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Sur la Route du Cinéma - Page 545

  • REMY BELVAUX

    novembre 1967 - septembre 2006

    cinema,rémy belvaux 

    Il n'était pas seulement le frère de l'indispensable Lucas Belvaux, il était aussi le réalisateur du cultissime "C'est arrivé près de chez vous" dans lequel il révélait Benoît Poelvoorde. Ce bijou d'humour noir, réalisé en noir et blanc avait des allures de faux reportage ce qui le rendait encore plus terrifiant. Une équipe de télé dont l'interviewer était Rémy Belvaux lui-même, suivait les pas d'un serial killer bavard qui commentait ses actes. Le film avait fait sensation à la Semaine de la Critique à Cannes en 1992 et était devenu une oeuvre culte.

    Qui a oublié la recette du "Petit Gregory" ? C'était d'un mauvais goût douteux parfaitement assumé.

    Un petit rappel ici  : http://cinema.fluctuat.net/blog/8783-ca-n-039-arrivera-plus-pres-de-chez-vous.html (le chevelu qui pouffe, c'est Rémy).

  • World Trade Center d’Oliver Stone °

    Les hommes sont capables du pire comme du meilleur. Les événements de cette journée en sont la preuve…

    L’une des question réellement terrifiante est : comment des hommes réussissent-ils à entrer consciemment et volontairement dans une tour en flammes en train de s’effondrer ? La réponse est en tout point admirable : le courage, la bravoure, le dévouement, la solidarité, l’abnégation… Cet aspect des choses laisse sans voix et force un respect et une admiration sans limite.

    Cette journée du 11 septembre 2001 commençait bien. Il faisait chaud, c’était encore l’été, tout le monde avait des projets ou se laissait bercer par la routine. Un premier avion percute une tour et Oliver Stone nous épargne les images inouïes tant vues et tant revues. Qu’il en soit remercié, elles sont toujours présentes dans la mémoire de chacun. Les secours se mettent en place instantanément et Oliver Stone choisit de nous raconter la survie miraculeuse de deux policiers ensevelis sous la carcasse d’acier et de béton. Bien.

    Hélas, le film en hommage aux victimes et aux sauveteurs reste à faire, me semble t’il. Dès qu’on se retrouve en enfer, six pieds sous terre à avaler des cailloux en compagnie de Nicolas Cage et Michaël Pena, enterrés vivants, incapables de bouger mais parfaitement conscients… on est du même coup plongés dans un mélo hollywoodien aux dialogues d’une pauvreté et d’une bêtise à pleurer. Entre flash-backs longs et rarement intéressants, ralentis insupportables et musique d’ascenseur, le supplice est copieux. Ajoutons à cela des tirades telles que : « On dirait que le tout puissant a déroulé un rideau de sang afin de nous montrer ce qu’on n’est pas prêt à voir… » !!! Doit-on rire ou pleurer ? Les américains parlent-ils réellement comme ça ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

    Voir Jésus s’avancer dans un halo de lumière avec une bouteille d’eau en plastique à la main (les victimes sont assoiffées)… est aussi un moment où le rire et l’agacement deviennent involontaires et incontrôlables !!!

    Subir les pleurnicheries d’un gosse de 12 ans dont la seule préoccupation est de savoir si sa fête d’anniversaire aura bien lieu.

    Supporter un marine’s reconverti en prédicateur pentecôtiste revenir à ses premières amours et aller « réparer cela »… en Irak, cela suffit, et l’agacement se transforme en exaspération, définitivement.

  • A scanner darkly de Richard Linklater ***

     

    2013 en Californie. Le flic Bob Arctor (Keanu Reeves) est chargé d’une mission d’infiltration auprès de junkies accros à une substance qui crée une dépendance inévitable et des dommages collatéraux irréversibles. Pour rendre sa mission plus crédible, il devient lui aussi dépendant…

    Avez-vous déjà vu un film d’animation avec de vrais acteurs animés ? Non. Alors courez voir celui-ci. Visuellement c’est magnifique et les acteurs (Keanu Reeves, Robert Downey Jr, Woody Harrelson) quoique stylisés, y sont remarquables. C’est paranoïaque, très bavard, souvent très drôle mais aussi inquiétant et vertigineux tant le héros se retrouve emmuré dans un piège inextricable.

    Le final, dérangeant et désespéré vous laisse complètement sonné.

    Jubilatoire sur le plan cinématographique, désespérément angoissant sur le plan intellectuel, ce film est une curiosité et une réussite.

  • Cavale de Lucas Belvaux***

     

    Deuxième volet de sa trilogie exemplaire "Un couple épatant", "Cavale", "Après la vie", cette cavale est fascinante et semble être l'esquisse (déjà très aboutie) du formidable "La raison du plus fort" sorti récemment. Quel acteur et quel réalisateur que ce Lucas Belvaux !

    Bruno s'évade de prison et souhaite se venger de ceux qui l'ont trahi et reprendre contact avec ses anciens compagnons de lutte (il prône la révolution prolétarienne). Mais les temps et les gens ont changé et il ne trouve plus écho nulle part à son idéal. Pas même chez Jeanne (merveilleuse Catherine Frot) qui partageait la lutte avec lui et semble l'avoir aimé. Elle l'aidera néanmoins dans sa cavale solitaire, car curieusement ce sont les femmes (superbes, étonnantes) qui sont "fraternelles" dans cette histoire, avec un sens de l'honneur au sommet.

    La course folle de Bruno pour échapper à la police est fascinante, passionnante et bouleversante. C'est violent, romantique, tendu et mélancolique. Lucas Belvaux n'explique pas, n'excuse rien. Il montre, et bien. C'est magnifique. C'est enragé, désespéré, à la limite de la perfection.

    Un acteur et un réalisateur rares, uniques, essentiels.

  • Thank you for smoking de Jason Reitman*

     Nick Naylor, orateur né, met son talent au service de la société Big Tabacco pour déjouer une campagne de publicité anti-tabac.

    Je cherche en vain le brûlot impertinent annoncé... On dirait que le réalisateur nous montre une esquisse de ce qu'aurait pu être un film franchement corrosif et vraiment politiquement incorrect s'il avait osé. Or, il n'a pas osé et tout cela reste gentillet même si on y voit (quelle audace !!!) le cow-boy Marlboro en phase terminale de cancer du poumon ! C'est rapidement ennuyeux et répétitif et la morale de l'histoire c'est qu'on peut accepter n'importe quel boulot même s'il vous dégoûte car "on a tous un crédit à rembourser".

    Il faut ajouter à cela une histoire de divorce mal réglé avec fistounet qui cherche un héros en son père. Le fils est typiquement le genre de gosse tête à claques d'Hollywood... celui qu'on voit partout et qui semble ne jamais grandir, le genre qui vous fait une dissertation de fin de thèse alors qu'il a 10 ans, le genre qu'on a envie de vider avec l'eau du bain.

    Le seul atout de ce film est Aaron Eckart, séduisant, charmeur, très à l'aise dans son rôle de pourri au sourire irrésistible qui se sort avec un certain génie de toutes les situations embarrassantes.

    Allez, on va s'en griller une ! C'est facile, pour commencer, il suffit d'un peu de volonté ! :-))

  • Quelques jours en septembre de Santiago Amigorena °

     

    Ça commence le 5 septembre 2001, mais ça fait le même effet que si je vous dis il est 14 h 24 ou 23 h 42 !!! Mais bon, 6 jours plus tard c’est le 11 septembre de la même année quand même ! Irène (Juliette Binoche, mystérieuse comme un flan) va chercher Orlando (Sarah Forestier… ah ah ah Orlando c’est une fille, mais elle n’a plus de shampoing) qui élève des oies dans la campagne (et ne dites pas des canards, ça la déprime). Irène dit : « Eliott revient, il veut te voir ». Orlando fait la gueule, elle la fera pendant deux heures d’ailleurs sauf quand elle couchera avec son frère parce que « le sexe c’est bon, mais l’inceste c’est mieux ». Les voilà parties toutes les deux et puis David arrive (Tom Riley, tarte) et Irène lui dit : « tiens, je te présente ta sœur »… A partir de ce moment, ils vont s’envoyer des coussins dans la figure parce que c’est rigolo. Ils iront acheter du poisson et ils rouleront dans les bras l’un de l’autre dans l’escalier. Ah oui, j’oubliais, on est à Paris et William (John Turturro, torturé) est à leurs trousses, il veut dégommer tout le monde. Eliott ne vient pas au rendez-vous donc Machin (aaaah Mathieu Demy) vient leur dire : « Eliott ne sera pas au rendez-vous ». Donc il faut aller à Venise. Si vous avez rendez-vous avec quelqu’un à Paris et qu’il ne vient pas, allez voir à Venise il y sera peut-être ! A Venise (ça doit être une autre Venise que celle que j’ai arpentée car là, c’est moche et ça pue), Truc vient leur dire : « Eliott sera là dans trois jours »… ça tombe bien comme ça le film avance un peu et on se rapproche du 11 septembre du coup. A Venise, comme c’est moche et que ça pue, il faut vous saouler la gueule du petit déj jusqu’au dîner car il n’y a vraiment rien d’autre à faire… Truc et Machin rappliquent et disent : « Ah Eliott va arriver ! » et il arrive et dans l’ombre on voit Nick Nolte et là on se dit alleluya, les cloches sonnent, les anges chantent en faisant une farandole, un acteur !!! ça dure 2 mn 12 avant qu’il baigne dans son sang à cause de ce psychopathe de Turturro qui a complètement raté sa psychanalyse lacanienne et quand on lui dit « il faut tuer le père », il comprend tuer n’importe quel père, ça fera l’affaire. (J'ai oublié de vous dire qu'Eliott est le père des deux bulots. Ce n'est pas une révélation, on nous le dit dans les cinq premières minutes). Turturro, il me fait bien rire quand même.

    Et puis brusquement, y’a deux avions qui percutent des twins.

    FIN.

    Bon sinon, qu’est-ce que je peux vous dire aussi ??? Ah oui. Dans ce… !!! film ??? les français parlent amerlocains et les étasuniens parlent yaourt français. Juliette Binoche porte des lunettes et quand elle les enlève, elle ne voit plus ses pieds du coup l’écran est flou parce qu’il ne faut jamais se désolidariser de Juliette Binoche, ça ne se fait pas. En résumé, si vous voulez voir Juliette Binoche masculine au possible, fumer le cigare sans l’ôter de la bouche (la classe), éclater de rire comme une sorcière, voir Sarah Forestier et ses cheveux sales, voir Turturro zigouiller tout ce qui bouge, Nick Nolte se noyer dans son sang : ce film est pour vous !

    Moi, je suis très en colère !

  • A Love song for Bobby Long de Shainee Gabel ***

     Lorraine est évoquée pendant deux heures mais on ne la verra jamais car le film débute par son enterrement. Purslane, sa fille qu’elle n’avait pas vue depuis des années revient habiter la maison de l’enfance et y trouve deux squatters, amis de sa mère : un ancien prof de littérature et son biographe, deux alcolos bien décidés à ne pas quitter les lieux.

    Ces trois cabossés de la vie ont des secrets (on n’est pas dans le deep south pour rien) qui se révèleront au fur et à mesure sans grande surprise certes mais c'est sans importance car, l’essentiel est davantage dans l’atmosphère et l’interprétation. Ils se heurtent les uns aux autres en cohabitant avec plus ou moins de bonheur et de malheur.

    Voilà typiquement le genre de film que personne n’ira voir et pourtant si votre cinéma « art and try » est aussi intelligent que le mien, allez-y, c’est un cadeau. La Nouvelle Orléans, l’Alabama se prêtent magnifiquement à cette langueur. C’est moite, c’est lent et c’est ce qui fait qu’on a tout le temps d’entrer dans la vie et dans le cœur esquinté de ces trois personnages aimables comme jamais.

    L’interprétation est un autre atout majeur de cette balade mélancolique parsemée de citations littéraires splendides. John Travolta est un loser magnifique et Scarlett Johansson véritable joyau d’Hollywood prouve une fois de plus qu’elle peut tout jouer.

    En fond sonore continu, un blues râpeux, idéal et somptueux en accord absolu avec ce film nonchalant, nostalgique, poétique et fraternel.

    Belle et douce surprise.

     

    Et en plus, il chante !

  • Ma super Ex d’Ivan Reitman *

     

    Pour tempérer cette overdose d’émotions fortes de ces derniers temps, voici LE film super con et sans intérêt qui vous arrachera quelques sourires si vous êtes de bon poil (c’était mon cas, je suis TOUJOURS de bon poil). Matez un peu le super casting :

    - un type, Matt (Luke Wilson), super banal (je n’ai pas dit super moche mais quand il sourit on dirait un rongeur…), super en manque…,

    - son meilleur ami, (Vaughn Rainn Wilson, nul), super tête à baffes (vous savez la caution-comique-faire-valoir des comédies américaines), libidineux, obsédé sexuel, un zizi à la place du cerveau, même pas drôle,

    - sa meilleure amie Hanna (Anna Faris), super grimaçante et compréhensive,

    - un prétendu super méchant (Eddie Izzard)… super insignifiant en fait….

    New-York est belle et ensoleillée mais comme toujours la proie de super catastrophes. Heureusement Super-G (Uma !!!) veille et intervient quand tout se barre en marmelade. Dans le civil elle travaille dans une galerie d’art et porte des lunettes en écailles noires (ah ah ah), quand elle se transforme elle a un brushing Abba et des dessous en dentelles ! Pourquoi et comment cette bombe anatomique tombe t’elle amoureuse de ce terne et médiocre Matt ??? Mystère et boule de fraise tagada !!! Toujours est-il que ça arrive et je vous préviens Super G est atomique, une machine infernale, une bête de sexe (ah ah ah) mais quand Matt la plaque… ça l’énerve et elle lui balance un requin en pleine tête.

    Uma est belle, drôle, magnifique, vraiment marrante !

    Pour les fans d’Uma uniquement donc !

  • Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valérie Faris ***

     Dans la famille Hoover, il y a :

    -          le père Richard, obsédé par la réussite et la parution d’un ouvrage en neuf points « How to make your dream comes true », Greg Kinnear, formidable,

    -          la mère Shéryl, point d’ancrage un peu hystérique de tous les membres de cette famille atypique, Toni Colette, parfaite,

    -          le fils Dwayne, ado rebelle qui se sent en enfer dans ce cocon et a fait vœu de silence (il n’a pas ouvert la bouche depuis neuf mois), Paul Dano, véritable chrysalide, formidable,

    -          la fille Olive, 7 ans un peu rondelette, beaucoup binoclarde qui se rêve en reine de beauté et se passe en boucle les vidéos des élections de Miss, Abigail Breslin, adorable,

    -          le grand-père, héroïnomane obsédé sexuel et fou de sa petite fille, Alan Arkin, farfelu,

    -      l’oncle, Frank, homosexuel dépressif suicidaire et spécialiste de Proust, Steve Carell, absolument fabuleux et très en tête de ce fantastique casting.

    Lorsque Olive est sélectionnée pour l’élection de Little Miss Sunshine en Californie (des miss de 7 et 8 ans !!!) tout ce petit monde déjanté s’embarque dans un van pourri et vit lors de cette traversée d’un petit bout d’Amérique une succession d’aventures très tragiques ou très comiques. Les réalisateurs nous baladent donc entre rire et émotion mais c’est au final le rire qui l’emporte… mais un rire franc et massif en rafales et en éclats.

    L’amour circule mal dans cette famille mais il circule néanmoins et c’est très beau et très touchant la maladresse qu’ont les gens à se dire qu’ils s’aiment.

    Le film se termine en apothéose par l’élection de Little Miss Sunshine où l’on voit défiler des petites filles de 7 ans, maquillées, coiffées, déguisées comme des poupées sans âge qui seraient déjà passées par tous les bistouris de la terre. C’est horrible, très laid et effrayant. Est-ce que ça existe ??? Mais la prestation de la petite Olive est tout simplement hilarante… Je laisse la surprise.

    Evidemment, la sainte famille américaine triomphe de ce chahut mais il y a tant d’amour et de fantaisie dans ce voyage initiatique que c’est un pur régal qu’il faut courir voir !

    Ce film a eu le Grand Prix au Festival de Deauville, c’est étonnant pour un film aussi drôle mais c’est vraiment grandement mérité !