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Sur la Route du Cinéma - Page 506

  • Stardust, le mystère de l’étoile de Matthew Vaughn *

    Stardust, le mystère de l'étoile - Michelle Pfeiffer
    Stardust, le mystère de l'étoile - Sarah Alexander, Michelle Pfeiffer et Joanna Scanlan

    Pour plaire à sa belle qui se moque de lui comme d’une guigne, Tristan veut aller lui chercher une étoile qui est tombée du ciel. Pour cela il doit franchir « le mur » derrière lequel se trouve le monde merveilleux de Stormhold peuplé de princesses prisonnières, de princes qui s’entretuent pour accéder aux trônes, de vilaines sorcières, de pirates volants etc… En chemin, il rencontrera l’amour, le vrai !

    Pas grand-chose de neuf au pays de l’heroïc fantasy mais vous pouvez emmener sans problème vos moutards (de moins de 12 ans) qui passeront un bon moment à suivre cette course poursuite effrénée contre le temps avec happy end à la clé entre deux tourtereaux qui sont les seuls à ne pas comprendre qu’ils sont faits l’un pour l’autre (les très fades Claire Danes et Charlie Cox). Le rythme est trépidant, le tout n’est pas d’une logique et d’une limpidité implacables (mais on est au pays des fées, ce doit être pour ça…), alors pourquoi pas ? Et les grands pourront de toute façon se régaler aux numéros de tarés proposés par Robert de Niro : pirate volant gay qui s’obstine à terroriser son équipage et se déguise en danseuse de French Cancan dès qu’il est seul dans sa cabine (il faut le voir pour le voir, non ?), et Michelle Pfeiffer dans un rôle (de composition ???) de vieille sorcière décrépite qui cherche la jeunesse éternelle.

    Stardust, le mystère de l'étoile - Robert De Niro
  • Never, forever de Gina Kim ***

    Never Forever - Vera Farmiga et Jung-woo Ha

    Sophie et Andrew (d’origine coréenne) couple idéal et bourgeois, vivent et s’aiment à New-York. La seule ombre au tableau est qu’ils ne parviennent pas à avoir d’enfant malgré plusieurs tentatives d’insémination. Andrew déprime et fait une tentative de suicide. Bouleversée par cette épreuve et la détresse de son mari, Sophie prend une étrange décision. Elle propose à Jihah, émigré clandestin coréen rencontré par hasard de le « voir » régulièrement, moyennant 300 dollars, jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte…

    Voilà le film le plus sentimental, le plus romantique vu depuis bien longtemps ! Malgré ce que la situation pourrait avoir d’obscène, elle ne l’est jamais, car la réalisatrice filme avec délicatesse l’évolution des gestes, des regards qui se transforment en sentiments. Les premières rencontres sont mécaniques : Sophie et Jihah se déshabillent et font l’amour sans se toucher pratiquement. La première scène de salle de bains est d'ailleurs édifiante car Sophie se frotte frénétiquement avec un savon, elle semble davantage se récurer que se doucher, comme si elle se sentait sale, comme pour se laver d'une faute. Petit à petit les regards se croisent, Jihah commence à parler, achète des fleurs, les gestes d'abord absents se font de plus en plus tendres, l’acte tarifé se transforme en attraction, puis en désir et inévitablement naissent les sentiments. La relation entre Sophie et Jihah est douce, tendre, belle, difficile et impossible. Lorsque Sophie tombe enceinte, elle quitte son amant, retrouve son mari qu’elle aime, mais reste hantée par le souvenir de Jihah…

    L’actrice Vera Farmiga (la psy des « Infiltrés ») est troublante et touchante, les deux acteurs coréens Jung-Woo Ha et David McInnis sont très beaux, justes et émouvants ; le film est une réussite toute en douceur, en finesse, en ambiance avec une fin à la fois ouverte et frustrante (pour les plus romantiques...) et toujours, l'amour !

  • Le Deuxième souffle d’Alain Corneau ***(*)

    Le Deuxième souffle - Daniel Auteuil

    Gustave Menda dit Gu, dangereux gangster s’évade après 10 années de prison. Il retrouve la femme qu’il aime et qui l’aime Manouche, certains anciens complices et avant de disparaître se laisse embarquer dans un dernier coup qui le mettra à l’abri du besoin. Ce dernier hold-up est une réussite mais les flics qui sont évidemment à ses trousses lui jouent un sale tour, le faisant passer pour une balance auprès de ses associés.

    Je commencerai par l’aspect le plus étrange du film… Le couple vedette n’est pas crédible. Non que Daniel Auteuil soit moins bon ou qu’il ne soutienne pas la comparaison avec Lino Ventura, il est même plutôt bon au contraire. Mais c’est insuffisant car il lui manque ce petit quelque chose inexplicable qui aurait fait de lui un bandit d’envergure, comme s’il n’avait pas le sacro-saint code de l’honneur du truand gravé dans l’ADN. Malgré toute l’application qu’il met à orchestrer devant nos yeux ébahis son suicide, qu’il tente de laver son honneur sali par la police et alors que dans ce genre de film on est sans hésitation du côté des truands, on n’arrive jamais à oublier quel salaud il est.

    Quant à Manouche interprétée par Monica Belluci, c’est vraiment la grosse erreur de casting. Dès qu’elle apparaît en caissière de restaurant, on n’y croit pas. Il aurait fallu une actrice qui ait ce mélange de gouaille, de classe et de fragilité que Monica n’a pas. Elle est trop forte, trop terrienne. Quant à son interprétation œil humide et diction approximative, on a souvent du mal à comprendre ce qu’elle dit. Pour finir, les voies de la décoloration m’étant impénétrables… je me demande quel est l’intérêt de se mettre un casque blond platine peroxydé sur la tête si c’est pour se laisser trois centimètres de racines noir corbeau. Jean-Louis David n’était pas libre ?

    Ces réserves qui auraient sans doute pu être rédhibitoires pour d’autres films n’empêchent pas celui-ci d’être une vraie réussite car il fait ressurgir toute cette époque du film noir et les silhouettes de ces héros perdus et magnifiques. Corneau la fait revivre en lui insufflant une étonnante modernité et en convoquant le savoir-faire, le lyrisme et l’emphase d’un John Woo (il ne manque que l’envolée de colombes…) lors de scènes admirables ; celle de l’évasion au ralenti, celle du casse millimétré, celle de fusillades où les personnages se jettent par terre, flingue tendu et meurent criblés de balles. La reconstitution d’un Paris de carton pâte aux rues pavées et humides, les éclairages aux néons vert, rouge ou jaune puis le ciel plombé et lourd de Marseille en hiver, les rendez-vous dans des endroits déserts, les planques sordides, les imperméables à ceinture et les feutres mous qu’on n’enlève que pour dormir achèvent de re-créer l’ambiance. La musique omniprésente colle aux images et mieux que des dialogues, les acteurs ont une véritable partition à se mettre en bouche et à nous restituer.

    Quant au reste du casting, c’est un sans faute et Alain Corneau a invité ici ce que le cinéma français a de « gueules » incontournables. Michel Blanc en flic obstiné et malin s’impose d’emblée dans sa première scène où il fait une présentation à la fois précise et hilarante des personnages en présence. Son admiration pour Gu, son attirance pour Manouche, ne l’empêcheront pas de mener à bien son enquête, imperturbablement. Eric Cantona, géant tout doux avec les amis, violent sans état d’âme avec les ennemis, parvient à être juste et touchant. Daniel Duval est évidemment plus que crédible en gangster à costume trois pièces. Philippe Nahon se régale une nouvelle fois en flic sadique aux méthodes de nazi. Nicolas Duvauchelle m’a fait penser au tout jeune Delon, chien fou parfois incontrôlable de « Mélodie en sous-sol ». Gilbert Melki semble savourer son rôle de trouillard et faux-cul. Quant à Jacques Dutronc, tout comme son personnage d’ex pointure du grand banditisme, il impose le respect malgré (ou grâce à) son jeu tout en retenue qu’il répercute avec grande classe, froideur et autorité. C’est lui qui, finalement, emporte le gros lot…

    Qu’on ne me dise pas que le cinéma français manque de souffle.

  • Paranoïd Park de Gus Van Sant ****

    Paranoid Park - Gabriel Nevins

    Alex ose s’aventurer dans Paranoïd Park, endroit malfamé où se réunissent les skaters quasi délinquants de Portland. En voulant échapper à un agent de sécurité qui le poursuit, il le frappe avec son skate board. L'homme tombe sur la voie ferrée et est littéralement coupé en deux par un train. Alex voudrait oublier, tout simplement, il ne se confie à personne mais il est rattrapé par l’enquête de police…

    Gus Van Sant est réellement un magicien du cinéma. Il le réinvente, bouscule le spectateur et propose toujours une vision unique, inédite et personnelle de ce qu’est un film. Et il réussit à chaque fois le tour de force de re-donner envie de re-voir tous ses films précédents (en ce qui me concerne surtout « Last days » puis « Gerry » puis « Elephant »). Ce Paranoïd Park est une nouvelle aventure fascinante, troublante où on retrouve la patte du maître (flash-backs, mêmes plans répétés, acteurs qui marchent filmés de dos…) et où on s’étonne encore et encore de cette virtuosité et de cette limpidité. Son héros, le jeune Alex est interprété par un ado (non professionnel comme souvent chez Van Sant), Gabe Nevins, qui offre son visage lisse et pourtant étonnamment expressif, ses grands yeux qui s’égarent vers ce qui le ronge de l’intérieur : à la fois la culpabilité et le désir que tout redevienne comme avant. Le réalisateur parvient à filmer l'introspection, l'intériorité et à révéler les sentiments d'un personnage quasi mutique...

    Alex n’est de toute façon pas un ado comme les autres car à la blonde Barbie obsédée par son (dé)pucelage, il préfèrera une autre fille, boutonneuse et beaucoup moins jolie, mais tellement plus intéressante, intuitive et lucide. Comme toujours les parents/adultes sont absents ou de vagues ombres lointaines qui tentent d’entrer en communication avec ces jeunes si seuls. Alex/Gabe est tout simplement extraordinaire et on ne le quitte pas des yeux une seconde, tant son imperturbable calme apparent est impressionnant et troublant.

    Quant à la bande son, comme d’habitude, elle est à tomber par terre.

    Ce qui est réjouissant également c’est de lire ce que le jeune Gabe Nevins dit depuis qu’il a tourné ce film :

    «J’ai répondu à une annonce dans le journal. Je voulais être figurant. Gus m’a proposé le premier rôle. J’hésitais, c’était trop de responsabilités. Ma mère, qui connaissait ses films, m’a fait comprendre que travailler avec lui était un privilège. Je voyais des gens qui mouraient d’envie de le rencontrer sans y parvenir. J’ai fini par accepter. J’ai loué « Elephant », « My own Private Idaho » et « Will Hunting » qui m’ont renversé. Moi qui regardais les blockbusters et les comédies de mon âge, j’ai compris que le cinéma pouvait être un art… Ma vie a changé. Avant j’attendais la fin du lycée pour aller faire du skate avec les potes dans ma banlieue de Portland. Depuis la fin du tournage, j’ai des super notes. Je veux réussir et réaliser des documentaires. Gus a donné une direction à ma vie ».

     

    Gus et le cinéma... sans doute !

  • Invasion d’Olivier Hirschbiegel *

     

    Invasion - Nicole Kidman et Daniel CraigInvasion - Nicole Kidman

    Un horrible virus qui rend les gens insensibles à toute émotion et qui se transmet par une giclée de vomi en plein figure se propage aux Etats-Unis. Carol, psychiatre divorcée et mère d’un petit garçon contaminé mais immunisé doit tout faire pour sauver son fils, kidnappé par son père. Pour y parvenir, seule contre la terre entière, elle ne doit surtout pas s’endormir. En effet, elle s’est pris une giclée de vomi dans la face mais le virus ne fait effet qu’après un gros dodo…

    Dans les années 50/60, il y eut la série des « Martine… », ici nous avons le festival Nicole (plus blonde, mince et juvénile que jamais !) : Nicole a peur, Nicole court, Nicole a l’œil humide, Nicole lutte pour ne pas dormir, Nicole a des cernes sous les yeux, Nicole a les cheveux raides, Nicole a les cheveux bouclés, Nicole porte (attention ça va faire mal…) des collants ventre plat et une culotte de mémère, Nicole fonce à toutes berzingues dans la ville dans une voiture en feu (et alors ?), Nicole embrasse Daniel James Bond Craig (ça, c’est pas juste), Nicole a des doutes, Nicole saute d’un métro en marche (et ben quoi ?), Nicole tue 7 personnes avec un pistolet 6 coups, Nicole est sauvée… Ouf !

    Fermez le ban !

  • Michaël Clayton de Tony Gilroy ***

    Michael Clayton - George Clooney
    Michael Clayton - George Clooney

    Michaël Clayton est une espèce de « nettoyeur » qui passe l’aspi là où les richissimes clients du célébrissime cabinet d'avocats new-yorkais où il travaille ont fait des cochonneries. Un jour, alerté par son ami Arthur (Tom Wilkinson, parfaitement touchant) qui passera un sale quart d’heure en essayant de se racheter une moralité, il prend conscience des pratiques douteuses puis honteuses d’une puissante industrie (cliente du cabinet) qui cherche à cacher les victimes d’une catastrophe écologique.

    En découvrant la nouvelle production du tandem Clooney/Soderbergh, champions du monde toute catégorie des histoires alambiquées (« Syriana », « Good Night, Good Luck », « The Good German »…) je craignais devoir me faire des nœuds au cerveau pour comprendre, et bien pas du tout. Tony Gilroy (dont c’est le premier film) scénariste de la trilogie Bourne, se sort comme un chef d’une histoire tordue. Le premier quart d’heure où tout se met en place est quelque peu tortueux, et puis tout devient limpide et s’enchaîne jusqu’à un final ni tout à fait noir, ni tout à fait blanc. Le réalisateur déroule sa mécanique parfaitement huilée sans chichi ni maniérisme. C’est sobre et implacable et le manichéisme est évité car, même si la « méchante » de l’histoire (Tilda Swinton, mortellement impassible malgré quelques auréoles sous les bras…) est une pourriture absolue et irrécupérable comme on en voit peu, le « héros » est loin d’être un ange. En effet, Michaël Clayton dont la vie personnelle frise le chaos (autant dire qu’il est dans une merde internationale (notons que notre George semble bien encombré d'un moutard de neuf ans... "que dois-je faire de cette chose ?" s'emble-t'il dire ???) est loin d’avoir une moralité irréprochable comme c’est souvent le cas dans ce genre d'histoire.

    Et puis pour l’interpréter, Tony Gilroy a l’atout number one, l’arme fatale absolue, l’anti-héros sobre et souverain, le demi-dieu délicieusement dépressif et fatigué, le chevalier blanc démocrate citoyen engagé, le géant magnétique… :

     G E O R G E   C L O O N E Y.

    Un film noir, solide, passionnant.

    Michael Clayton - George Clooney Michael Clayton - George Clooney

     

  • Un film c’est d’abord une histoire d’amour…

    Cary Grant and Deborah Kerr in 20th Century Fox's An Affair to Remember
            Deborah Kerr 30 septembre 1921 – 16 octobre 2007

    « Lorsqu’un film est réussi, le spectateur qui sort de la salle ne peut faire de choix. Il ne sait pas si ce sont les comédiens qui sont bons, si l’histoire l’a passionné, si la musique l’a transporté. L’image ne s’est pas imposée… Un film c’est d’abord une histoire d’amour ».

    Inutile de vous dire à quel point cette phrase m’a interpellée. C’est Raoul Coutard* qui l’a écrite dans ses Mémoires, et je décide, sans son accord tant pis, de la faire mienne. En effet, il arrive souvent quand je sors d’une salle que tout se confonde et s’entremêle et que je ne sache comment m’y prendre pour exposer ce que j’ai vécu et ressenti. Je me demande souvent : « comme vais-je réussir à « leur » donner envie ?», à faire passer ces émotions, cette ivresse et cette exaltation que me procurent nombre de films ! Quand je suis transportée, émerveillée voire hantée comme ce fut le cas récemment (devinez pour quel film ???), j’aimerais vous faire frémir et vous enfiévrer comme je le suis moi-même, mais ce n’est pas toujours simple de raconter une histoire d’amour…

    *Raoul Coutard dont le travail fut remarqué sur « A bout de souffle » de Godard, fut le chef opérateur le plus en vue de la « Nouvelle vague ». Jetez un œil au palmarès  de ce baroudeur discret et modeste qui dit « J’ai appris à filmer en filmant, comme d’autres deviennent fumeurs en fumant ».

    « Lola » de Jacques Demy, « Jules et Jim » de François Truffaut, « Le mépris » de Godard, « La peau douce » de Truffaut, « Pierrot le Fou » de Godard, « La 317ème section » de Schoendoerffer, « Z » et « L’aveu » de Costa Gavras etc, etc…

  • La maison du Lac de Mark Rydell

    Le Théma d’Arte de ce soir s’intitule « Pères et filles », illustré par "La maison du lac" de Mark Rydell. Le sujet est sensible et délicat. J’avais vu ce film à sa sortie en 1981, et il m’avait évidemment fait forte impression. Il avait raflé quelques oscars au passage, meilleur scénario, meilleure actrice pour Katharine Hepburn, meilleur acteur pour Henry Fonda. Je ne l’ai jamais revu et ne sais comment il a traversé le temps mais j’ai très envie de revivre ce règlement de comptes en famille avec paysage idyllique, cette histoire de lavage de linge sale qui fait du bien là où ça fait mal, où tout y passe, les regrets, les reproches, les explications, et évidemment l'amour. L’affrontement du père et de la fille plein d’excès et de justesse est souvent douloureux mais à l’écran, ce sont Henry et Jane Fonda qui se bagarrent, ce qui donne encore plus de sens à ce déchirant combat. Jane a dit : « J’ai dit à mon père dans le film, toutes ces choses que je n’avais jamais osé lui dire dans la vie ; des petits bouts de phrases qui se cachaient au plus profond de moi et qui font qu’on garde toujours le souvenir de ceux qui vous ont donné la vie »…

    Par ailleurs et parallèlement à cette lutte entre un père et sa fille qui n’ont jamais su se dire qu’ils s’aimaient, on suit la chronique mélancolique d’un amour qui a traversé le temps, assassin des sentiments parfois, l’amour d’un couple de presque 80 ans incarné par Henry Fonda et Katharine Hepburn, forcément remarquables et beaux !

  • Deux vies plus une d’Idit Cebula **

    Deux vies plus une - Jocelyn Quivrin, Emmanuelle Devos et Gérard Darmon

    Eliane est instit, elle a un mari qui l’aime, une fille (le genre ado qui me donne envie de lui coller la tête dans un seau d’eau glacée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles…Voyez « Tout est pardonné » pour découvrir une ado ENFIN « normale »…) qui veut un appart à elle (normal, au lycée on est autonome !), une famille juive bruyante et omniprésente et une mère sénile et envahissante. Eliane étouffe, elle court tout le temps, alors du coup elle veut devenir écrivain. Normal… on a tous des carnets de gribouillages, collages, pattes de mouche, bavardages qui traînent dans un coin ! Sauf que là, un éditeur sexy et craquant (normal c’est Jocelyn Quivrin) va les trouver absolument délicieux et les publier. On croit rêver. Bon, moi j’ai jamais rien compris à l’art contemporain et abstrait. Donnez moi du Van Gogh et du Zola, je risque de m’extasier mais devant ces barbouillages je ne suis que consternée.

    Et oui, hélas, d'abord je n'ai pas compris le titre et j’ai l’impression d’avoir vu cela mille fois déjà et devant le manque de rythme et d’originalité ici, j’étais un peu triste et déçue pour ce premier film plein de bonnes intentions. Les plus jolis moments étant ceux qu’Eliane passe en « compagnie » de son père au cimetière, là où elle va puiser un peu de réconfort et d’énergie. Les morts sont rarement contrariants… quoique ! Sinon, il m’est arrivé une chose comme rarement au cinéma, une sensation d’étouffement, de claustrophobie car tout se passe dans des endroits étriqués (ah les apparts bordéliques et encombrés !!!) qui manquent d’électricité. Tout est filmé dans la pénombre et la réalisatrice a le don (il paraît que c’est génial) de réussir à caser 10 personnes en gros plan dans la même scène qui donne le tournis.

    Bon, cessons de tirer sur l’ambulance, Idit Cebula peut dire un grand merci à son casting formidable très impliqué. Les garçons sont parfaits, Yvon Back en collègue pot de colle et faussement compréhensif, Jocelyn Quivrin (vivement un grand premier rôle à lui tout seul… il peut le faire !) irrésistible. Et bien sûr, Gérard Darmon en mari border line, dépassé par les velléités de sa chérie. Il faut le voir dire « je ne suis pas un homme moderne moi, je ne veux pas évoluer » et se confier à sa fille en pleurnichant (le cauchemar d’une fille, sachez-le, jeunes papas qui me lisez, ne confiez JAMAIS vos peines de cœur à votre grande fille… fin de la parenthèse).

    Mais évidemment la grande réussite de ce film c’est la tornade Emmanuelle Devos toujours juste et jamais ridicule quelles que soient les situations : elle tombe de sa chaise lors d’un repas trop arrosée, elle dégringole d’un canapé après avoir fumé un joint, elle se casse la figure dans l’escalier avec ses courses… Elle est belle, drôle, émouvante. Pour elle donc.