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Sur la Route du Cinéma - Page 497

  • Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 2ème partie)

     

    Les membres du jury - Les Présidents -

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    Un festival de cinéma c’est avant tout du cinéma encore et encore, des films encore et toujours. Mais c’est aussi, des rencontres, du partage, des échanges, des émotions, des coups de coeur et des surprises. Le Festival International du Premier Film d’Annonay pour sa 25ème édition n’en était pas dénué. Vous savez, ou pas, peu importe, qu’il s’agit de ma troisième participation à ce Festival et qu’il est le seul à avoir pour jury 8 membres issus de toute la France, recrutés sur lettre de motivation. A leur tête chaque année un réalisateur, cette année, Jérôme Boivin. Chaque année également un jury composé de lycéens doit décerner un prix. Il était présidé par l’acteur Bernard Blancan.

    Je tiens par cet article à leur rendre hommage, tant ils m’ont paru cette année particulièrement touchants et soudés !

    Ma première surprise, c’est en arrivant à l’hôtel que je l’ai trouvée. Dans la chambre, un bouquet de roses blanches. Immédiatement j’ai pensé, quoique fortement surprise : «quelle délicate attention de la part de l’Hôtel du Midi !!! ». Erreur monumentale, mon arrivée dans cette ville magique a un peu tendance à me faire perdre le sens des réalités, que je n’ai déjà pas très développé en temps ordinaire... Il s’agissait de l’attention élégante, inattendue et adorable de Matthieu, membre du jury l’an passé, avec qui j’ai gardé une relation « mailesque » régulière et ininterrompue sur la base de nos divergences en matière d’appréciation cinématographique ! Un exemple criant : il s’est endormi (DEUX FOIS) devant ce qui est pour moi le chef-d’œuvre des chef-d’œuvres « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford ». Voilà donc, aux yeux du monde, Matthieu, je te dis « merci ».

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    Si je vous raconte cet épisode précis, cette anecdote très personnelle c’est pour insister sur le fait que lors de ce festival, on fait des rencontres… et même si la plupart s’évapore aussi simplement qu’elles sont apparues, « c’est la vie », d’autres subsistent et s’intensifient.

    Cet article a pour but de vous faire comprendre que vous pouvez tous un jour ou l’autre être choisi, être l’élu qui participera à cette aventure hors du commun. C’est aussi simple qu’une lettre dans laquelle vous mettrez tout votre cœur, tout votre amour du cinéma. Il ne s’agit pas de dévorer 5 films par semaine, comme certaine personne que je connais, ou de dire que « non, ce n’est pas pour moi », il ne s’agit pas de quantité, mais de réussir à exprimer en quelques pages ce qui vous donnerait envie de participer. Que ceux qui ont tenté leur chance cette année, la retente l’année prochaine sans se lasser. Si je vous présente ci-dessous les 8 membres du jury de cette année, c’est pour vous faire comprendre que dans ce festival tout le monde a sa chance, que l’âge, le lieu de résidence ou la profession ne sont pas des critères de sélection.

    Je vais vous parler d’eux, vous démontrer leurs différences et tenter de retranscrire sans la trahir la réponse qu’ils m’ont apportée à la question que je leur ai posée : « par rapport à tes attentes d’être membre d’un jury de cinéma, quelles sont tes impressions à l’issue des ces quatre jours ? ».

    Béatrice – 52 ans – Infirmière - Le Thoronet (84)

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    Film préféré : Magnolia

    Sainte Trinité : Pedro Almodovar, Tim Burton, Ridley Scott.

    A posé sa candidature : grâce au magazine « Première ».

    « Je souhaitais rencontrer des gens qui partagent la même passion que moi pour le cinéma et échanger. Ces quatre jours répondent parfaitement à mes attentes. Je ne me sens absolument pas fatiguée, j’ai pu rencontrer les réalisateurs des films et nous formons un bon groupe avec les autres membres du jury. Nos relations sont euphorisantes. Je n’arrive pas à sélectionner un moment particulier car TOUT me semble bien ici ».

    Camille – 27 ans –  à la recherche d’un emploi dans l’action et la communication culturelle - Albi (81)

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    Film préféré : Requiem for a dream

    Sainte Trinité : David Lynch, Pedro Almodovar, Alejandro Gonzales Inaritu.

    A posé sa candidature : grâce au tract trouvé dans son cinéma.

    « Je souhaitais pouvoir discuter des films juste après les avoir vus. C’est exactement ce qui se passe mais au-delà, nous échangeons sur notre passion commune pour le cinéma. Quant aux rencontres avec les réalisateurs, elles sont essentielles car elles apportent un éclairage nouveau et passionnant sur les films. Tout est très positif par rapport à mes attentes. »

    Hervé – 47 ans – Amuseur public pour enfants -Nancy (54)

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    Film préféré : Mullholand Drive

    Sainte Trinité : Emir Kusturica, David Lynch, Woody Allen

    A posé sa candidature : par l’intermédiaire d’une personne qui avait été membre du jury il y a trois ans et qui tient à garder l’anonymat…

    « Je souhaitais vivre un festival de cinéma de l’intérieur pour partager ma passion. J’avais des craintes par rapport au Festival de Cannes où rien ne semble accessible et cette impression de superficialité. Mes attentes sont plus que largement comblées. Nous formions une véritable « communauté » avec les autres membres du jury. Notre président n’était pas directif. Il y a eu un échange et un partage d’idées comme je l’ai rarement vécu. Sans oublier la qualité exceptionnelle de la sélection. Je suis satisfait et ravi. ».

    Jean-Paul – 61 ans – Enseignant (EPS) Retraité - Tupin et Semons (69)

     

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    Film préféré : L’amour à mort

    Sa motivation en participant au jury du festival était de rajeunir. Lui qui a une grande expérience de conseils de classe, conseils municipaux, réunions diverses n’a jamais vécu une telle richesse dans les échanges. Il en sort changé dit-il.

    Joël – 58 ans – Informaticien – St Julien en Genevois (74)

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    Film préféré : La vie des autres

    Réalisateurs préférés : Pedro Almodovar, Wong Kar Waï.

    « Mon expérience de juré du Livre Inter m’a motivé pour faire de nouveau partie d’un jury. Je souhaitais retrouver l’effervescence de ce type d’expérience. Au niveau des rencontres c’est beaucoup mieux que ce que j’avais imaginé car les membres du jury sont ensemble plus longtemps, ce qui permet de sympathiser davantage. Je suis émerveillé par ces belles rencontres et par le fait que la sélection incroyable des films soit faite par des gens d’Annonay même. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si difficile de choisir parmi les films pour en élire un ».

    Marine B. dite « la Chinoise » - 19 ans – Etudiante en Anthropologie et chinois – Lyon (69)

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    Film préféré : Printemps, été, automne, hiver… et printemps

    Sainte trinité : Kim Ki Duk, Fatih Akim, Nani Moretti

    «J’avais assisté au Festival du Film Asiatique de façon non officielle et participé au sous-titrage. Je souhaitais connaître une nouvelle étape dans mon parcours cinéphile car le cinéma m’accompagne depuis l’enfance. Mes souvenirs sont liés au cinéma. Tous les dimanches nous mangions des pâtes devant les films de Charlie Chaplin. Dès que j’ai pu aller seule au cinéma, j’ai ressenti un sentiment d’indépendance. Je ne croyais pas avoir la chance d’être sélectionnée. Serais-je capable de mettre des mots sur des sensations ? J’avais envie aussi de trouver des gens qui ont la même sensibilité que moi, qui partagent la même passion. L’entente entre les membres du groupe que nous formons me semble une évidence. Il y a même une certaine osmose entre nous, aucune barrière due à l’âge ou à quoi que ce soit d’autre ».

    Marine L. – 18 ans – Hypokhâgne – Bruz près de Rennes (35)

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    A posé sa candidature grâce au Magazine « Première »

    Film préféré : Orgueil et préjugés

    Sainte Trinité : Tim Burton, Pedro Almodovar, Woody Allen

    “Ma lettre de motivation était une finalité en soi. Je n’avais pas d’attente particulière. Le plaisir de pouvoir parler de cinéma et que quelqu’un me lise était déjà important pour moi. Je suis bénévole dans mon cinéma « Grand Logis » depuis quatre ans. J’aime le contact, les échanges. Dès que quelqu’un m’aborde je suis contente et à Annonay tout le monde le fait. On peut même échanger avec les réalisateurs. Ces moments sont transcendants. La programmation est d’une grande qualité. L’entente de notre groupe est une évidence et je suis transportée par nos échanges. C’est l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. C’est véritablement une parenthèse enchantée ».

    Thierry – 34 ans – Délégué régional dans les assurances – Lyon – (69)

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    A posé sa candidature grâce au Magazine « Première »

    Film préféré : Lost highway

    Sainte Trinité : Emir Kusturica, David Lynch, Jim Jarmush

    « Pour une fois je voulais faire une parenthèse dans ma vie où il ne serait question que de cinéma. Je regrette d’ailleurs de ne pouvoir y aller plus souvent. J’avais envie de rencontrer des gens, des réalisateurs et des films. A Annonay tout est simple, agréable, sympathique et cela me donne beaucoup d’espoir en l’espèce humaine. »

    Jérôme Boivin –  Réalisateur - Président du Jury

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    « J’attends d’être transporté par ces premiers films dans des mondes nouveaux, découvrir d’autres regards, des endroits où je n’ai pas eu l’occasion d’aller. Je suis heureux que les jurés ne soient pas des professionnels qui risqueraient d’être blasés. Ce sont des gens motivés, frais, qui s’intéressent à la vie et au cinéma. J’aime entendre d’autres avis et je souhaite des discussions ».

    Bernard Blancan – Acteur – Réalisateur - Sourcier - Auteur, compositeur, interprète - Lifteur de mandarines - Fumeur etc... - Président du Jury des Lycéens

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    Arrivé avec des pieds de plomb (et une tronche de cake), il est reparti avec des ailes (et avait rajeuni de 20 ans). S’il regrette de ne pas avoir été davantage avec les lycéens (les lycéennes le regrettent aussi…), et s’il n’apprécie guère ce système de compétition qui privilégie un film et qui suppose aussi qu’une partie des jurés en aurait préféré un autre… il était impatient et curieux de découvrir les films, impressionné par leur qualité.

    A SUIVRE : MA RENCONTRE AVEC LES REALISATEURS...

    PUIS MON AVIS SUR LES 10 FILMS QUE J AI VUS...

  • Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 1ère partie)

     

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    Le "Palais" du Festival...

    « Nous sommes en 2008 après Jésus-Christ. Toute la Gaule est envahie par la sortie d’ « Astérix ».

    Toute la Gaule ? Non. Un village peuplé d’irréductibles cinéphiles passionnés résiste encore et toujours au démantèlement culturel. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons des camps retranchés de Capitalisum, Rentabilitum, Mediocritum et Consensuelitum ».

    Je reprends les mots de Gaël Labanti, directeur artistique du festival qui expriment à la fois sa passion partagée, sa rage de continuer. La culture en général et le cinéma en particulier sont entrés en résistance à Annonay, ils ne cèderont pas devant l’acharnement d’un gouvernement (tout sauf cultivé) implacablement décidé à voir disparaître ce genre de manifestations dont les maîtres mots ne sont ni profit ni rentabilité... On ne peut pourtant pas reprocher aux dizaines de bénévoles acharnés, enthousiastes de ne pas "travailler plus" pour que continue à vivre ce festival !!!

    En ce qui me concerne, je suis rentrée, je suis là mais je ne suis pas encore vraiment là. Le corps est ici, la tête et le cœur sont ailleurs. Comme chaque fois, il me faut du temps pour redescendre, pour atterrir, toucher terre à nouveau. Récupérer. Après 11 heures de sommeil (les nuits sont courtes à Annonay… demandez à ceux qui y étaient !), ma seule motivation pour me lever ce matin était bien de pouvoir m’immerger à nouveau dans ces quatre jours, au travers des photos, des textes que j’ai à rédiger et des souvenirs accessibles au fond du cœur mais délicats à exprimer en mots ! Le festival D’Annonay n’est pas comme les autres. Je peux le dire car j’en ai vécu d’autres. Il vous rend différents comme si la sensibilité, déjà à fleur de peau en temps ordinaire, s’exacerbait durant ces quelques jours hors du temps, hors de tout, au fil des rencontres, des discussions, de la découverte des films. Et cette année, je le clame haut et fort, la sélection, pourtant déjà magnifique les années précédentes, touchait l’excellence. Je rappelle qu’il s’agit exclusivement de premiers films dont deux notamment frôlent la perfection. C’est évidemment avec toute ma subjectivité et ma mauvaise foi exaltées par cette nouvelle expérience que je vous en parlerai, comme je pourrai…

    Chevauchant mon falafel fuyant au moteur réparé, décoiffée par un vent salé à faire rêver les poissons, je repartirai sur la trace d’Igor dans l’espoir de retrouver ces petits dieux aux dents d’amour…

    Pour vous faire patienter, quelques photos…

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    6 membres du jury, 3 réalisateurs, 1 actrice...

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    Le Jury au grand complet et son président, le réalisateur Jérôme Boivin
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    A Annonay, on peut aussi voir la vierge...
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    On croise des V.I.P...
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    Quelques nourritures terrestres...
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    que l'on déguste ici !
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    Après l'acteur flou... l'acteur incognito qui a oublié ses lunettes noires !
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    Une soirée de clôture arc en ciel... (ah ah ah !)
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    La visite de la fanfare...
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    Marine la Bretonne, Marine la Chinoise et Camille... je vous l'annonce devant témoins : nous sommes d'accord pour vous adopter !
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    Un film, un choc, une révélation, une histoire, un réalistateur, des acteurs... :
    l'évidence !
    A SUIVRE...
  • Festival International du Premier Film d’Annonay

    fête son 25ème anniversaire et j'y serai, pour la troisième fois.

    Ceux qui me suivent depuis deux ans (déjà) savent à quel point il est cher à mon cœur, et cette année j’y serai « accréditée » en tant que « journaliste blogueuse ». Dès mon retour je vous raconterai tout ce qui fait de ce festival un moment particulier dans ma vie de cinéphile. Je vous parlerai des films et des rencontres. Je ne vous cacherai rien, photos à l’appui. Soyez patients, et en (m’)attendant, n’hésitez pas à aller au cinéma…
    La sélection du Festival, internationale donc, propose cette année des films Italien, Polonais, Libanais, Belge,  Irlandais, Brésilien, Québecois et Chinois… et j’en salive d’avance.  Pour en savoir plus, pour TOUT savoir, vous pouvez cliquer ici.
    Mais je peux aussi vous répéter que le Festival d’Annonay est un festival qui repose  sur la passion d’une équipe de bénévoles, le seul à avoir son jury composé de spectateurs cinéphiles sélectionnés dans la France entière sur candidature. Ce jury est présidé par un réalisateur (Manuel Poirier, Jacques Fansten, Paul Comoli, Hélène Sanders, Bernard Stora, Jean-Pierre Ameris, Sophie Fillières, Manuel Pradal…) et cette année Jérôme Boivin et Bernard Blancan pour le jury des lycéens. Il est aussi un lieu de rencontres, d’échanges et de convivialité car les réalisateurs dont les films ont été sélectionnés acceptent de venir à Annonay et de  rencontrer le public. Cest passionnant et le mot est faible tant le coeur vibre et palpite.
    Sachez encore que des films qui étaient sélectionnés l’année dernière « Mouth to Mouth » d’Alison Murray et « L’audition » de Luc Picard sortiront en salle prochainement.
    Bon, ce n'est pas que je m'ennuie mais j'ai des films à voir moi !
  • Les liens du sang de Jacques Maillot **

     

    Les Liens du sang - François Cluzet et Guillaume Canet
    Les Liens du sang - Guillaume Canet
    Les Liens du sang - François Cluzet

    François est flic et va tout tenter pour aider son frère Gabriel qui sort de prison après avoir purgé 10 ans pour meurtre et tente de se réinsérer. Hélas la trajectoire des deux hommes, leurs différences et leur singularité vont les faire s’opposer à nouveau malgré l’amour incontestable qui les unit.

    La complicité de Guillaume Canet et de François Cluzet est évidente et apparaît clairement à l’écran. Guillaume Canet tout en intériorité, parfait quand il souffre, apporte à son personnage une part d’ombre qu’on lui connaissait peu jusqu’ici. François Cluzet passe comme toujours du rire aux larmes, du calme à l’excitation avec une aisance déconcertante. La reconstitution des années 70 semble inattaquable, les rouflaquettes, les cheveux longs, les (horribles) moustaches, les 2 chevaux, les Renault 5, tout y est. On entend même en fond sonore le générique de la mythique émission « Les dossiers de l’écran » (elle me faisait peur cette musique, c’était celle du film « L’armée des ombres »). C’était aussi l’époque où tous les hommes avaient en permanence une « gitane » vissée au coin des lèvres. Les seconds rôles ont tous des tronches idéales comme s’ils étaient restés coincés en 1979, mention spéciale à Luc Thuillier et Marc Chapiteau (trop rares). Les femmes (Clotilde Hesme, Marie Denarnaud, Carole Franck) ont un vrai rôle à tenir, ce qui est rarement le cas dans un «policier » généralement centré sur les hommes. Elles occupent toutes sans exception une place centrale. Les rapports, les relations entre les deux frères et le reste de la famille, leurs enfants, la sœur, le père, les beaux-frères, les embrassades, les engueulades, les déceptions… tout semble criant de vérité comme si le réalisateur avait placé sa caméra dans une « vraie » famille. L’histoire réaliste, touchante, et pas banale se suit avec beaucoup d’intérêt et d’attention.

    Et pourtant il manque à ce film, un peu paresseux, un petit supplément d’âme pour le rendre définitivement captivant. Etrange et dommage !

  • Le fils de l’épicier d’Eric Guirado ***

    Photos de 'Le Fils de l'épicier'
    Le Fils de l'épicier - Nicolas Cazalé

    Le père est victime d’une crise cardiaque. Antoine le fils, absolument pas fait pour le commerce, reprend néanmoins le camion, épicerie ambulante pendant que la mère reste à la boutique. Il embarque dans la campagne paradisiaque du sud de la France son amie Claire qui passe son bac par correspondance.

    Voilà bien un film résolument et sans doute délibérément optimiste car tous les problèmes d’amour, d’amitié, de filiation, les doutes, les querelles, les rancunes, les erreurs… tout, absolument tout sera résolu avant le générique. C’est sans doute un tantinet naïf mais le réalisateur semble tellement magnifiquement spontané et confiant en l’espèce humaine qu’on prend un plaisir fou à se laisser conter cette histoire de famille toute simple sans doute tiré à des milliers d’exemplaires, avec ses tracasseries et désaccords qui font plus ou moins de dégâts.

    Et puis, Eric Guirado plante et promène sa caméra dans des lieux tellement idylliques de la Drôme provençale qu’on se dit qu’il ne peut rien arriver d’irréparable dans cet endroit. On sourit énormément à des dialogues qui ne sentent pas le renfermé. Lorsqu’Antoine évoque son père (Daniel Duval idéalement grincheux comme il sait si bien faire…), il dit : « si on lui greffe un cœur d’homme ça va lui faire tout drôle ». Lorsque Claire lui réclame de la cancoillotte au petit déjeuner, il dit « la cancoillotte, c’est une anecdote dans l’histoire du fromage », etc… Et oui, moi ça m’amuse !

    Mais évidemment de cette promenade rustique et champêtre en camion on retient surtout les deux acteurs principaux. Nicolas Cazalé, ténébreux, taciturne, introverti (et beau comme un Dieu !!!) et Clotilde Hesme, la tornade tourbillonnante, divine, aérienne, angélique, magnifique, chargée de dérider le ronchon…

    P.S. : voilà, miraculeusement ce film sorti en salle en août dernier, que je n'avais pu voir non plus à Cabourg au Festival pendant que j'y étais (pour cause d'occupation jury-esque), est ressorti en salle pour deux séances dans mon cinéma... Plus personne (elle et elle et encore lui, si vous voulez savoir) ne pourra me reprocher de ne pas l'avoir vu. Je ne regrette pas, c'est un film formidable. A présent, excepté deux ou trois documentaires, j'ai vu TOUS les films en compétition pour les Cesar ! Non mais !

    Photos de 'Le Fils de l'épicier'
  • Battle for Haditha de Nick Broomfield ***

     

    Battle For Haditha
    Battle For Haditha

    En novembre 2005, 1 marine américain est tué, deux autres blessés grièvement dans un attentat commis par des « insurgés » irakiens à Haditha. En représailles immédiates les marines survoltés vont assassiner 24 riverains de l’attentat, hommes, femmes et enfants, dont le seul tort est d’habiter à proximité !

    Difficile d’en parler, c’est un choc qui donne la nausée et qui démontre encore et toujours que la haine est entretenue de toute part. L’autre certitude est que cette saloperie de guerre (comme toutes les autres) est l’une des pires aberrations connues. Mais que foutent les américains là-bas ? Personnellement, je n’ai toujours pas compris ! Les marines interrogés confirment aussi, une fois de plus, qu’ils n’ont pas vraiment la moindre idée de ce qu’ils font là. Il semblerait, comme nous l’a déjà prouvé Michaël Moore dans ses documentaires il y a quelques années, que les recrues, bien jeunes sont issues de quartiers défavorisés et que s’enrôler dans l’armée est pour eux un moyen d’y échapper (entre autre)... Si au début ils ont envie d’en découdre et de « dégommer du turban », rapidement ils s’aperçoivent que le but ultime est de rester en vie un jour de plus… La scène du massacre dont George Bush assurera qu’il sera puni est une épreuve et ce qui achève de rendre cet épisode odieux, écoeurant et révoltant c’est la place des civils. Coincés entre les terroristes d’Al Qaïda, les « insurgés » qui au nom de la défense de leur pays font aussi bien des dégâts « collatéraux » (c’est à la mode !) et les marines qui ont parfois leurs nerfs, ils n’ont aucune chance. Vivre en permanence dans la terreur est leur quotidien.

    Ce qui relie tous les acteurs et témoins de cette tragédie, c’est leur humanité… mais à les regarder pendant une heure et demi, on se dit que vraiment, elle est mal barrée dans cette impasse !

  • Arizona dream d’Emir Kusturica ***

    Arizona Dream - Johnny Depp
     

    Parfois il faut le reconnaître je suis bien obligée de vous parler de la télé car ce soir Arte à 21 heures propose cette pépite de Kusturica. Si vous ne l’avez pas vu précipitez-vous et si l’univers foutraque et totalement barré de l’ensemble vous rebute, tenez bon jusqu’à la performance d’anthologie de Vincent Gallo, fou furieux suicidaire, malade de cinéma (ça existe ???), qui réalise le mime (incompris) d’une scène non moins d’anthologie d’un film d’Hitchcok… inoubliable, fabuleuse, zarbi et époustouflante ! Sinon, laissez vous embarquer comme Emir qui à l’époque rêvait d’Amérique comme ses personnages rêvaient d’un ailleurs différent où ils pourraient décoller dans de drôles de machines volantes.

    Je crois que c’est le premier film de Kusturica que j’ai vu. Je suis entrée sans difficulté et avec ravissement dans cet univers fantasque où des personnages décalés désespérément poétiques nous faisaient croire à la liberté. Plus tard, je me suis offert toutes les séances de rattrapage possible de cet auteur qui délire et nous fait trépigner de joie avec lui.

    Pourtant, ici, les personnages ne sont pas simples, ils sont même souvent suicidaires et parfaitement désenchantés. Ils se relèvent et rechutent. Lily Taylor (adorablement timbrée) avec son accordéon et ses tortues, éperdue d’amour pour Axel qui l’ignore, lâche cette réplique, mine de rien : « deux perdus font pas un trouvé » et c’est ce qui se passe dans ce délire protéiforme, les personnages se cherchent, se trouvent, se trompent. J’ai le souvenir d’un film brillant, bruyant, survolté et d’une tristesse infinie, d’un énigmatique poisson qui le traverse, de Faye Dunaway folle à lier, de Jerry Lewis doux dingue, tous deux follement pathétiques et refusant de vieillir, de Lily Taylor douce et douloureuse, de Vincent Gallo marginal, désorienté et cinéphile (il imite Robert De Niro, récite par coeur des passages entiers de films...) et de Johnny Depp (encore tout jeune acteur) blessé et plein d’espoir qui prouvait déjà qu’il serait un acteur différent !

    Je n’oublie pas non plus qu’à l’époque Emir Kusturica et Goran Bregovic s’aimaient encore et qu’il nous offrait une partition insensée, exaltée et mémorable. Depuis, aux concerts de Goran, des salles combles de fans énamourés entonnent doucement :

    « A howling wind is whistling in the night

    My dog is growling in the dark

    Something's pulling me outside

    To ride around in circles

    I know that you have got the time

    Coz anything I want, you do

    You'll take a ride through the strangers

    Who don't understand how to feel

    In the deathcar, we're alive

    In the deathcar, we're alive”

    Ceci vous donnera une bonne idée de la loufoquerie de l'ensemble

  • LE VOYAGE DU BALLON ROUGE d’Hou Hsiao Hsien ***

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    Le Voyage du ballon rouge

    Suzanne est marionnettiste. Elle vit seule à Paris avec son fils Simon et attend le retour de sa fille aînée qui vit avec son père à Bruxelles mais envisage de revenir faire ses études à Paris. Suzanne engage Song Fang, une étudiante en cinéma comme baby-sitter pour Simon.

     

    Ah oui, j’oubliais, le petit Simon est « suivi » par un ballon (réel ou imaginaire ?), un beau gros ballon rouge !

     

    L’histoire tient sur un ticket de métro mais je me suis laissé embarquer par ce film doux, mélancolique, gai et volatile qui nous conte le quotidien, rien de plus, rien de moins, d’une maman. Evidemment elle a un métier étrange et mystérieux mais le quotidien c’est le même que le mien, que le vôtre peut-être, on s’y retrouve et on s’y perd. C’est magnifique et lors de certaines scènes je me surprenais dans la salle à être toute béate de ravissement, un sourire accroché d’une oreille à l’autre. C’est délicieux, c’est rare, appréciable et précieux. Evidemment, il faut accepter de se laisser conquérir, cueillir par ce film atypique, espiègle qui s’insinue délicatement, durablement, un film exquis et original où un ballon rouge qu’on a du mal à quitter du regard tant il est facétieux, tient un rôle essentiel. Il nous promène dans les rues de Paris ensoleillé comme jamais, sur les toits, dans les jardins, dans un musée, dans le métro… Il paraît qu’aucun dialogue n’est écrit, que les acteurs improvisent. Bénie soit donc Juliette Binoche, qui sourit, qui éclate de rire, qui virevolte ou s’effondre, qui joue de sa voix et de son énergie communicative comme rarement on l’a vue faire. Toujours surprenante. Et puis surtout, surtout Gloire à Simon Iteanu, petit bonhomme à qui on a dû oublier de dire qu’il tournait dans un film tant il rayonne, pétille et déborde d’un naturel époustouflant et inespéré comme je l’ai peu vu jusqu’ici chez un acteur et encore moins chez un acteur/enfant !

     

    La dernière scène dans laquelle une instit "décortique" avec quelques enfants (dont Simon) ce tableau est passionnante et magique...

     

    Le ballon de Félix Valloton (1899) - Musée d'Orsay, Paris,

  • Cortex de Nicolas Boukhrief **

    Cortex - André Dussollier
    Cortex - André Dussollier

    Charles Boyer est un flic à la retraite. Il intègre une clinique qui accueille des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dont il souffre également. Les prétendues morts accidentelles qui perturbent l’établissement alertent Charles qui ne croit pas à la version expéditive et rassurante du personnel de l’hôpital. Muni de son cahier, il va mener sa propre enquête.

    Il s’agit un peu de la version (pas drôle) du récent et excellent « Vous êtes de la police ? » de Romuald Beugnon, où un pensionnaire (ex-flic) se chargeait également de résoudre l’énigme de morts suspectes. Ici, le lourd handicap de la perte de mémoire de l’enquêteur lui complique particulièrement la tâche.

    Je n’ai jamais vu de malades souffrant d’Alzheimer mais on a parfois davantage l’impression d’être dans un hôpital psychiatrique tant les pensionnaires ont l’air absent et drogué et, si ce n'est quelques accès de violence, agissent pour la plupart comme de « doux dingues »... Cette réserve étant faite, j’ai par contre trouvé que la description du personnel médical était en tout point conforme à ce que j’en connais : faussement bienveillant, blasé par la souffrance, infantilisant, rongé d’ambition et convoitant la place de l’autre…

    La plus grande réussite de ce film-enquête paranoïaque et anxyogène réside évidemment dans son casting. Quelques « malades » font « leur numéro » : Aurore Clément et Marthe Keller, douces, magnifiques et solaires mais c’est André Dussolier qu’on ne quitte pas d’une semelle qui est magnétique. Son regard inquiet, parfois inquiétant, d'autres fois affolé lorsque le piège commence à se refermer sur lui, son beau visage comme taillé à la serpe, son obstination, son désarroi valent le déplacement pour ce film qui curieusement manque un peu de mobile…

  • 4 minutes de Chris Kraus ***

    4 minutes - Hannah Herzsprung

    Frau Krüger enseigne le piano à des détenues pas très douées et pas très concernées. Jenny est différente, virtuose mais agressive et suicidaire. Elle a du mal à se plier aux contraintes de l’apprentissage mais en nouant une relation artistique et passionnelle avec la jeune fille (incarcérée pour meurtre), la vieille femme va l’amener à se présenter au Concours d’entrée du Conservatoire.

    La peinture de l’univers carcéral est le premier choc visuel de ce film qui ne ressemble à aucun autre. Tel est le renouveau bienvenu et formidable du cinéma allemand : montrer des films, raconter des histoires qu’on n’a jamais vus ; ici, la musique et la prison. Les conditions de détention sont tellement déplorables, désolantes qu’on a parfois l’impression d’être au moyen-âge. Seul un téléphone portable indiquera qu’on est bien au XXIème siècle. Les détenues sont entassées à 4 ou 5 dans des cellules minuscules aux lits superposés et leur agressivité, leur violence physique ou verbale les unes envers les autres est vraiment effrayante.

    La relation qui s’installe entre Jenny et sa prof est d’abord elle aussi teintée de méfiance et d’hostilité. Jenny refuse puis accepte de devenir l’esclave d’une prof intransigeante et autoritaire. Quant à la prof, elle répétera à plusieurs reprises à Jenny qu’elle n’est absolument pas intéressée ou touchée par sa personne et sa situation mais uniquement par son talent exceptionnel. Petit à petit les deux vont évidemment s’adoucir en s’apprivoisant et en partageant la même dévorante passion pour la musique, et les scènes de répétition (Schumann, Schubert, Mozart… un festin !) élèvent le film vers des sommets.

    Dommage que le réalisateur ne se soit pas contenté d’en rester à la relation intense et palpitante entre les deux femmes, du coup il alourdit son film d’évènements dramatiques en cascade pas toujours indispensables, les circonstances de la rencontre et la situation des deux femmes l’étant déjà suffisamment.

    Les deux actrices Monica Bleibtreu et Hannah Hertzsprung sont épatantes.

    Les quatre dernières minutes emportent le tout dans un tourbillon époustouflant, inattendu et grisant.