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Sur la Route du Cinéma - Page 543

  • Breakfast on Pluto de Neil Jordan ***

    C'est le week-end et vous ne savez que mettre dans votre mange-dvd ! Je vous recommande +++ ce petit bijou sorti dans l'indifférence générale en février avec cet "amazing" acteur Cillian Murphy. 

    "Breakfast on Pluto" vient juste de sortir en DVD.

    Pour vous faire une idée et ne plus hésiter, cliquez ici !

    Et voici la note que j'avais fait à l'époque

     

    Ne vous y trompez pas, cette jolie fille...

     est un garçon .

    Patrick est un garçon. Il vit dans un bled paumé irlandais. A la naissance il est abandonné par sa jolie maman qui cache un secret trop lourd à porter dans cette Irlande ultra catholique... Elle s’est échappée pour vivre dans la ville qui l’a engloutie : Londres. Patrick est élevé dans une famille d’accueil pas très chaleureuse et pas très compréhensive. Patrick aime depuis tout petit s’habiller en fille et il fait un peu/beaucoup honte à sa maman d’adoption. Assez jeune, il s’enfuira lui aussi pour échapper à cette famille.
    Patrick dès lors se fera appeler Pady, Kitten ou Patricia en assumant totalement son désir obsessionnel de changer de sexe. Il part à la recherche de lui-même beaucoup, de sa maman, énormément : « the phantom ladie », la femme adorée, idéalisée et de l’amour, tout simplement mais résolument. Au bout du voyage qui le ramènera au point de départ, il trouvera un père, « son » père. Et quel père…?

    En chemin, il se forgera une personnalité à hauteur de sa démesure mais pourtant faite de légéreté, de délicatesse, de fausse insouciance ce qui est plus commode pour traverser les épreuves. Patrick sera fragile comme une petite fille, espiègle comme un lutin, d'une gentillesse (absolument pas au sens péjoratif) déconcertante et c'est ce cocktail insolite et charmant qui le rend tellement attendrissant.

    Quelques aberrations scénaristiques n’empêchent pas d’aimer ce film à la folie. De rencontre en rencontre, Patrick traverse cette époque troublée des années 70 et sera même mis en cause dans un attentat de l’IRA (très réaliste) et soupçonné d’être un terroriste. Au cours de l’interrogatoire, plus que musclé, on passe brusquement à un film brutal et cru alors que jusque là, et malgré les difficultés du héros, on était plutôt dans la poésie et la douceur.

    Patrick, c’est Cillian Murphy qui habite ce rôle démesuré sans avoir l’air de forcer jamais. A aucun moment son jeu n’est caricatural, même si le personnage l’est, forcément. Et ce personnage rêveur on l’aime parce qu’il est un mélange de douceur, de naïveté, d’innocence, de bonté et pour le spectateur (fille ou garçon) comme pour certaines personnes qu’il rencontre, il est difficile de ne pas succomber. Patrick est irrésistible tout simplement et il habille son désespoir (très poignante scène où il supplie littéralement les terroristes qui le méprisent, de le tuer : « vous n’avez même pas une balle perdue pour quelqu’un tel que moi ! ») avec un humour et un optimisme inaltérables. Il sourit et rit beaucoup pour éviter que la vie ne soit que cette vallée de larmes…

    Ses rencontres sont à la fois cocasses et attendrissantes car étonnamment ce sont les hommes les plus virils et machos possibles qui tombent sous le charme de cette adorable personne. Elles peuvent être également d'une cruauté sans nom lorsqu'un "magicien" l'utilise, sous hypnose et lui fait revivre en public et à son insu, des scènes traumatisantes. Le public raffole et se tord de rire...

    Liam Neeson, Brendan Gleeson et Stephen Rea (entre autres) entourent avec bonheur Cillian Murphy mais c'est ce dernier qui  est magnifique, renversant et impressionnant dans un rôle remarquable et époustouflant.

  • Friends with money de Nicole Holofcener °°

    Ce film aurait pu/dû s’appeler “Filles perdues cheveux gras”… mais ce titre était déjà pris. Il faut le savoir une bonne fois pour toutes, quand les américaines vont mal : elles n’achètent plus de shampoing. Voilà pour le message.

    Sinon, ben les trentenaires sont indécises, perturbées et seules. Les quarantenaires sont vieilles, insatisfaites et moches. Leur point commun ? Elles sont toutes hystériques et dépressives. Pour une fois, et c’est peut-être la première, c’est le casting masculin qui est bien à plaindre ici !

    Affligeant.

    Consternant.

    Navrant.

    Ah oui ! Tirelipimpom sur le chiwawa : Jennifer Anniston en femme de ménage !!!

    Un effort d’imagination je vous prie. Le cinéma c’est aussi ça : faire travailler l’imagination...

     

  • UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE de Davis Guggenheim ***

    une vérité qui dérange -

    Al Gore sillonne les Etats-Unis armé d’une conférence en béton  pour persuader le monde entier (il est allé partout, même en Europe et pas en France…) de l’urgente nécessité à réagir face au dérèglement climatique qui entraînera des perturbations météorologiques extrêmes.

     

    Contrairement à ce que j’ai beaucoup lu et entendu, Al Gore ne dit pas « pleurez avec moi en regardant ce que nous avons fait », il dit « agissez, il est encore temps même s’il est grand temps ». Je n’ai pas assisté au spectacle d’un homme désabusé qui sonnerait un tocsin alarmiste, fataliste et culpabilisant, mais le combat d’un honnête homme passionné (et passionnant) plein d’espoir. Ce film et cet homme ont un message urgent, essentiel et vital à faire passer et il passe car la démonstration est étayée d’explications, de croquis et d’exemples concrets qui ont déjà commencé à secouer la planète.

     

    Evidemment Al Gore est un show-man et alors ? Il est charismatique, plein d’humour et surtout un scientifique et un merveilleux pédagogue (le prof qu’on aurait rêvé avoir). Se souvenir également que cet homme a finalement été élu Président des Etats-Unis fait froid dans le dos ! Avec les idées qu’il a, son mode de raisonnement, sa volonté et son courage… beaucoup de choses seraient sans doute bien différentes aujourd’hui. Il aurait entre autre signé les Accords de Kyoto… En attendant, ça chauffe.

     

    Aujourd’hui plus personne n’ignore les actions qu’il peut mener au quotidien. Je vous invite donc à visiter les sites suivants www.climatecrisis.net,

    mais aussi celui d’un autre honnête homme qui propose des actions simples à mener, Nicolas Hulot et son Défi pour la Terre et celui à propos du Développement Durable.

     

    La terre est notre seule maison.

  • Transylvania de Tony Gatlif ***

    Zingarina parcourt la Transylvanie pour retrouver Milan qu’elle a aimé en France et qui a disparu. Elle le retrouve et il lui dit brutalement qu’il ne veut pas d’elle. Désespérée, seule et à demi-folle, elle se sépare de son amie Marie qui l’accompagnait et erre solitaire dans ce pays froid et hostile. Elle va rencontrer Tchangalo, homme seul comme elle mais libre ! Il va lui redonner confiance en la vie, en l’amour.

    Comme toujours Gatlif filme une histoire simple dans un tourbillon. C’est fou, poétique, totalement foutraque mais on est emporté par ce déchaînement lyrique grâce, en partie à la musique qui vous soulève et vous transporte. Dans ce pays de musiciens, on s’offre un orchestre comme on s’achèterait un CD chez nous. Un des personnages le dit : « la musique c’est pour la vie, pas pour se faire du mal ». C’est en chantant, en dansant que les personnages reprennent goût à exister et c’est beau, enivrant. On n’atteint pas le niveau de l’insurpassable (selon moi) « Gadjo Dilo » ni de « Exils », mais c’est du Gatlif, donc toujours meilleur que la moyenne ambiante. La sincérité, l’énergie, la folie, le rythme sont des arguments imparables. Et comme chez Kusturica, autre fou démesuré, on peut même croiser des ours sur la route.

    Quant aux acteurs, ils n’interprètent pas, ils SONT. Asia Argento qui ne fait jamais les choses à moitié… ne fait donc pas les choses à moitié, et Birol Ünel est fascinant.

    Un beau voyage enthousiasmant qui s’achève sur un lumineux sourire.

     

  • L’homme de sa vie de Zabou Breitman *** / °°

    L’homme de sa vie de Zabou Breitman *** / °°

    I – Le fond

    Frédéric et Frédérique s’aiment, se le disent et se le font. Ils passent leurs vacances dans un mas provençal avec toute leur famille (chimiste, chirurgien, mères au foyer parfaites, enfants huuuurlants…). Un soir, ils invitent leur voisin Hugo, homosexuel solitaire qui va bouleverser ce petit monde pétri de certitudes…

    II – Les acteurs

    Impliqués comme jamais et jusqu’à la moelle, ils forment un trio absolument irréprochable. Charles Berling, beau, sexy, troublant, mince et athlétique joue avec ambiguïté un homme blessé faussement sûr de lui. Bernard Campan voit toutes ses certitudes de macho bien installé s’effondrer une à une, dès qu’il comprend que l’amour est enfant de Bohême et qu’il peut frapper encore… Il est impeccable, tout fragile et perdu devant cette tornade, cette évidence. Léa Drucker, sublime actrice, pleine d’énergie et d’amour, se délite littéralement sous nos yeux !

    Les étoiles sont pour eux, car ils sont magnifiques, convaincants, troublants et vibrants !

    III – La forme

    Là, Zabou a joué un sale tour à ses acteurs. Elle ne leur a sans doute pas avoué qu’au montage, elle se mettrait les doigts dans la prise, se prendrait pour Bergman et/ou Malick, qu’elle jouerait avec les trucages et effets spéciaux (ralentis, accélérés, personnages arrêtés pendant que d’autres tournent autour pour expliquer, ombres chinoises etc..), les symboles (l’eau, l’air…) et les effets de style (la même scène revue plusieurs fois selon des angles différents par exemple) et j’en passe.

    Au final, on sort profondément excédé par ce machin boursouflé, chichiteux, intello et terriblement prétentieux, un devoir de fin d’études de première de la classe qui donne envie de shooter dans la pellicule. La réalisatrice aime la nature, le tango, la musique classique et ses enfants (gros plans interminables sur deux clones de Zabou, un garçon qui fait de la magie et mumuse avec un microscope, une fille qui chante et joue de la guitare…) et veut absolument tout dire, tout montrer en une seule fois (et pendant ce temps, le spectateur s’ennuie et se languit de Charles, Bernard et Léa…). C’est loooooong comme un jour d’été sans cigales… La belle histoire d'amour aurait suffi. Pourquoi Zabou l'a t'elle engluée dans une overdose d'effets de style répétés jusqu'à la nausée ?

    Comme le dit si bien Zabou quand tout se barre en sucette et se transforme en jus de boudin : « Il est grand temps de rallumer les étoiles » (c’est écrit, trois ou quatre fois sur l’écran !!!) pour

    « Se souvenir des belles choses »…

  • Le pressentiment de Jean-Pierre Darroussin**

    Charles, avocat, se désole de vivre dans un monde méchant où l’entraide et la solidarité ont disparu. Ne cherchez pas, ce n’est pas de la science-fiction on est bien en 2006 à Paris. Bourgeois nanti à héritage il rompt avec son milieu, son travail, sa famille (des frères et une sœur consternés de voir leur frère « devenu fou », une femme aristocrate insupportable et prétentieuse qui vit dans un appartement musée, un fils qui n’est peut-être pas de lui…) et part vivre, solitaire dans le quartier le plus populaire de Paris.

    Dans cet immeuble où tout le monde se connaît et s’épie il donne des conseils, prête de l’argent puis recueille une toute jeune fille dont le père a frappé un peu fort sur la mère !

    Très vite, il s’aperçoit que dans la France « d’en bas » comme dans celle « d’en haut »… le dévouement désintéressé est suspect, mal perçu et qu’il provoque des jalousies, des accusations infondées de la méchanceté… jusqu’à la révélation du « pressentiment ».

    Précédé de son indiscutable capital sympathie, il m’est impossible de dire le moindre mal du premier film de Jean-Pierre Darroussin, même s’il n’est pas toujours aisé de comprendre où est la frontière entre le « rêve », le fameux pressentiment et la réalité. Darroussin est le copain qu’on rêve tous d’avoir tant il incarne la douceur, la gentillesse assorties d’un humour désabusé qui fait toujours mouche. Ici, comme souvent il traîne sa carcasse désenchantée d’homme qui n’en peut plus et n’a plus guère d’illusions. Comme toujours il est parfait.

    Mention spéciale également à Valérie Stroh, si rare, et à Hippolyte Girardot impeccable qui, sourire ironique au coin des lèvres, semble vivre le rêve de son aîné par procuration.

     

  • A star is born !

    Le cinéma, c’est le 7ème Art… ce qui revient à dire qu’il y en a quand même 6 avant lui ! Néanmoins quel que soit ce que vous en attendez, les plaisirs y sont multiples et variés. Si vous êtes complètement allergiques aux adaptations d’oeuvres littéraires au cinéma, essayez de forcer votre nature, résistez et partez à la découverte d’un Acteur Majuscule car de telles évidences ne sont pas fréquentes et c’est bien beau et bien bon à vivre !

    Voici quelques mots pour vous présenter ce prodige donc, et tenter de vous convaincre. Il s’appelle Ben Wishaw (et je sais, il est beaucoup plus beau, beaucoup trop beau pour être Jean-Baptiste Grenouille. Néanmoins, IL L’EST). Il est né le 14 Octobre 1980 à Hitchin, Herfordshire, Angleterre.

    Issu de la Royal Academy of Dramatic Art, il obtient son diplôme au printemps 2003 et fait ses premiers pas au cinéma avant même d'intégrer cette prestigieuse école en interprétant dès 1999 des rôles secondaires dans le film « La Tranchée » de William Boyd, ainsi que dans le drame français de Michel Blanc « Mauvaise Passe »

    Il se partage ensuite entre petit et grand écran, et tourne ainsi en 2003 dans « Délire d’Amour » de Roger Michell, présenté en 2004 au Festival du Film Anglais de Dinard. Il fait ensuite une incursion dans le monde du théâtre en jouant sur la scène du National Theatre dans l'adaptation de la trilogie A La Croisée des Mondes de Philip Pullman.

    Nulle surprise qu’il ait été applaudi pour sa prestation dans une version revisitée d'Hamlet de Trevor Nunn, il en a la fièvre, le romantisme absolu et l’intensité.

    Il a rejoint le casting du biopic sur les Rolling Stones, pour lequel il incarne Keith Richards qui doit sortir prochainement en France.

    Pour le moment c’est dans l’adaptation du best-seller de Patrick Süskind « Le parfum » que l’on peut l’admirer et le découvrir. Ce rôle est pour lui une étape et une épreuve car il sait mieux que quiconque à quoi il s’expose en incarnant ce personnage qui a tant marqué les lecteurs !!!

    Je vous le répète, au-delà du film dont j’ai déjà dit tout le bien que je pensais, voir Ben Whishaw littéralement possédé par ce rôle gigantesque est une aventure en elle-même. Voir ce corps et ce visage frémissants, fragiles, délicats, vulnérables offrir une interprétation de cette intensité, de cette qualité est un des bonheurs que je réclame et que j’attends du cinéma. C’est exaltant !

    Excessive, moi ???

  • LE PARFUM de Tom Tykwer***

    le parfum -

    Serais-je brûlée en place publique pour sorcellerie car je l’avoue, j’ai adoré ce film palpitant dont je suis sortie le cœur battant une chamade peu commune ?

    Jean-Baptiste Grenouille est d’abord un bébé qui naît en 1744 à Paris, puis un enfant, puis un adulte dont personne ne veut et qui possède dès la naissance un don unique et surdéveloppé : son odorat. Sa misérable existence, il la traîne d’un orphelinat aux bas-fonds de la capitale où il devient esclave puis apprenti d’un maître parfumeur. Rapidement son but devient de mettre au point le parfum idéal dont l’ingrédient indispensable est l’odeur naturelle des jeunes filles… au teint de porcelaine et aux cheveux rouges ! Il devient serial killer, presque par hasard…

    Le film m’est apparu d’une beauté visuelle foudroyante avec une surabondance d’images étourdissantes. La musique omniprésente, excessive et démesurée (ce qui peut souvent être gênant et superflu) est le complément idéal de ce tourbillon de sensations. Passionnant de la première à la dernière minute, ce film est une surprise compte tenu de sa bande-annonce racoleuse et complètement à côté du sujet.

    Le plus injuste et le plus stupéfiant est que nulle part je n’ai lu d’hommage rendu à la performance hallucinante de l’acteur Ben Whishaw qui porte seul ce long film (trop court) sur ses frêles épaules. Je le ferai donc ici. Le premier exploit de ce jeune comédien de théâtre habitué aux textes est de réussir la prouesse d’incarner ce rôle d’autiste au corps martyrisé avec une rare économie de mots. Son interprétation frémissante de bout en bout le rend absolument fascinant. Le deuxième exploit est de faire de ce monstre incapable de la moindre émotion, un ange !

    Aller voir un film et se retrouver à découvrir minute après minute un acteur captivant est un voyage extraordinaire que je vous invite à faire !

  • Le Grand Meaulnes de Jean-Daniel Verhaege*

    Ah, les adaptations littéraires au cinéma !!! Celle-ci ne manque de rien et manque de tout. Il ne manque rien à la reconstitution d’une école de province au début du XXème siècle. Il manque par contre absolument tout au niveau du souffle et de l’émotion, car malgré l’hécatombe de personnages, on ne ressent rien. Seule la présence de Clémence Poesy laisse filtrer un léger frisson !

    Ceux qui ont lu le roman d’Alain Fournier ne retrouveront rien de la fougue d’Augustin Meaulnes et de la fascination qu’il exerce sur le jeune François Seurel… ceux qui ne l’ont pas lu ne comprendront pas les raisons et atermoiements des uns et des autres ! Raté.

    Par contre le casting est impeccable. Nicolas Duvauchelle, quoique trop vieux pour le rôle reste quand même juvénile et comme toujours fiévreux. Quant à Jean-Baptiste Maunier, sorte de Duvauchelle miniature, il a toujours son teint de pèche, son visage d’ange et son sourire qui fera craquer son fan club !