LES AMOURS IMAGINAIRES de Xavier Dolan ***
C'est avec un grand bonheur que je peux affirmer que ce jeune incroyable surdoué prodige québécois (il a 20 ans) confirme tout le bien que l'on pense de lui. Il faut dire qu'il avait placé la barre lui-même très haut avec son premier long métrage "J'ai tué ma mère", l'un de mes gros coups de coeur de l'année dernière. Même s'il s'employait à brouiller les pistes, j'y avais vu une déclaration d'amour bouleversante à la mère. C'est comme si Xavier Dolan était une nouvelle vague à lui tout seul. Comme s'il avait ingurgité et digéré TOUT le cinéma qu'il aime pour en faire la synthèse tout en lui imprimant sa patte déjà et désormais indentifiable. Il persiste et signe avec ces amours là plutôt déjantées, absolument hilarantes et pourtant non dénuées d'anxiété. C'est cruel, troublant et parfois insensé, comme l'amour. Les références cinéphiles pleuvent et sont facilement repérables, Audrey Hepburn et James Dean étant au centre de ce triangle isocèle.
Francis et Marie sont amis. Au cours d'une soirée, ils font la connaissance de Nicolas dont ils tombent tous les deux amoureux. Lors de la compétition pour s'attirer les faveurs du bellâtre, tous les coups (bas) sont permis. La belle amitié de Francis et Marie y résistera t'elle ?
Qui n'a pas connu ce désespoir amoureux où l'objet de toutes vos pensées s'obstine avec plus ou moins d'innocence à vous envoyer des signaux pas toujours bien identifiés, ces longues minutes/heures à attendre en vain que le téléphone posé sur les genoux sonne, et puis les erreurs, les quiproquos, les petites hontes, les grosses gaffes, l'obstination à voir un être hors du commun dans un personnage finalement plutôt fade et ordinaire... ne sera peut-être pas sensible aux affres que traversent Francis et Marie ? Mais le film n'est pas que cela et si le fond est indéniablement tourné vers la quête obsessionnelle de l'amour, la forme, sophistiquée, singulière, lumineuse avec des plans travaillés, des ralentis toujours wongkarwaïens, la musique omniprésente et essentielle ajoutent au plaisir constant.
Xavier Dolan, est acteur, réalisateur, producteur, monteur de son film. Il s'est également chargé de la conception des costumes. Incontestablement imprégné de la nouvelle vague, du cinéma de Christophe Honoré (et le clin d'œil final de Louis Garrel qui tournera dans le 3ème film du réalisateur et dont l'acteur Niels Schneider qui joue Nicolas ici en est la version blonde est là pour le confirmer), les films de Xavier Dolan sont pourtant infiniment personnels, originaux, singuliers et différents.
Les dialogues brillants et pittoresques mériteraient tous d'être cultes. Si j'ai trouvé l'objet des fantasmes Niels Schneider particulièrement fade, il n'en va pas de même de Xavier Dolan très beau, excellent acteur n'hésitant pas avec un certain masochisme à ne pas toujours se montrer sous son meilleur jour. Mais la révélation Monia Chokri devrait être LA raison définitive et suffisante de courir voir ce film. Elle est EXTRAORDINAIRE.