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Sur la Route du Cinéma - Page 532

  • Singin’ in the rain de Stanley Donen *****

    Quelle chance et quel bonheur de pouvoir re-voir ce joyau sur grand écran ! On connaît par cœur les moments forts du film mais on oublie parfois l’histoire qui raconte l’avènement du cinéma parlant et comment certaines carrières ont dû être brisées à cause de voix pas adaptées ou pas en rapport avec un avantageux physique. C’est le cas de Lina Lemont (Jean Hagen, tordante) qui forme avec Don Lockwood (Gene Kelly, sublime) LE couple glamour des années 20 mais qui a une voix de crécelle ridicule ! Les scènes d’anthologie et les prouesses s’enchaînent à un rythme frénétique. Donald O’Connor (excellentissime) nous « make laugh », Debbie Reynolds est craquante, Cyd Charisse nous dévoile ses interminables jambes… et bien sûr Gene Kelly (bondissant, sautillant, souple, élastique, athlétique, pataugeant dans les flaques…) n’a (à mon avis) jamais été égalé et il a élevé la comédie musicale au rang de perfection. Grâce à lui, époustouflant, son humour, son charisme, son charme (tous les garçons devraient se faire greffer son nez et son sourire…), son enthousiasme, son dynamisme, son talent, ce film est un chef-d’œuvre.

    Vous en reprendrez bien encore un peu non ?

  • LE VENT SE LEVE de Ken Loach *****

    Comme chaque année "la semaine Télérama" propose de venir voir ou revoir une sélection des meilleurs films de l’année 2006. Cette sélection est faite par les journalistes de Télérama et par les lecteurs de la revue. J'ai choisi cette année de revoir en salle : "The wind that shakes the Barley".

     

    The Wind shakes the Barley (Le vent se lève) de Ken Loach

    Quel film et Quelle palme ! Le réalisateur Wong Kar Waï et son jury ne s’y sont pas trompés en accordant à ce film la Palme d’Or du Festival de Cannes en 2006.

    1920 en Irlande la guerre d’indépendance fait rage et le beau titre original fait référence à un poème irlandais de Robert Joyce « Le vent qui agite l’orge » qui évoque le soulèvement irlandais de 1798.

    Damien, jeune médecin tout juste diplômé souhaite partir à Londres exercer son métier. Témoin de deux scènes insupportables au moment de son départ, il renonce au départ et choisit de s’engager dans les troupes de l’Armée de la République d’Irlande (I.R.A.) pour combattre les troupes britanniques qui occupent le pays. Entre l’engagement politique, les scènes de combats, l’entraînement de cette troupe d’abord désarmée obligée de bricoler ou de voler ses armes, la torture et les exécutions sommaires d’innocents parfois, dans les deux camps, rien ne nous est épargné !

    Et puis il y a un moment où tout bascule et les phrases chocs, c’est  encore Damien qui les prononcent : « j’ai étudié l’anatomie pendant des années, et je vais tuer un homme d’une balle en pleine tête. » Et plus tard : « J’ai franchi un cap, je ne ressens plus rien ».

    A nous spectateurs, d’encaisser cela.

    Ce film dérangeant, percutant et bouleversant est l’œuvre d’un anglais qui dénonce avec effroi et en hurlant le colonialisme, l’impérialisme, toutes les occupations abusives de pays, toutes les oppressions et plus encore toutes les guerres de religion ainsi que les luttes absurdes et aberrantes dans leur horreur. Il le fait en contant le drame qui va séparer Damien et Teddy au cours d’une lutte fratricide imbécile. Deux frères, deux clans, deux groupes qui se déchirent c’est toute la « connerie » des guerres et plus encore des guerres civiles

    Voici donc l’œuvre (le chef-d’œuvre) d’un humaniste pacifiste en rage contre la folie des hommes et il y a bien longtemps qu’il nous avait été offert de voir un film de cette exceptionnelle qualité ! Qu’il soit réalisé par un honnête homme de 70 ans toujours en colère le rend encore plus admirable.

    Sur le plan cinématographique, c’est tout aussi remarquable. Pas de romantisme, les morts ne meurent pas au ralenti sur de la musique classique, Ken Loach ne nous impose pas de bondir par un coup de cymbale ou de pleurer en sortant les violons. Ce cinéma classique, sans fioriture, traité chronologiquement en toute simplicité est un coup de poing ! Le vent secoue la lande magnifique et résistante comme un maquis.

    L’histoire d’amour (généralement superflue dans nombre de films) est filmée pudiquement d’autant que l’élue du cœur de Damien est elle aussi une résistante qui aura à souffrir mille tourments dans son corps et dans sa chair.

    Quant à Cillian Murphy : quel acteur, mais quel acteur !!!

    Comment ne pas être à genoux devant Ken Loach et ce cinéma exemplaire ? Comment ne pas finir en larmes comme cette femme à genoux en pleurs elle aussi face à l’étendue désastre ?

  • Rocky Balboa de Sylvester Stallone ***

    Il y a trente naissait un nouveau héros fait de chair, de sang et de muscles : Rocky Balboa. L’histoire était celle d’un petit migrant italien de Philadelphie qui devenait Champion du Monde de Boxe des poids lourds et rencontrait l’amour : le rêve américain dans toute sa splendeur ! Aujourd’hui, Rocky est restaurateur et il raconte sa gloire passée avec gentillesse et disponibilité à des clients conquis et impressionnés.

    Autant que je vous l’annonce tout de suite : Adrian, la mythique est morte…

    J’avoue que j’avais laissé tomber la saga au deuxième épisode et que trente ans plus tard (pouh !) j’y retourne, à la fois nostalgique et parce que c’est Sylvester Stallone qui a décidé d’y mettre un terme en passant derrière la caméra. Sans pouvoir l’expliquer réellement, cet homme, cet acteur et cette histoire m’ont toujours émue. Revoir Sylvester à 60 ans remonter sur le ring est absolument touchant et vibrant, voir son corps martyrisé par ces années d’entraînement est émouvant. Quant au film, Stallone n’a pas cherché à le moderniser à tout prix mais au contraire à rendre hommage à ce qui a fait sa gloire. Il dit lui-même et sans illusion que le jour de sa mort on déclarera « Rocky est mort » et non Stallone. Il avoue : «j’ai commis toutes les erreurs. Toutes».

    Pour ces raisons (peut-être mauvaises) et parce que ce film est un véritable tour en cinéphilie (flash-backs où apparaît Adrian/Talia Shire, scènes d’entraînements qui donnent au film son élan, combat final dont les deux premiers et le dernier rounds sont en temps réel, musique archi-connue mais enthousiasmante…), parce que les dialogues sont souvent hyper drôles, parce que Stallone pose sur lui un regard ironique et objectif « on va pas s’empêcher de faire des choses pour deux ou trois bougies de trop !!! », parce que c’est digne et pas racoleur, parce que c’est un direct au cœur, et parce que la fin est exactement celle que j’attendais tout en me disant « non, il ne va pas oser ! »,

    j’ai aimé ce film !

     

  • Zone Libre de Christophe Malavoy **

    Quelques juifs et quelques « justes » qui les hébergent en zone libre néanmoins occupée par quelques allemands…

    Christophe Malavoy passe derrière la caméra et s’inspire de sa propre histoire (ses parents ont caché des juifs pendant la seconde guerre mondiale) pour raconter celle de cette famille. Fluide et joliment raconté avec une évidente sincérité et de réelles qualités, ce film hésite pourtant parfois entre drame et comédie. Dommage, compte tenu du thème, qu’il lui manque le souffle nécessaire pour en faire une œuvre bouleversante et que le petit garçon de l’histoire dont le rôle est très important soit interprété par un petit garçon qui joue très très mal... c’est-à-dire qu’on voit constamment qu’il joue.

    Néanmoins, cela est gommé par les interprétations absolument exceptionnelles de Lionel Abelanski et Jean-Claude Roussillon. Le premier est d’une justesse incroyable et absolument touchant lorsqu’il cache sa trouille permanente en explosant de colère régulièrement. Il est aussi capable en une seule réplique de faire passer à la fois sa peur et son évident talent comique lorsqu’il dit à sa belle-sœur enceinte : « c’est vraiment pas le moment de mettre au monde des petits youpinots alors qu’on sait pas quoi faire des anciens ! ». Quant à Jean-Claude Roussillon, il est simplement parfait. Tout le monde doit rêver de l’avoir pour grand-père, toute personne en difficulté doit rêver de le rencontrer.

    Pour eux deux donc, en priorité mais aussi pour l’histoire qui résonne toujours fort non ?

  • Les climats de Nuri Bilge Ceylan ***

    Comment, à partir d’une petite histoire de rien du tout, tirée à des milliers d’exemplaires, faire un beau grand film ? C’est tout simple : Isa (c’est le garçon) et Bahar (c’est la fille) passent leurs vacances sous le soleil éclatant de Kas, splendeur de la côte turque. Gros plan sur le très beau visage de Bahar. Elle sourit en regardant son homme au loin… puis une larme coule. Le couple se sépare avec fracas. La vraie raison, banale et impardonnable, on la connaîtra bien plus tard.

    Le réalisateur (également (très bon) acteur) nous propose l’autopsie d’une rupture. Il le fait de façon à la fois abrupte et bouleversante avec une économie de mots impressionnante mais des images d’une beauté renversante. Il est bien aidé en cela par les paysages turcs absolument prodigieux et des plans fixes à tomber. Après le soleil de l’été, il nous glace d’émotion en explorant les réactions de ces cœurs en hiver.

    Certains se comprennent sans parler alors que d’autres se parlent et n’entendent rien. Une sonate de Scarlatti est interrompue, la promesse de la réconciliation s’estompe, un visage se fige dans l’étonnement et l’incompréhension. Comment Isa s’y prend-il pour passer à côté de tout, ne rien comprendre, s’enferrer dans son égoïsme surdimensionné ?

    La démonstration est faite une nouvelle fois : les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus… comment voulez-vous que le monde tourne rond !

     

  • L’Illusionniste de Neil Burger ***

    Eiseinheim est un illusionniste réputé et adulé dans la Vienne du début du XXème siècle. Le Prince héritier Léopold prend ombrage de cette fascination qu'il ne comprend pas. Il devient vraiment méchant lorsqu’il s’aperçoit que la douce Sophie (qu’il n’aime pas mais qui peut servir ses rêves de pouvoir) a jadis eu de tendres sentiments (partagés) pour le magicien. Il charge un inspecteur, sorte de Colombo des années 1900, de révéler ce qu'il considère comme des impostures. D’abord opportuniste, puis fasciné par le charismatique Eiseinheim, le flic prendra finalement conscience des desseins obscurs de son protecteur. Les deux rivaux vont entrer en guerre pour la belle Sophie.

    Décidément illusion et cinéma sont deux mots qui vont très bien ensemble, et ici voir Edward Norton et Paul Giamatti excellentissimes l’un et l’autre, s’affronter est un pur régal. En outre, la mise en scène est raffinée et élégante. Le suspens est rondement mené. L’intrigue est rythmée et ponctuée de numéros de magie très élégants bien qu'invraisemblables. Par ailleurs, Edward Norton (waouh, il est beau) en magicien romantique est parfait en amoureux transi mais efficace. C'est un plus non négligeable.

    Ce film est une belle surprise qui fait naître un grand sourire de satisfaction et l’envie de dire : je me suis encore une fois laissée surprendre par un dénouement que je n’attendais pas. Merci, donc.

  • Jacquou le Croquant de Laurent Boutonnat°

     

    Jacquou est orphelin. Son père meurt au bagne lors d’une tentative d’évasion. Sa mère en meurt foudroyée par une sorte de pneunomie/chagrin mais n’oublie pas de demander à Jacquou de venger son père, bou diou ! Jacquou se laisse mourir aussi mais il est sauvé et recueilli par un curé qui l’aide à grandir et à se couper les cheveux (halleluya ! si en plus, le beau visage de Jacquou était caché !!!).

    Quelle est donc cette chose ???Je n’ai vu moi qu’une succession de tableaux (la forêt, les champs, le château, les lavandières…) qui s’enchaînent de façon souvent maladroite et sans toujours un véritable lien entre eux.

    Où sont la lutte contre l’injustice de Jacquou, son désespoir, son combat au côté des pauvres et des opprimés, sa soif de vengeance contre le méchant Comte de Nansac, son histoire d’amour ? Ici rien n’est épique… tout est plat voire ennuyeux. Les scènes s’étirent jusqu’à ce qu’on n’en puisse plus rien tirer (ah ! la danse en sabots censée sans doute représenter un grand défi !!! un summum de ridicule !). Quant aux tonnes de flotte qui tombent, quel intérêt… rendre plus sexy les filles aux corsages mouillés sans doute ? En tout cas, méfiez-vous de la mousson périgourdine !

    Seule la tentative d’évasion de Jacquou, jeté dans un puits, donne une petite dimension romanesque à l’ensemble, mais c’est bien peu pour un film si long !!!

    Quant aux acteurs : ils sont soit ridicules (palme à Gourmet, Karyo, Croze), soit très mauvais (les deux actrices amoureuses de Jacquou, une rousse, une brune sont d’une fadeur !!!).

    Trois acteurs semblent y croire néanmoins : Albert Dupontel (père de Jacquou) intense et enragé mais on l’élimine dans le premier quart d’heure ; Jocelyn Quivrin (le méchant et sadique Comte de Nansac) mais on ne lui donne que l’occasion de faire son regard qui tue… et surtout, évidemment Gaspard Ulliel qui a tout du héros romantique capable de faire se soulever les foules. Hélas, malgré leur évidente bonne volonté, tout ceci tourne en rond sans fougue et sans passion.

    Au générique, Mylène Farmer est convoquée pour conclure et là… j’ai vraiment eu envie de crier : « au secours !!! ». Je l’ai peut-être fait d’ailleurs.

    En résumé : POUR l’irrésistible fossette de Gaspard, oui, le reste : NON.