The Queen de Stephen Frears ***
Attention, Helen Mirren (prix d’interprétation à Venise amplement mérité) est… impériale !!!
Le titre de ce film est « The Queen » mais il aurait pu/dû s’appeler « Comment Tony Blair a rétabli la monarchie dans le cœur des anglais ! »… mais c’était trop long.
A l’annonce de la mort de Diana, le 31 août 1997, la Reine décrète qu’il ne s’agit en rien d’une affaire d’état mais d’une affaire privée, Diana ne faisant plus partie de la famille royale depuis un an et part dans sa résidence d’été de Balmoral !
Tony Blair n’est premier ministre que depuis trois mois mais prend toute la mesure de l’incroyable et relativement incompréhensible onde de choc et d’émotion qui submerge le monde entier et particulièrement les sujets de sa Majesté. Devant l’absence de réaction de la Reine qui ne fait aucun commentaire, ne met aucun drapeau en berne et refuse les obsèques nationales, l’opinion publique devient pour la première fois hostile à la famille royale. Dès lors, devant ce qui a débouché sur une véritable crise institutionnelle, Tony Blair va mettre tout en œuvre pour redorer le blason des Windsor amenant, très diplomatiquement, la Reine à rentrer de vacances, faire une déclaration publique à la télé où elle exprimera son chagrin et organiser des funérailles nationales. C’est tout à fait surprenant, curieux et fascinant vu de ce côté ci de la république !
La scène de trop est celle où Elizabeth, qui n’a pas versé une larme à la mort de Diana, s’effondre littéralement d’apprendre qu’un cerf a été tué !!!
Les divers entretiens téléphoniques et entrevues entre le premier ministre et la Reine sont de grands et beaux moments de cinéma où l’on découvre Tony Blair, absolument fasciné et attendri par cette femme qui a sacrifié sa vie à son peuple et au protocole. Entre eux, le courant passe et au-delà, beaucoup de respect et une sorte d’affection d’un fils virtuel pour une mère. Ce que ne manque pas de lui reprocher Cherie Blair, dépeinte ici comme une harpie d’une vulgarité peu commune. Autour d’Elizabeth, nous trouvons le Prince Philip, abruti patenté qui n’ouvre la bouche que pour prononcer le mot « chasse » et le Prince Charles, idiot pathétique, obsédé par l’attentat dont il pourrait être victime…
Mais ce qui emporte tout, ce sont les rapports entre la Reine et son Ministre faits de dureté, d’agacement, de discrétion mais aussi de beaucoup d’estime et d’émotion. On peut également être touché par cet aspect des choses qui marque la différence entre humilité et humiliation !
Une réussite.