Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur la Route du Cinéma - Page 396

  • BULLETIN N° 5 - Vendredi 15.10.2010

    J’ai l’impression qu’il va falloir qu’on se fasse à l’idée que la perm’ du week end va nous passer sous le pif. Ils feraient mieux de ne rien dire. On quémande : « i part le matin, i rentre le soir, et même pas on va à la piscine, c’était pour rire !!! », mais bon, Mouche avait de la fièvre ce matin, les plaquettes sont descendues à 80 000 et cette après-m’ on lui a arraché la sagesse comme prévu. Barbie interne a dit « si les plaquettes continuent de chuter… », alors nous on dit « euh, scuse Barbie docteur, mais passer de 100 000 à 80 000 c’est pas non plus la dégringolade de la mort !!! » qu’on dit… Mais bon, il faut encore qu’ils réfléchissent tous autant qu’ils sont ! On saura demain pour la perm’.

    Sinon, mon chéri d’amour est de plus en plus fatigué. Makache Composio aujourd’hui. Par contre Barbie dentiste était super copter, que même il lui a demandé son nom pour la pister et savoir où elle s’installera quand elle sera grande. Elle s’appelle Barbie Hello… ça nous a fait pouffer ! La sagesse est venue toute seule, à peine il a saigné et même pas il a eu mal.

    Le plus grand événement du jour est que copain Muller a fait popo sur son bassin et j’ai encore vu son fondement. Masque à gaz, alerte au feu, c’était du lourd… celui qui tient au corps. J’ai failli me vomir tous les chocolats que Sandrine et son Kiki avaient apportés… On a dû sortir, aérer et aller respirer l’air plus vert ailleurs ! Et ce soir, c’était potage aux champignons et les champignons, ça fait flatuler. Copain Muller est triste : pas une visite depuis qu’il est là. Y’a bien sa chérie (qui s’appelle Vincent… on comprend pas tout…) qui venait le voir tous les jours quand il était à l’hosto près de chez lui mais là c’est trop loin et personne veut l’amener et puis elle doit se faire opérer de la cataracte. Alors ils pleurent tous les soirs dans le téléphone. J’y ai rapporté son linge tout propre, il m’a demandé combien il devait pour la peine, j’ai dit « 800 euros ! », ça l’a fait rire. J’ai demandé si un copain pouvait pas lui amener sa chérie. Il a dit « tous mes copains, i sont morts ! Pis de toute façon, j’ai demandé UNE fois un service à quelqu’un, il m’a envoyé péter… mais ça lui a pas porté chance, il est mort dans sa camionnette ». J’ai eu Chérie Vincent au téléphone, elle me dit « vous connaissez pas mon fils ? Il habite pas loin de l’hôpital ??? ». « Non » que j’y dis « mais s’il habite pas loin de l’hôpital pourquoi il vient pas rendre une visite à copain Muller qui pleure après ses chats et ses oiseaux… et après toi aussi, Vincent »… Elle m’a répondu « ben j’en sais rien, mais mon fils est peut-être mort ! On ne me dit rien à moi ! Vous pensez pas que ma belle-fille aurait pu me prévenir si mon fils est mort quand même ? Et puis merci pour ce que vous faites pour copain Muller mais si ses parents avaient été plus gentils avec lui, il aurait pas attraper cette saloperie».

    « Je pense pas que ça ait quelque chose à voir ! » que j’ai fait. « ben si, ses parents l’ont fait travailler à 13 ans et ils lui donnaient même pas de sous. Mais son frère, ah ça, c’est sûr, lui il recevait des colis pendant son régiment… En tout cas moi, j’ai fait tout mon ménage, j’ai ciré mes meubles. Et quand on est allé au mariage de mon fils, l’autre fils a dit : « si tu vas au mariage, je te cause plus et je vais lui casser la gueule ». Bon, dites pas à copain Muller tout ce que je vous ai dit, je ne vous connais pas mais je vous fais confiance. Dès qu’il rentre de l’hôpital on se marie de toute façon.».

    Alors voilà.

  • BULLETIN N° 4 - Jeudi 14.10.2010

    Bon, je dois vous l’avouer, Hervé a fait une allergie maousse aux beurre plaquettes. Tout à coup soudainement, des plaques rouges, puis des pustules et des machins qui gonflent sont apparus sur tout le corps. Vous saviez qu’on disait UNE urticaire vous ? Pas moi. Comme une cruche j’ai toujours dit UN urticaire ! Bref. ça grattait, ça piquait, ça faisait mal alors évidemment Warrior s’est levé, en emmenant le pied à perf toujours, est allé faire pipi, puis s’est rendu dans le couloir pour dire « à l’aide Barbie… je me sens pas bien là ».

     

    Je vous vois venir avec vos gros sabots : « pourquoi il a pas sonné ? » vous allez dire. Et bien, je vous retourne le compliment…

     

    Donc, à moitié knock-out, il s’est affaissé sur une chaise qui passait par là et s’est approché tranquillou maxou du choc anaphylactique ! Ben voyons ! Alors qu’il ne pouvait plus ni parler, ni causer, ni rien dire… il entendait que ça s’agitait autour de lui et Docteur Maison ou je ne sais qui braillait : « on a une tension en dessous de 7 là… y’a quelqu’un qui peut vérifier la tension !!! ». On lui a balancé une « poche » d’antihistaminiques et deux heures plus tard, il refaisait surface.

     

    Ça craint un peu du boudin cette histoire là car si demain on doit lui charcuter la sagesse…

     

    ça va saigner et il aurait fallu lui retartiner du beurre. En tout cas, avec tout ça les plaquettes sont remontées à 100 000. Je rappelle à ceux qui ne relisent pas leurs notes que le taux « normal » se situe entre 150 000 et 400 000… Alors là, je vous dis pas comment il se pavanait dans les couloirs avec son taux de plaquettes en bandoulière.

     

    dentiste-rigolo.jpg

     

    Le moral est toujours au beau fixe mais la tension est à 9 donc Hervé est de plus en plus fatigué. Ça ne nous empêche pas de passer de super bons moments sur les huit heures, les meilleures de la journée, que nous passons ensemble… Et puis ça a du bon parce que maintenant je fais des super scores au Composio vu qu'il n'arrive même plus à comprendre les consignes !  

    J’ai ramené le linge sale de copain Muller à la maison parce qu’il n’a plus rien à se mettre. Alors du coup il est emballé dans une tenue d’hôpital… le modèle très échancré à l’arrière.

    bum.jpg

    Il n’a pas reçu une seule visite depuis 6 jours. Il est bien triste copain Muller.

     Demain, rendez-vous chez le dentiste donc à 15 h 30. J’espère qu’il décidera qu’il ne faut rien enlever.

     

    Pour la taille des bonnets : je n’en ai aucune idée, par contre, pourriez-vous m’aider à choisir mon masque ? 

    barbie-docteur1.jpgmasques-irina-blok.jpg

  • BULLETIN N° 3 - Mercredi 13.10.2010

    Où en étions-nous déjà ? Ah oui. Aujourd’hui, visite épique et hilarante au service « dentisterie » de l’hôpital. Deux Barbies Dentistes plus préoccupées par les échantillons qu’un commercial leur distribuait que par les ratiches des patients ont vu Hervé, patient du 7ème étage… et ça devait être la première fois de leur vie qu’elle voyait un mec malade, perfusé dans une chaise roulante. Bon, faudra quand même lui arracher un reste de dent de sagesse qui pourrait provoquer une infection. Ce sera fait vendredi.

    Le brancardier qui conduisait le convoi n’était pas la moitié d’une tâche et comme il avait disparu après le rendez-vous… Chéri en a eu sa claque de poireauter et il est rentré tout seul dans sa chambre en faisant de la F1 avec son caddie dans les couloirs.

    624_341_1283844472.jpg

    Ensuite y’avait échographie abdominale. Là, Choupinou a pris les choses en mains et a dit aux deux autres Barbies radiologues « c’est bon les filles, on m’a annoncé assez de mauvaises nouvelles comme ça, alors tenez vous le pour dit ». Du coup elles ont pas moufté et diagnostiqué « c’est bon, y’a rien ! ». Ouf.

    Sinon, les leucos sont à 18 000, l’hémo à 9.5 et les plaquettes à 20 000. On était pas fiers des résultats du jour. Et puis, alors qu’on faisait une partie de « Composio »

    composio2.jpg

    tranquilles comme Baptiste, j’y dis « mais pourquoi tu baves du sang là maintenant ? ». « Moi j’bave du sang ? Et puis quoi encore ? Je te demande pourquoi t’as du persil entre les dents ? » (ceux qui me connaissent savent que pour que j’aie du persil entre les dents, faut y mettre la botte entière !!!). J’ai appelé Barbie en chef qui a dit « et hop, une poche de plaquettes ». Je comprends pourquoi on dit plaquettes à présent. Je croyais que c’était rouge moi, comme du sang… Que nenni, c’est couleur pisse beurre !

    3875497022_b26fed06f9.jpg

    Et moi j’ai la peau tellement desséchée depuis que je séjourne dans cet hosto que je m’en serais bien tartiné le visage, genre mille-feuilles (c’est pas grave, vous pouvez pas comprendre).

    Sinon, il est très très fatigué mon ChouchouBou, de plus en plus même. Il avait perdu deux kilos mais là, on ne le pèse plus pourtant il s’était fixé comme objectif de les reprendre. Il a une « petite » tension de 10, mais plus de fièvre même si ça approche toujours plus ou moins 38. ça n’empêche pas qu’au moins une fois par jour on fasse une randonnée au rez-de-chaussée pour aller boire un café. Il met son masque et dès qu’on croise quelqu’un il se met à tousser gras, comme ça on a l’ascenseur pour nous tout seuls et on peut se rouler des pelles. Des fois on fait la sieste, si copain Muller (c’est le voisin de lit, il est raide dingue amoureux de moi) ne me demande pas d’aller lui chercher un truc ou un machin !

    Demain, c’est repos. Il n’a rien de prévu. Vendredi à part l’arrachage de dent de sagesse pourrite, y’a rien non plus. Et peut-être que s’il est sage il aura une perm’ samedi ou dimanche. Je me demande si on pourra aller à la piscine mais sinon, on trouvera quoi faire.

    Et lundi ou mardi ce sera parti pour quatre semaines d’isolement en chambre stérile. Mais toutes les Barbies et leur chef, ils disent qu'il est dans les meilleures conditions possibles pour commencer la chimio. Et il faudrait qu'on se plaigne ???

     

    Merci à tous pour vos petits mots, vos pensées et tout ça.

    Ce serait peut-être le moment de vous mettre à tricoter des bonnets…

  • BULLETIN N° 2 - MARDI 12.10.2010

    Bonsoir Tous,

    Premier résultat de la ponction : la LAM de mon chéri porte le numéro 1. M'étonne pas de lui !

    La plus gentille c'est la trois, mais la 1 n'est pas la plus méchante.

    Donc, c'est plutôt bien.

    Il faut maintenant attendre la suite qui nous donnera le résultat des aberrations chromosomiques. Je vous ai déjà dit que moins y'en a, mieux c'est.

    Après électrocardiogramme effectué sur une nouvelle machine toute neuve qui fait voir le coeur en 3D sans lunettes : il a un coeur de jeune homme. Franchement, y'a pas que le coeur, mais ça compte pas.

    Il n'y a pas d'infection tapie dans l'ombre, la fièvre (qui est tombée) proviendrait donc de la maladie-la-pute qui est à l'oeuvre.

    On garde les antibios quand même, ça mange pas de pain.

    Les leucocytes sont à 20 000 et les plaquettes à 25 000, c'est pas un bon score et il n'en est pas fier, mais cela semble stabilisé grâce à la chimio orale.

    Il a déjà perdu 2 kgs donc il va être de plus en plus sexy.

    Que dire encore ?

    Ah oui, la tension est maigrichonne mais stable aussi.

    La grosse chimio en chambre stérile pendant 1 mois démarrera vendredi selon la police, lundi selon les manifestants.

    C'est là que les grosses festivités vont commencer.

    Et je n'aurai droit qu'à 4 heures de visite pas jour... Dur ! Et en plus, il faudra que je me désinfecte, que je m'emballe dans un machin et que je nique mon brushing avec un béret du plus mauvais goût. ça craint, j'ai les cheveux fins, dès que je mets quelque chose dessus, ils deviennent électriques ! Et enfin aussi je vais me belphégoriser avec un masque sur le visage.

     

     

    masque-grippe-mexicaine_335.jpg

    Il paraît que les couples qui résistent à cette épreuve obtiennent la légion d'honneur et la croix du mérite.

     

    Une interne nous a tout bien expliqué. On va lui kärchériser l'intérieur pour que tout soit nickel chrome. ça va provoquer une anémie. Parfois il aura une petite transfusion de "rouge" ou de "plaquettes".

     

    On aurait bien aimé se faire un ptit gueuleton avant pour fêter ça... mais il n'a plus de défense immunitaire alors pas question de se mélanger à la plèbe microbienne. De toute façon, il s'allonge de plus en plus souvent rapport à la fatigue qu'il a.
    MAIS, il a le moral. Il dit que je suis son moteur et moi je dis que c'est lui... Alors quelqu'un a dit qu'on était une sorte de voiture hybride à deux moteurs, et tout le monde était content. C'était chouette.

     

    Voilà, nous avons décidé d'un commun accord avec l'équipe médicale qu'Hervé rentrerait à la maison. De toute façon, il y a beaucoup trop de jolies filles qui lui tournent autour. Il faut absolument que je le sorte de ce piège.

     

    Bises à tous.

    P.

  • BULLETIN N° 1 - Lundi 11 octobre 2010

    Des nouvelles de Mon Chéri d'amour.

    En gros. Je vais essayer de faire court car je deviens incollable sur la leucémie.

    Il y a une foultitude de sortes de leucémies, des vertes et aussi des pas mûres. Il y a surtout les chroniques qui se développent très très lentement, c’est ainsi que l’on peut rencontrer des personnes très gaillardes qui leucémisent depuis 10, 20 ans ou plus si vraiment affinités ! Et puis il y a les saletés qui virulent rapidement… en quelques jours.

    Donc, je ne peux pas vous dire que mon Chéri d’Amour avait ci ou ça… il pétait la forme, jusqu’à ce qu’il ne pète plus… et ça, ça ne lui ressemble pas ! Quand un gaillard se repose trois heures après avoir été debout un quart d’heure… on n’hésite pas longtemps à l’envoyer consulter, même s’il rechigne quand même pendant un jour ou deux en répétant « ça va passer » avant d’y aller. Quand on a l’aubaine d’avoir un toubib pas trop con qui, devant la mine et le teint décomposés de la bestiole l’envoie dare dare faire une analyse de sang longue comme un jour sans ciné et que le lendemain il vous appelle en vous disant « j’ai une chose pas sympathique à vous annoncer et je ne peux le faire au téléphone… », vous savez que ça va pas être du gâteau. C’est donc ainsi que l’on se retrouve sans plier les genoux au 7ème ciel étage d’un hôpital qui en comporte 11, au rayon des chauves au teint cireux !

    Les LAM (Leucémie Aiguë Myéloblastique ou Myéloïde…) sont au nombre de 7. Chacune porte un numéro. La 3 est la plus gentille. Hélas ce n’est pas celle là… C’est la seule certitude que l’on ait actuellement et les certitudes, c’est bon.

     

    J’ai dit que j’essaierais de faire court… Donc, les leucocytes ou globules blancs, on en a entre 1000 et 3500. Chéri en avait 12 000 vendredi, 16 000 samedi, 27 000 dimanche. Ça craint.

    Mais c’est « normal » (ils sont drôles les blouses blanches) c’est la maladie qui progresse.

    Le taux normal des plaquettes est de 150 000 à 400 000 par mm3, Chéri en est à 25 000 et contrairement aux leucos, c’est pas assez, faut pas avoir fait math sup.

    Autant dire qu’il est hémophile et que c’est pas le quart d’heure qu’il se coupe l’oreille.

    Aujourd’hui il a subi une ponction de moelle (c’est pas rigolo de se faire défoncer le buffet à coup de seringue !) en plus des trois ou quatre prises de sang par jour, et des diverses perfusions (antibios, glucose et machin pour laver son dedans…) qui lui font un joli entrelacs de fils divers.

    Avec un premier résultat de cette ponction, nous connaîtrons le numéro gagnant de la LAM. En attendant, ils ont commencé une chimio orale pour tenter de stabiliser les leucocytes qui étaient redescendues à 19 000 aujourd’hui. Halleluyah me direz-vous ? Pas du tout ! Il ne faut pas que ça se mette à descendre trop bas.

    Sinon, la tension était à 9 et des broutilles ce matin, elle est remontée à 10.7 en fin de journée. La température qui était de 38.5 hier est redescendue à 37.2 le matin (une vraie gonzesse).

    Ensuite, il faut attendre un autre résultat qui va se faire attendre au moins 10 jours !!! qui déterminera s’il y a ou non des anomalies chromosomiques. Plus il y en a, plus c’est grave !

    Euh pardon, moins il y en a, mieux c’est !

    Sauf cas d’urgence, la « grosse » chimio intensive débutera dès que ce résultat sera connu. Là, Hervé sera en chambre stérile pendant environ quatre semaines. La chimio durera une semaine. Tous les compteurs seront remis à zéro. C'est-à-dire que leucocytes et tout le tremblement seront au nombre de… zéro. C’est époustouflant mais on n’arrête pas le progrès.

    Les deux semaines suivantes laisseront place aux effets secondaires, autrement appelés « dommages collatéraux » qui feront que Chéri D’Amour va s’affaiblir, se faire la boulazed, avoir des nausées et peut-être vomir s’il se laisse aller. Puis, petit à petit les cellules, les globules et tous les machins vont se reconstituer tout seuls comme des grands. Il FAUT qu’ils soient en bonne santé et pas tout pourris comme actuellement, sinon, ça craindra derechef.

    Vous dire qu’Hervé est confiant n’étonnera pas ceux qui le connaissent. Il se sent rassuré par Monsieur le Professeur Feugier et par certains internes vraiment très ouverts, à l’écoute et surtout qui répondent franchement et sans détour à nos questions. Une interne lui a même « promis » qu’il sortirait de l’hôpital. Demain, je lui fais signer un papier à celle-là ! Il est très surveillé et, contrairement à moi, prend les choses au jour le jour. J’imagine que pour le personnel soignant, il doit être le genre de patient idéal, tellement il se comporte dans cette chambre comme dans la vraie vie : adorable, charmant, calme, drôle. Hervé quoi...

    L’option « humour » n’étant pas prévue dans le cursus médical manifestement, il prend parfois de gros rateaux avec son humour « alacon » mais ça nous permet de bien nous fendre la bobine par moments.

    A d’autres moments, on ne fait rien, on se repose, on joue à la bataille navale en se disant que ce jeu est vraiment con, au scrabble et dès que ça coince ou qu’on a les « grosses » lettres, on envoie tout balader, on regarde des photos parce qu’on adore regarder des photos, et on dit qu’on s’aime depuis toujours et pour toujours, et que franchement c’est pas juste, vu qu’on fait pas chier le monde pourquoi il faut qu’on soit si malheureux.

     

    Voilà.

    Je vous tiendrai au jus.

    Hervé vous remercie pour vos gentils messages qui l’ont beaucoup ému.

     

    Des bises.

    P.

  • TU CROYAIS QU’UN JOUR LA VIE ÇA DEVIENDRAIT ÇA ?

    Je me souviens de Meryl Streep posant (approximativement) cette question à Robert de Niro dans "Voyage au bout de l'enfer". Et bien j'en suis arrivée à ce jour précisément. Celui où il est impossible de cesser d'espérer que ce cauchemar éveillé prenne fin ! Un jour presque comme les autres s'achève brutalement comme l'un des pires jamais vécus.

     

    J'ai hésité à vous en parler et puis j'ai décidé que si, je le fais. Tant pis pour ceux que ça ne regarde pas, pour ceux que ça ne concerne pas, pour cette impudeur totale, moi qui jusque là étais stupéfaite de lire des blogs où l'on raconte sa vie, pour cette espèce d'obscénité un rien vulgaire, tant pis pour tout. Je sais aussi que je ne dois rien à personne, que je pourrais ne rien dire, ou faire comme si, ou faire de cette route une impasse. Je sais tout ça mais je ne sais rien encore, je n'ai pas décidé. Je n'arrive à rien décider. Je veux juste par ces quelques mots vous le dire une fois pour toutes à tous que je connais de plus ou moins loin et pour ne pas avoir à le répéter...

     

    Je pense que même si rien ne sera plus comme avant à partir de maintenant et pour un certain temps, je vais quand même tenter de continuer à aller voir des films et tenter aussi de vous en parler. J'essaierai...

     

    Depuis deux jours notre vie s'est brusquement accélérée ou ralentie, en tout cas elle a bizarrement basculé et notre vocabulaire s'est curieusement alourdi de ces mots entrés par effraction : urgence, cancer, hématologie, leucocytes, plaquettes, chimiothérapie… !

     

    Certains parmi vous ont la chance de connaître mon double, ma moitié, mon alter ego… et bien, une cochonnerie, Leucémie aiguë myéloblastique au nom bien prétentieux l’a terrassé jeudi et un marathon de six semaines d’hospitalisation en service confiné pour venir à bout de cette saleté a démarré hier !

    .....................................

     

    Finalement, en réunion avec moi-même au réveil, je décide d'ouvrir les commentaires que j'avais fermés par "réflexe". Simplement je vous demande :

     

    - de ne pas me donner d'exemples de "cas" que vous connaissez ou dont vous avez entendu parler ça va me faire chier et il n'y a que celui d'Hervé qui m'intéresse car chaque cas est différent,

     

    - de ne pas vous sentir obligés de me faire rire MAIS,

     

    - de ne pas me faire pleurer, les vannes sont wide open.

     

    Je transmettrai vos commentaires à Hervé (sans obligation de votre part à en laisser évidemment, ce n'est pas un concours) et je verrai comment il réagit.

     

    .....................................

     

    Mardi 12.

    Je publierai des nouvelles dans la rubrique élégamment intitulée Leucémie Aiguë Myéloïde (ne soyez pas surpris de la date, je place la note en fin... ou plutôt en début de blog), ici en haut à droite.

     

    24 heures sans pleurer... Je me paie même le luxe de vous offrir le message qui m'a le plus amusée jusqu'ici. Il émane de Jordane et il vaut son pesant de globules blancs je trouve :

     

    "Eh bah voilà, à pas nous écouter quand on te dit de regarder des séries américaines, tu vas rien comprendre à leur charabia, ma grande ! parce que dans la saison 3 de Grey's Anatomy, au niveau 13 ou 14, y'a une fille, elle a une leucémie... à moins que ce ne soit dans la saison 7 d'Urgence, épisode 4 avec Georges en gentil docteur...  ouais bah je sais pas, t'as qu'à tous te les faire, tu trouveras bien ;)"

  • MA SEMAINE AU CINEMA

    Pour retrouver mes avis, cliquez sur le titre des films.

    YOU WILL MEET A TALL DARK STRANGER de Woody Allen ****

    19489294.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100805_043600.jpg

    LAISSE MOI ENTRER de Matt Reeves **

    (pas eu le temps et le courage de faire l'article mais c'est pas mal du tout...)

    19178055_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20091002_110538.jpg

    SANS QUEUE NI TÊTE de Jeanne Labrune **

    19517835_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100929_045614.jpg

    TOUT VA BIEN, THE KIDS ARE ALL RIGHT de Lisa Chodolenko *

    19497067_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100820_060902.jpg

    AO, LE DERNIER NEANDERTAL de Jacques Malaterre °°

    19445640_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100510_012753.jpg

    MES COUPS DE COEUR

    isabelle_huppert.jpgjulianne-moore-091608-450p.jpgMark_Ruffalo_450711.jpg 

  • TOUT VA BIEN, THE KIDS ARE ALL RIGHT de Lisa Chodolenko *

    19485608_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100729_041359.jpg19485607_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100729_041359.jpg19485606_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100729_041335.jpg

    Nic, Jules, Joni et Laser (kiffez àdonf les prénoms, merci !) formeraient presque une famille Ricorée ordinaire avec soleil dès le petit déjeuner si les deux enfants de 18 et 15 ans n’avaient pour parents, non pas une, mais deux mamans. Imaginez un instant le cauchemar et revenons en au fait : Nic et Jules sont deux femmes qui s’aiment depuis 20 ans et ont eu deux enfants, une fille et garçon, par insémination artificielle. La semence provenant du même donneur. Il semble qu’avec l’avis du papa-bio, même 18 ans plus tard quand les moutards sont en âge de le faire, l’identité du mystérieux et généreux donateur puisse être révélée. C’est donc ce qui se passe lorsque Joni et Laser retrouvent donc sans difficulté la trace de leur « papa » qui accepte de les rencontrer. Le courant passe illico entre les trois avec plus ou moins de nuances et d'affinités. Les enfants vont avouer à leurs mamans cette cachotterie et elles vont à contre cœur accepter de recevoir l’éprouvette en se promettant de tout mettre en œuvre pour la faire fuir. Hélas (ou pas… on ne peut réellement se prononcer après avoir vu le film) les choses ne vont pas se passer tout à fait comme prévu et le papa va venir mettre une sacrée pagaïe dans le bon ordonnancement des choses.

    Tout cela est bien mignon mais je crois que le film qui parlerait d’une famille homoparentale, quel que soit le sexe des parents, reste à faire. Ici, les efforts sont louables pour nous prouver qu’un couple formé de deux personnes du même sexe ont exactement les mêmes attitudes, problèmes, façons de s’appeler «mon chou», «chérie» ou autres noms d’oiseaux, de se dire «c’est moi !!!» quand une d’entre elles entre, de veiller aux bonnes fréquentations des moutards, à la réussite des études etc… Mais pourquoi une famille fondée par deux personnes, filles ou garçons, du même sexe n’aurait-elle pas le « droit » d’être différente ou plutôt devrait absolument être identique aux autres ? Je n’ai pas compris cet acharnement.

    L’interprétation est certes nickel et pourtant je n’ai jamais été surprise, encore moins émue. Les enfants sont sages comme des images. L’homme de l’histoire, Mark Ruffalo, est macho juste ce qu’il faut mais pas trop, et se découvre une providentielle fibre paternelle. Julianne Moore est parfaite. Annette Bening est la seule à en faire des tonnes dans le registre lesbienne masculine (j’ai d’ailleurs toujours vu une actrice hétéro qui s’applique à jouer une homo). Et c’est finalement au garçon que revient la réplique la plus charmante et rigolote. A son « fils » qui lui demande pourquoi il a donné son sperme, il répond :

    « parce que c’est plus agréable que de donner son sang ! »

    Quant à la réalisatrice, elle ne sait comment se débarrasser de ce gêneur et achève son histoire à la fois dans la guimauve et la cruauté. Strange.

  • LAISSE MOI ENTRER de Matt Reeves **

    19529190_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101004_034932.jpg19529192_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101004_034933.jpg19529182_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20101004_034826.jpg

    Synopsis : Abby, une mystérieuse fille de 12 ans, vient d'emménager dans l'appartement à côté de celui où vit Owen. Lui est marginal, il vit seul avec sa mère, et est constamment martyrisé par les garçons de sa classe. Dans son isolement, il s'attache à sa nouvelle voisine qu'il trouve si différente des autres personnes qu'il connaît. Alors que l'arrivée d'Abby dans le quartier coïncide avec une série de meurtres inexplicables et de disparitions mystérieuses, Owen comprend que l'innocente jeune fille est un vampire.

  • YOU WILL MEET A TALL DARK STRANGER de Woody Allen ****

    19421423.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100415_042950 (1).jpg

    19500914.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_105810.jpg

    19500919.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20100901_105821.jpg

    C'est à Londres que se situent les aventures à la fois quotidiennes, ordinaires et extraordinaires de 8 personnages dont les destinées vont se croiser,  converger ou s'éloigner. Un septuagénaire se réveille un matin terrifié à l’idée de mourir bientôt. Il quitte sa femme vieillissante pour une bimbo blonde et sans cervelle alors qu’une « cartomancienne » prédit à la délaissée qu’elle va rencontrer un sombre et bel inconnu… La fille de ce vieux couple perd les pédales, amoureuse de son patron qui ne la remarque pas, alors que son mari, écrivain raté se met à lorgner sur la fenêtre de l’appartement d’en face où une jolie fille en rouge, pas loin de convoler, joue de la guitare… 

    Des histoires de couples, d'amour, de sexe, de désir, d'ambition, de déceptions... des erreurs, des quiproquos, des malentendus, des infidélités, des injustices. Beaucoup d'incertitudes, de tergiversations, de lâcheté, de cruauté. Le tout enrobé, pimenté, entortillé, noyé dans un flot de paroles fiévreuses mais toujours d'une justesse et d'une utilité incontestables. Oui, les personnages de Woody parlent beaucoup. Ils s'expliquent, se justifient. C'est rythmé, nerveux, vigoureux, pétillant avec toujours, au bord de l'éclat de rire, cette inquiétude propre au petit bonhomme assez génial qu'est ce grand réalisateur. Dans cette frénésie de dialogues, de rebondissements en tout genre dont un ABSOLUMENT GENIAL, véritable pirouette inattendue qui concerne Josh Brolin l'écrivain et un de ses amis victime d'un accident... et cet autre où un mari (Josh Brolin encore) emménage chez une splendeur (la sublime Freida Pinto) qu'il a longuement observée depuis la fenêtre de son appartement et qui se retrouve à observer la femme qu'il a quittée (Naomi Watts) depuis son nouvel appartement. En un plan vraiment astucieux et magistral, sans effet ni parole cette fois, il nous démontre la bêtise des hommes (en tant qu'humanité) qui s'obstinent toujours à imaginer, que l’herbe verte ou la vraie vie est ailleurs... 

    Ce film lumineux, plein de drames, de folie, de douceur et d'humour est un grand grand cru qui m'a rappelé l'époque bénie des "Annie Hall" et "Manhattan", pas moins. C'est totalement euphorisant de voir qu'un réalisateur de cette trempe et de cet âge puisse encore innover tout en imprimant son incontestable et tellement reconnaissable virtuosité. Et beaucoup d'allégresse aussi, de délicatesse pour démasquer les failles et fêlures humaines et nous démontrer la vanité, la fragilité des illusions, des apparences. 

    Quant à la direction d'acteurs, elle est à l'image du reste, virtuose et irréprochable. Woody tire le meilleur de cette toute nouvelle troupe d'acteurs qui se montrent tous à la hauteur de l'honneur et du bonheur de travailler avec lui. L'inconnue Lucy Punch, véritable fantasme ambulant, tout en jambes, en cheveux, en minceur qui a comme son nom l'indique beaucoup de vigueur et de vitalité est LA révélation irrésistible de cette histoire pleine de bruit et de fureur, "much ado about nothing", "très dramatique et très comique", (comme nous le disait Woody en personne et en français en juillet dernier où il a fait l’ouverture du Festival Paris Cinéma) où il est également question de réincarnation et de vies antérieures... Mais grâce soit encore rendue à Woody de permettre à Anthony Hopkins de redevenir le merveilleux acteur qu'il a su être, sans excès ni cabotinage. 

    La musique qui accompagne, dès le générique, est comme toujours un régal permanent...

    Mon seul regret est que Woody s'estime désormais trop vieux pour s'accorder des rôles dans ses propres films. Mais sinon, bravo, bravo et encore bravo et une standing ovation !

     

    Si vous ne l'aviez pas vue en juillet, voici la petite vidéo que j'avait faite de Woody à la soirée.