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Sur la Route du Cinéma - Page 478

  • Le crime est notre affaire de Pascal Thomas *(*)

    Le Crime est notre affaire - André Dussollier et Catherine Frot Le Crime est notre affaire - André Dussollier

    Bélisaire et Prudence Beresford sont à la retraite dans leur immense maison savoyarde. Mais Prudence s’ennuie ferme. Heureusement, la vieille tante Babette qui vient leur rendre visite assiste à un crime qui a lieu dans le train qui croise le sien. Cela permet à Prudence de reprendre sa loupe de détective. Sans avertir son mari, elle se fait engager comme cuisinière dans la famille Charpentier qui vit dans un sinistre château plein de pièces mystérieuses, et dont elle soupçonne chaque membre.

    Le plus réjouissant dans l’histoire n’est pas l’enquête ou l’intrigue mais le duo vedette qui s’en donne à cœur joie et nous réjouit par la même occasion. Toujours amoureux malgré le temps qui passe, le couple n’en finit pas de se faire des niches et chahuter en ricanant comme des gamins. Catherine Frot (délicieuse) et André Dussolier (tendre et ronchon) font ça à merveille. Il faut aimer ces deux acteurs pour apprécier  ce film un peu poussiéreux mais charmant, car en dehors de leur prestation délectable, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent et même les autres acteurs semblent particulièrement absents.

    Mais si vous voulez voir, entre autre, André Dussolier en kilt rejouer la scène de « 7 ans de réflexion » dans laquelle la robe de Marilyn se soulevait au-dessus d’une bouche d’aération, foncez . Moi, j’ai trouvé ça tordant.

  • Blindness de Fernando Meirelles *

    Blindness - Mark Ruffalo et Julianne Moore

    Une « épidémie » de cécité s’abat sur une mégalopole anonyme qui ressemble à New-York ou Tokyo. Les autorités, dépassées par l’ampleur de l’événement, font mettre en quarantaine tous les « malades » dans des baraquements insalubres. Pour ne pas quitter son mari atteint de l’étrange mal, une femme qui voit toujours, se laisse enfermer à l’insu de tous. Les cas se multiplient et la cohabitation se transforme très rapidement en lutte pour la survie.
    Dommage qu’une morale à deux balles (les hommes confrontés à l’apocalypse se transforment immanquablement en monstres barbares, les humains se regardent mais ne se voient pas…) parce que le sujet en or aurait dû inviter à une belle réflexion. Mais tout tourne rapidement à la répétition et à la caricature (par exemple, dans le groupe de tête on trouve quelques noirs, quelques jaunes, quelques blancs, un hispano, une pute, un enfant, un couple qui se dispute, un couple qui s'aime…). Emaillé de quelques jolies scènes et parfaitement interprété (sauf par Gael Garcial Bernal : R.I.D.I.C.U.L.E. parce que manifestement pas à l’aise dans un rôle de méchant!), le pire de ce film sur un univers concentrationnaire où l’homme finit par devenir un loup pour l’homme est à peine flippant...

  • Une lettre oubliée…

     

    Cher Guillaume,

    Savoir que tu ne souffres plus n’est pas une consolation. Pour personne. Et ce matin, je pense à Gérard qui t’aimait, qui n’a jamais réussi à t’en convaincre, à Elisabeth si discrète, à Julie qui s’illuminait quand elle prononçait ces deux petits mots « mon frère ». Je pense à tes parents et à ta sœur, sans aucun doute terrassés.

    Tu étais « programmé pour la guerre » disais-tu et au-delà de tout ce que tu lui as fait subir, alcool, drogue, prostitution, prison, accidents, multiples opérations… ton corps supplicié, couturé de partout criait sa souffrance, son désarroi et ses luttes. Et pourtant tu te relevais de tout, toujours. Aujourd’hui, on est un peu stupéfait d’apprendre qu’un jeune homme peut encore mourir d’une pneumonie… foudroyante.

    Tu étais doué, surdoué pour la musique, le chant, tu composais aussi, tu allais réaliser ton premier film, tu avais écrit un opéra et chacune de tes apparitions au cinéma était un émerveillement. Mais pour la vie tu étais inadapté, mutilé à tout jamais. Tu ne sembles jamais avoir réussi à te relever vraiment de l’ombre du géant qui pesait sur tes larges épaules toujours un peu voûtées. Il émanait de toi beaucoup de rage, de colère et de fièvre mais aussi dans ta voix, dans ton regard une infinie douceur fascinante, ensorcelante. Beaucoup de tristesse aussi. Tu étais si beau, si ténébreux, si mystérieux.

    Quand tu es apparu au cinéma, tu avais l’air d’un ange dans « Tous les matins du monde » à 20 ans. Tu as toujours gardé au-delà des épreuves, cet aspect et ce visage juvéniles et je t’ai toujours associé à l’image du Petit Prince.

    Tu semblais pour mon plus grand bonheur, redonner un grand coup d’accélérateur à ta carrière cinématographique, et artistique en général ces derniers temps avec une foule de projets en cour. Tout s’interromp mais j’ai encore bien en tête l’un de tes derniers films que tu as littéralement embrasé de ta ténébreuse présence et pour lequel je t’avais « traité » d’acteur phénoménal, « Versailles » et ton rôle d’homme des bois solitaire. Douloureux toujours, mais vivant encore.

    Mais non, savoir que tu ne souffres plus n’est pas une consolation, mais je te jure de ne jamais t’oublier.

  • La loi et l’ordre de Jon Avnet °

    La Loi et l'ordre - Robert De Niro et Al Pacino

    Tom et David sont deux flics-co-équipiers new-yorkais (plus tout jeunes) et aussi amis alavialamort depuis des lurettes. Un tueur en série laisse des poèmes sur ses victimes : ça les agace, ils sont là pour faire régner la loi et l’ordre tout de même. L’enquête les mène à l’idée que peut-être éventuellement le tueur serait flic. Ça les énerve vraiment.

    Que peut-on attendre d’un film au titre aussi con, à l’affiche aussi moche et au sous-titre aussi ringard « La plupart des gens respectent l’insigne. Tout le monde respecte le flingue » ? Eueueuh, je sais pas moi, revoir Bob et Al ensemble peut-être ? Bingo ! Sauf que la rencontre mythique a déjà eu lieu et que donc là, il ne reste pas grand-chose à voir même si incontestablement Al (qui n’en est plus à une fantaisie capillaire) semble se donner un mal de chien pour apporter un semblant de connivence au duo alors que Bob grimace à se faire péter les maxillaires. Les deux stars grasses du bide et plissées comme des shar-peïs se tapent dans le dos, se font des sourires, des clins d’œil, se disent qu’ils s’aiment, qu’ils s’admirent, que l’un est le modèle de l’autre et si tu crois pas celle-là, je t’en raconterai une autre... Au début, c’est marrant et puis ça devient consternant. La scène finale qui essaie tant bien que mal (plutôt mal évidemment) de lorgner du côté de « Heat » est grotesque.

    Quant à l’histoire, quand on y comprend quelque chose, on s’en cogne. Pour ceux qui iraient quand même assister au naufrage de ces deux stars qu’on a tant aimées, vous pouvez toujours chercher à décider laquelle des deux vieillit le plus mal… Moi je dis Robert.

    P.S. : en dernier recours vous pouvez aussi tenter de trouver de quel mot AVNET (nom du réalisateur) est l'anagramme...

  • Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen

    Vicky Cristina Barcelona - Javier Bardem, Penélope Cruz, Scarlett Johansson et Woody Allen

    Moi “allenienne” de la première (ou de la deuxième...) heure, qui ai tout vu, tout absorbé de Woody, qui ai toujours clamé qu’un « petit » Woody était quand même TOUJOURS nettement au-dessus de la production générale, je déclare ne pas avoir aimé ce « Vicky Cristina Barcelona » (quel titre couillon aussi, j’aurais dû me méfier). En fait, c’est impossible que je me méfie car je vais voir TOUS les Woody, comme tous les films de certains autres, quasiment les yeux fermés… enfin, je me comprends. Disons que je ne lis rien et me fiche comme d’une guigne de ce que le monde en pense. J’y vais, c’est Woody. Cette fois, la seule, la première, la dernière j’espère, ce n’est même pas que je me sois endormie, pire : je me suis ennuyée. Et ferme, et assez rapidement.

    Pourtant je crois que j’ai bien compris l’histoire, de toute façon au moindre doute, une insupportable et quasi ininterrompue voix off est là en permanence pour expliquer ce qui se passe à l’écran, ce que les personnages pensent, croient, imaginent, espèrent. Ça peut aider mais quand tout est aussi linéaire, ça agace plutôt. C’était pour moi EXASPÉRANT.

    J’ai compris que l’amour c’est pas rose tous les jours, qu’il faut faire des choix, qu’on ne fait pas toujours les bons, que dans ce cas on risque de passer une vie de tristesse et que même quand on est sûr de ce qu’on ne veut pas, on n’est pas forcément heureux et blablabla.

    Alors pourquoi ça n’a pas pris sur moi ? A vrai dire je n’ai pas vraiment l’explication. Je sais que les attermoiements sexuelo-sentimentaux de ces insatisfaits chroniques (Vicky est sur le point de se marier mais tombe amoureuse de Juan-Antonio, Cristina couche puis vit avec Juan-Antonio qui aime toujours son ex-femme suicidaire qui débarque etc) ne m’ont jamais émue. Si aucun personnage n’est antipathique, aucun non plus n’est vraiment touchant et ça m’a gênée. Ils sont pourtant tous « géniaux » on nous l’affirme, en peinture, en photographie en littérature. Et moi je n’ai vu que de oisifs bourgeois frustrés et inquiets qui n’ont plus rien à voir avec les sublimes névrosés new-yorkais qui pétaient aussi dans la soie certes mais avec tant de vivacité, d’intelligence et d’humour que ça les rendait fascinants et drôles. Ici, je n’ai pas ri, pas une fois, pas été émue, jamais.

    Cela dit, si Vicky (Rebecca Hall) est plutôt fade, Penelope Cruz « horripilamment » hystérique, Javier Bardem est très bien et Scarlett Johansonn très très bien.

    Dernière chose, comme Woody je suis convaincue que l’amour c’est primordial, vital…Je sais, ça n’explique ni n’excuse mon rejet de ce film. J’en suis la première surprise et la déception est à la hauteur de l’attente.

  • DE LA GUERRE de Bertrand Bonello °°°

    De la guerre - Mathieu Amalric

    En repérage dans un magasin de pompes funèbres pour son prochain film, le réalisateur Bertrand (mouarf, trop drôle !) se fait malencontreusement enfermé dans un cercueil. Contrairement à Black Mamba, il n’a pas été éduqué à l’art d’ouvrir un cercueil avec les doigts, il est donc contraint d’y passer la nuit. Brrrr, j’ai peur. Lorsqu’il sort le lendemain, il est un peu choqué et souhaite retrouver l’état d’hébétude dans lequel il était. Ça tombe bien, Mathieu Amalric a pile poil le regard qu’il faut pour jouer l’hébétude pendant deux heures dix (c’est long !). Bon, il veut bien retrouver cet état mais il ne veut pas repasser la nuit dans le cercueil parce qu’en plus, c’est con, il ne sait pas nager. Mais, la vie est parfois bien faite et il rencontre TrucMuche (c’est Guillaume Depardieu, et malgré tout sa présence est toujours magique, c’est comme ça) qui lui dit « suis moi mon gars, j’ai ce qu’il te faut ». Et voilà notre Bertrand intégré dans une secte « bienvenue mon frère » dont la devise est « quand on ne jouit pas on se repose » avec à sa tête, une allumée qui se bande les seins avant de composer des morceaux abscons sur son orgue bontempi (Asia Argento, comme d’hab’, fatigante et toujours phonétiquement incompréhensible).

    La vie dans le château, oups pardon « Le royaume » est simple : on boit, on dort, on danse, on écoute la chef lire des textes pornos en se carressant le bras, on écoute Mozart en prenant des poses alanguies, on assure qu’on est joyeux (alors que tout prouve le contraire et surtout la gueule d’enterrement que tout le monde tire). Parfois toute la clique se rend dans les bois et entre en transe jusqu’à tomber au son de musiques tribales, ou se met à ramper en treillis dans la boue, ou à se tirer dessus dans des tranchées improvisées.

    C’est la guerre, bordel ! Vous avez lu le titre ou il faut que je vous fasse un dessin ?

    Parfois aussi, un jeune gars se suicide mais ce n’est rien, on le fout à l’eau pour s’en débarrasser… Des trucs chouettes quoi.

    Soudain, Bertrand/Mathieu se transforme en Martin Sheen et veut tuer le colonel Kurtz. Alors, on entend la voix de Marlon Brando et Michel Piccoli se lève de son lit pour dire qu’il est le Messie. Aurore Clément pique sa crise parce qu’elle se souvient qu’elle a tourné dans « Apocalypse Now » mais que toutes ses scènes ont été coupées au montage. Bertrand tue le Colonel Kurtz qui fait des bruits de lion et du coup il devient Capitaine alors qu’il ne fait même plus partie de cette putain d’armée.

    En fait, le seul grand malheur de Bertrand, il le dit à plusieurs reprises « c’est de ne pas savoir chanter » et surtout de ne pas chanter comme Bob Dylan. Mais je vous jure la vie c’est que du bonheur. A la fin, il écoute son poste et qui c’est qui chante dans le poste ??? Bob Dylan.

    Quelque chose a dû m’échapper car je me suis retrouvée dans le même état que lorsque j’ai vu « Inland Empire » de David Lynch. Un peu énervée. Mais les lapins de Lynch m’avaient fait rigoler, le lapin de Bonnello ne m’a pas fait rire du tout. Et au fait, pourquoi ne s’applique t’il pas la réplique qu’il fait dire à son acteur « tout le monde fait des films alors ça va, pas un de plus » ?

  • Cliente de Josiane Balasko **

    Cliente - Nathalie Baye et Eric CaravacaCliente - Nathalie Baye et Josiane Balasko

    Cliente - Eric Caravaca et Isabelle Carré

    Judith a la cinquantaine resplendissante des femmes sûres d’elles et elle est responsable d’une petite entreprise qu’elle mène de main de maître avec sa sœur, amie et confidente Irène : une émission de téléachat. Toutes les deux ont un point commun : elles ont trop souffert en amour. Alors qu’Irène attend toujours l’amour avec un grand Ta, Judith a choisi de payer pour rencontrer des jeunes gens, prendre du plaisir avec eux et que ça s’arrête là. L’amour sans les ennuis qui vont avec, c’est pas mal. Elle devient la cliente régulière de Marco/Patrick marié et amoureux de sa femme, Fanny. Cette dernière n’est pas au courant de la manière dont son mari ramène l’argent à la maison et surtout pour payer les traites de son salon de coiffure. Lorsqu’elle l’apprend, tout est bouleversé. L’amour s’en mêle !!!

    Les bonnes intentions (et les bons sujets) ne font pas les grands films. C’est le cas ici. Malgré ce qui agace un peu : le choix de la musique (un rap assourdissant et une chansonnette débile des années 60 ou 70 que vous aurez en tête jusqu’au lendemain parole d’honneur !!!), la place considérable prise par les seconds rôles qui n’apportent RIEN à l’histoire mais l’encombrent en l’alourdissant (la co-animatrice sosotte qui change de fiancé comme de déprime, l’ami qui fait des chantiers, l’assistant homo…), certaines scènes répétitives de repas dans une HLM de banlieue qui tournent immanquablement à la bagarre rangée, une escapade en Arizona très jolie mais inutile… et la voix off des personnages principaux qui nous commentent ce qu’ils pensent alors que les merveilleux acteurs présents à l’écran nous les exposent clairement. Et bien malgré tout ceci c’est quand même l’impression de sympathie qui l’emporte. Car lorsque Josiane se concentre sur les rapports des 4 personnages principaux, elle fait souvent mouche. De belles scènes drôles, réalistes et émouvantes entre les deux sœurs démontrent la complicité de deux actrices aussi différentes et talentueuses que Josiane Balasko et Nathalie Baye. Isabelle Carré, qui semble pouvoir tout jouer, est ici une petite balieusarde amoureuse, perchée sur des talons de 15 centimètres très surprenante.

    Mais surtout c’est entre Judith (Nathalie Baye, exceptionnelle) et Marco (Eric Caravaca, adorable) que tout se joue. Leurs scènes, malgré le sujet qui aurait pu être graveleux, sont pleines de justesse et de délicatesse. Il est dommage que la réalisatrice se soit éparpillée au lieu de se concentrer sur eux mais au final, c’est un film d’amour (celui qui n’a pas d’âge…) où personne n'a le "mauvais" rôle, qu’elle nous offre avec son cœur de midinette gros comme ça.

  • Séraphine de Martin Provost ***

    Séraphine - Yolande MoreauSéraphine - Ulrich Tukur et Yolande Moreau

    Séraphine s’épuise à « faire des ménages » chez des bourgeois qui la méprisent dans un village où à peu près tout le monde se moque d’elle. C’est vrai qu’elle est étrange, qu’elle imprime de son pas lourd la campagne pour grimper et parler aux arbres et aux oiseaux, qu’elle se baigne nue dans la rivière et qu’à l’église elle parle à la Sainte Vierge. Séraphine s’en fiche, elle a une passion, un secret. A la nuit tombée, elle peint dans sa chambre minuscule en chantant des chants grégoriens. Autodidacte mystique et solitaire qui trouve son inspiration chez les anges qui animent son imagination, elle fabrique sa peinture elle-même à base de boue, d’huile, de sang et peint des fleurs, des fruits, des oiseaux sur des planches de bois. Elle devient par hasard la « bonne » du collectionneur allemand Wilhelm Uhde (qui lui aussi à un secret) en 1912. Il n’est autre que le premier acheteur de Picasso et le découvreur du Douanier Rousseau. Lorsqu’il va remarquer une petite toile peinte sur bois, ce marchand d’art visionnaire va immédiatement déceler le génie de son auteure, stupéfait d’apprendre qu’il s’agisse de Séraphine. Au début réticente, elle va finalement admettre que l’homme aime réellement son travail. Il va l’aider, l’encourager, la financer, mais la guerre éclate et Uhde est contraint de regagner l’Allemagne à la hâte. Séraphine va continuer à peindre dans le plus grand dénuement. Ils ne se retrouveront qu’une quinzaine d’années plus tard… l’aventure de Séraphine se poursuit mais de plus en plus dévote et exaltée elle sombrera dans la folie.

    Malgré la misère et le désespoir qui enveloppent le destin hors du commun de cette artiste inconnue (de moi en tout cas) on respire, on s’éblouit et on espère tout au long du film car Martin Provost nous promène longuement, langoureusement dans une campagne somptueuse qui décline toutes les nuances du vert indissociable de la vie, de la résistance et de la patience de son héroïne. Je suppose qu’il doit beaucoup à son étonnante et magique interprète, Yolande Moreau qui incarne avec force, humilité et toute la grâce poétique qu’on lui connaît cette femme artiste incomprise, inspirée et supra-sensible. Sa relation avec le personnage de Uhde et l’acteur Ulrich Tukur faite de reconnaissance et d’admiration réciproques porte l’émotion à un degré élevé. Lorsqu’ils sont ensemble, on est submergé et malgré la durée du film, on a beaucoup de mal à les quitter. C’est sublime.