Mensch de Steve Suissa **
Sam est un expert dans sa branche : casseur de coffre-forts. Il a un ami et complice qui est aussi son chauffeur sur ses cambriolages, Tonio. Très proche de sa famille juive très unie et parfaitement au courant de ses activités, Sam a la garde de son petit garçon. Il n'a jamais connu son père dont on lui a dit qu'il était mort trois mois avant sa naissance. Il semble surtout très lié à sa mère et à son grand-père qui aimerait qu'il le rejoigne dans son entreprise familiale. Enfin, il débute une relation amoureuse avec une jeune femme rencontrée quelques mois auparavant mais qui s'étonne de ses mystères et de ses absences.
A ce tournant précis de son existence et suite à une série d'événements et de révélations en cascade, Sam va devoir faire des choix, prendre des décisions et tenter de devenir, comme lui a toujours demandé son grand-père, un mensch, autrement dit en langage yiddish : un homme bien !
L'avantage avec les films dont on a strictement rien lu est qu'il recèle beaucoup de surprises, on ne s'attend à rien et on se laisse porter. Je dois dire que je suis allée le voir sans rien en savoir attirée par son très séduisant casting : Nicolas Cazalé, Sami Frey et... oui, Anthony Delon. Et je n'ai pas été déçue car l'interprétation en est l'un des évidents atouts. Quant au film lui-même, il n'est pas aussi fiévreux que son trio d'interprètes principaux, mais il est largement aussi ténébreux. Il se dégage du Paris hivernal la nuit, loin des habituels ou fréquents et trop faciles clichés touristiques, une atmosphère mystérieuse et on a des les premières images la certitude que rien ne se passera comme prévu. La menace suinte à chaque scène, le danger guette. On sait à peu près rapidement d'où ou plutôt de qui il va surgir mais on doute, on redoute de découvrir sur qui il va s'abattre.
Sans action spectaculaire, relativement nonchalant même et malgré quelques facilités scénaristiques les quelques jours dans la vie de ces "mensch" est un film plus que recommandable bien que trop sage. Cela dit je le répète, retrouver Sami Frey, sa voix douce et caverneuse, sa mélancolie, sa colère, sa tristesse face à Nicolas Cazalé chien fou désorienté, et les surprendre en larmes tous les deux, vaut bien le détour.
Quant au voyage je l'aurais de toute façon fait pour Anthony Delon dont je souhaite toujours que les réalisateurs se l'arrachent. Mais j'imagine qu'au lieu de le servir, sa voix, son regard, son visage, sa démarche, ses expressions... sont plus un handicap pour lui. Dommage car il a tout d'un grand.