorable. Et évidemment Romain Duris endosse, comme chacun de ses rôles, celui de Molière avec sa fougue, son exaltation. Il est épatant en acteur comique qui rêve de tragédies.

    Néanmoins, Molière au cinéma, pour moi, ce sera toujours LUI !

  • Blood Diamond d’Edward Zwick **

    1999 – Sierra Leone. Danny Archer, mercenaire trafiquant de diamants en Afrique, entend parler d’un diamant rose d’une inestimable valeur caché par un pêcheur local. Il est prêt à tout pour retrouver, aidé de Solomon le pêcheur, ce diamant qui lui permettrait de quitter le pays.

    Bien qu’émaillé de gros clichés : les américaines rêvent TOUTES d’avoir un gros diamant au doigt, les africains rêvent TOUS d’être le bras armé de causes plus ou moins sombres. Bien que l’histoire d’amour (heureusement secondaire), comme souvent dans ce genre de films, aussi incongrue que ridicule (comme peut-on admettre un instant qu'une femme puisse tomber amoureuse du pire salaud qu'elle prétend combattre ???) déboule comme un cheveu sur la soupe dans ce chaos, ce grand film d’aventures ne relâche ni la tension, ni les rebondissements, ni l’action.

    Mais c’est aussi un grand film d’action engagé qui dénonce :

    • les trafics de diamants qui servent au financement des guerres (il y en aurait 11 en Afrique) pour l’achat des armes,
    • l’enrôlement et le martyre des enfants-soldats (il en resterait actuellement 200 000 en Afrique),
    • le rôle des occidentaux dans ces carnages…

    Du coup, malgré la mauvaise conscience qui peut/doit encore travailler notre statut d’occidental, malgré la stupeur face à toutes ces horreurs perprétées à la connaissance de tous, il est difficile de se positionner et de « choisir » entre divertissement et indignation.

    Jennifer Connely, jolie poupée de porcelaine aux yeux myosotis, est aussi vraisemblable en baroudeuse humaniste que moi en Belle au Bois Dormant. Entourée d’hommes belliqueux armés jusqu’aux dents en pleine brousse elle n’abandonne jamais ses décolletés jusqu’au nombril : une vraie gravure de mode !

    Djimon Hounsou, quant à lui, enfin doté d’un vrai beau et grand rôle ne joue pas le faire-valoir de Léo. Il tient une place solide. Emporté dans la tourmente pour retrouver sa famille, il est crédible, obstiné et émouvant.

    Le plus réjouissant finalement est de voir, Leonardo Di Caprio, parfait en aventurier égocentrique qui ne renonce à aucune tricherie pour parvenir à ses fins, violent, insensible, enfin adulte, pas forcément sympathique, gravir film après film les échelons d’interprétations de plus en plus affûtées, complexes et assez prodigieuses, quoique toujours "christiques"... Un Oscar ?

    P.S. : Je m’interroge de savoir de quelle pathologie sera accusé Edward Zwick car les carnages succèdent aux scènes de tortures et de mutilation… pour ce film qui, contrairement à d’autres ne présente aucune interdiction !

     

  • Le Festival International du Premier Film d'Annonay

     

    affiche2007

    La 24ème édition du Festival International du Premier Film d’Annonay a lieu du 2 au 12 Février 2007. Il présente une sélection de huit premiers longs métrages de fiction de 8 nationalités différentes, œuvres inédites en France dans les salles et à la télévision. C’est le seul festival dont les membres du jury soient exclusivement constitués de cinéphiles sélectionnés par courrier. Il sera présidé par le réalisateur Manuel Pradal (« Un crime »)..

    La section thématique du Festival, quant à elle, portera cette année sur les road-movies. Constituant un genre à part entière, le road-movie est souvent construit comme une quête initiatique. Le voyage s’apparente alors à un rite de passage, métaphore du cinéma lui-même, la ligne pointillée ressemblant aux perforations de la pellicule. La route symbolise la liberté de mouvement ou l'exil, la souffrance ou l'errance. Au programme : « Paris-Texas », « La balade sauvage », « Transylvannia », « Tandem », « Hana Bi »...

    Le festival rendra hommage à Hippolyte Girardot.

    J’ai eu la chance de faire partie du jury il y a deux ans et de vivre une expérience cinéphile enthousiasmante et toujours très présente dans mon esprit. Cette petite ville est plus connue pour d’autres animations car elle est la « patrie » des Frères Montgolfier. Néanmoins, pendant 10 jours elle vit au rythme du cinéma international (acteurs et réalisateurs sont présents) et c’est vraiment passionnant de voir toute une ville devenue cinéphile. J’y serai cette année encore (du 8 au 12), jouant le rôle qu’on m’a attribué : Nounou du Jury !!!

     

  • Bobby d’Emilio Estevez **

    Une journée pas tout à fait comme les autres dans le luxueux hôtel Ambassador de Los Angeles où est attendu Robert F. Kennedey ancien Ministre de la Justice, candidat démocrate à la Maison Blanche et probable futur Président des Etats-Unis d’Amérique. Or, cette nuit là, dans cet hôtel « Bobby » sera assassiné. Tout l’hôtel est en ébullition et s’affaire pour préparer l’arrivée du futur héros.

    Quel dommage que Bobby n’ait que ce film en hommage pour l’instant !!! On sent bien qu’Emilio Estevez se fait la voix des américains qui pleurent encore ce qui fut un bel élan d’idéalisme. On entend clairement un discours où résonnaient très fort des mots tels que : non violence, tolérance, paix au Vietnam, justice, égalité et égalité des chances. Mais ici les problèmes sociaux et politiques ne sont qu’effleurés : le racisme, le sexisme, la misère, la guerre… Et malgré le casting stellaire, il règne (derrière et devant l’écran) un ennui poli… les stars ne se chargeant même pas de venir faire un numéro mais simplement de bâiller respectueusement et d’être, au mieux transparentes, au pire ridicules.

    Néanmoins, le film est parcouru d’images d’archives et de discours de Bobby et c’est dans ces moments là que le film devient absolument passionnant.

    Quant au dernier quart d’heure, il est animé d’une intensité telle qu’elle vous cloue littéralement à votre fauteuil. On sait que Bobby sera assassiné, néanmoins la ferveur de son dernier discours, l’espoir et la dévotion qui se lisent sur chaque visage rendent la fin du film à la fois bouleversante, insoutenable et on se prend à envisager à quel point la face du monde aurait pu en être changée si... On se prend à réfléchir, à imaginer et finalement, comme les américains, à regretter en pleurant, car des déclarations

    ANTI-RACISTES, ANTI-GUERRES, et ECOLOS

    qui datent de 1968 (d’une actualité sidérante et désolante finalement) je n’en entends aucune en 2007  !

    Un film qui ouvre sur une réflexion c’est vraiment bien au fond !

  • Les ambitieux de Catherine Corsini *

    Julien rêve d’être édité. Il rencontre Judith, éditrice redoutable dont il devient l’amant. Elle lui donne son avis sur le livre qu’elle n’a pas lu, et lui conseille de retourner à ses études.

    Ce qui commence comme un brûlot contre le monde impitoyable de l’édition, contre les écrivaillons qui se piquent d’écrire un roman et n’ont que leur enfance à raconter, contre les ambitieux prêts à tout, contre les tout-puissants ou prétendus tels dès qu’ils ont un petit pouvoir, se transforme rapidement en drame psychanalytique où dominent trahison et mensonges pour finalement s’achever en bluette sentimentale. Dommage !

    Karin Viard est surprenante en working girl sans cœur qui voit peu à peu se fissurer son écorce, son armure, mais c’est peu.

  • Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier **

    Jean-Baptiste Adamsberg, flic instinctif qui fonctionne au flair perd son odorat lorsque le quitte sa douce et jolie Camille (LA Camille d’ « Indochine »). C’est le moment que choisit un énigmatique peintre pour orner les murs des portes des immeubles de Paris de 4 inversés. Ce signe annonce le retour d’un fléau mortel : la peste. Les premiers morts mystérieuses apparaissent. Adamsberg et son compère Danglard doivent résoudre un véritable casse-tête en forme de jeu de piste et trouver le lien entre elles !

    La tension, l’intérêt et le mystère vont crescendo dans ce polar bien ficelé, inspiré même, rondement mené à l’atmosphère lourde dans un Paris insolite entre ombre et lumière. La mise en scène est remarquable, fluide et sans temps mort. L’interprétation de José Garcia froid, tendu, dépressif, nerveux est parfaite et en dehors de Marie Gillain (transparente) tout le monde tient sa partition concerné avec application : Michel Serrault (érudit et fatigué), Lucas Belvaux (inquiet et impliqué (je l’aime)), Nicolas Cazalé (frémissant : qu’on lui offre des rôles enfin !!!)…

    Malgré toutes ces bonnes choses et le fait que les rebondissements soufflent en permanence réveillant chaque fois l’attention, j’ai envie de vous dire : sortez 10 minutes avant la fin (pour que dure le mystère) car le dénouement fait « flop » ou « pshiiit »...

    « Ah bon ? Tout ça pour ça ? » ai-je eu envie de dire ? Non, je l’ai dit !