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Sur la Route du Cinéma - Page 502

  • Cow-Boy de Benoît Mariage **

    Cowboy
    CowboyCowboy

    Coup de mou existentiel pour Bruno qui est mal dans sa vie, dans son travail, dans son couple. Journaliste pour la télévision, il se retrouve à s’humilier dans des clips pour la sécurité routière. Alors que sa femme, en plein désir d’enfant, le considère comme atteint du syndrome de Peter Pan, il décide de retrouver Sacchi, héros révolutionnaire de sa jeunesse qui avait pris les enfants d’un bus en otages pour protester contre le licenciement abusif de son père. L'obsession de Bruno devient de rassembler tous les acteurs de ce drame et d’en faire la reconstitution sous forme de documentaire. Il parvient à convaincre son patron qui l’associe pour ce projet à une équipe de bras cassés. Il va effectivement retrouver Sacchi qui a perdu tous ses idéaux en devenant un gigolo pathétique (ou l’inverse), ainsi que tous les otages et leur proposer un voyage de trois jours dans LE bus, jusqu’à la mer du Nord (ah la mer du Nord !!!).

    Nouveau festival Poelvoorde qui ne décevra pas ses fans dont je suis. Quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, il est bon, il est excellent et surprenant. Quand il doit convaincre, il trouve des arguments dont on a toujours l’impression qu’il les invente au fur et à mesure et qu’il parvient à se convaincre lui-même. Quand il affirme à son collègue terre à terre : « Le conflit c’est l’essence même du cinéma. Tu t’emmerdes s’il n’y a pas de conflit », on le croit, même si on n’y comprend rien et qu’on ne voit pas le rapport. Quand il rencontre dans un restaurant le « vrai » Olivier Gourmet et qu’il s’approche de sa table pour l’inviter à la sienne, il lui balance "ben alors les frères Dardenne vous ont laissé tomber" ou  « attention, la palme dort »… on rit, alors que dans la bouche de quelqu’un d’autre, ce serait limite très con. Mais Benoît a l’art et la manière. Il ne craint pas le ridicule et lorsque sa femme l’emmène dans des réunions de puériculture et qu’il se retrouve à faire du « portage de bébé », il est drôle et même touchant. Tout autre que lui aurait l’air d’un plouc, c’est ainsi.

    En dehors de la prestation très anxieuse, la plus belle à ce jour, de Benoît Poelvoorde, il y a le tournage du film dans le film (exercice que j’apprécie toujours) et la manipulation des images par ceux qui les créent. Bruno n’hésite pas, entre autre, à modifier les cadrages pour provoquer l’émotion du spectateur. Le tournage est un fiasco. Personne ne se prête réellement à ce jeu de dupe et Bruno sombre de plus en plus.

    Autour de l’acteur extraordinaire Poelvoorde, il y a Gilbert Melki qui se régale visiblement à jouer les gigolos, blasé, profiteur de toutes les situations mais avec aussi plusieurs fêlures qu’on découvre peu à peu, et ce formidable acteur belge qu’est François Damiens (déjà vu dans « OSS 117 »), à la fois naïf, attentif, sensible et généreux.

    Mais c’est pour Benoît (et la bonne idée du faux reportage sur le vif…) que le film mérite le voyage. Mieux et plus que jamais on sent ici le tourment et les angoisses du personnage et peut-être de l’homme, qui c’est certain, nous fera pleurer prochainement. Pour achever de vous convaincre, j’ajouterai qu’il faut le voir reprendre goût à la vie en chantant « Non, non rien à changer des Poppies »… Je ne vous en dis pas plus, mais son sourire…

  • 24 Mesures de Jalil Lespert **

    24 mesures - Benoît Magimel
    24 mesures - Berangere Allaux et Benoît Magimel

    C’est la belle nuit de Noël… sauf que pour quatre égarés elle sera tout sauf belle. Une prostituée essaie de récupérer la garde de son enfant. Un chauffeur de taxi fait un casse et va rendre une dernière visite à son père. Une jeune fille explique à sa mère qu’un jour il sera trop tard pour lui dire « je t’aime ». Un batteur de jazz règle aussi certains comptes. Les quatre sont en quête de leurs parents ou de leur enfant, ils vont se rencontrer cette nuit là par hasard où leur destin va basculer.

    La caméra hyper mobile qui ne lâchera pas les comédiens saisis constamment en très très gros plan et l’atmosphère nocturne donnent à ce film une ambiance asphyxiante qui ne se démentira jamais (et feront que la moitié des spectateurs quittera la salle afin sans doute d’éviter un suicide collectif). En effet, la façon dont les personnages sont révélés ou se rencontrent est d’une violence inouïe, la scène d’ouverture est à ce titre des plus oppressante (d'autant plus quand on comprend ce qui s'est passé et pourquoi Lubna Abaznal est dans cet état...). D’autres suivront, tout aussi cauchemardesques et  tout sera d’une noirceur et d’un pessimisme sans fond qu’aucune lumière (si ce n’est le sourire de Sami Bouajila et les impros jazz d’Archie Chepp) ne viendra éclairer.

    Jalil Lespert, magnifique acteur par ailleurs, est-il à ce point désespéré pour nous présenter un premier film en tant que réalisateur d’une telle noirceur ? En tout cas, on ne peut nier qu’un auteur soit né et que ce qu’il fait faire à ses acteurs très très concernés, est fabuleux. Si les filles sont un peu trop caricaturales et hystériques, les garçons sont mieux servis avec des rôles plus émouvants.

    Ce que fait Benoît Magimel ici est de l’ordre du surnaturel et du miraculeux, je ne vois pas d’autre explication…

    Un film aussi désespérément sans issue est rare…

    Voici l’explication du titre par Jalil Lespert lui-même :

    "A la base, je pensais que jazz et blues se jouaient en 24 mesures. Mais Archie Schepp m'a appris que c'était une erreur ! Une erreur intéressante dans la mesure où, sans être exacte, elle renvoyait quand même à quelque chose de musical, mais aussi à la date du 24 décembre qui est essentielle dans le film et à d'autres notions comme 24 images par seconde. De plus, je préférais la sonorité de 24 à celle de 12, qui est le bon nombre de mesures pour le blues, alors je l'ai gardé."

  • Ce que mes yeux ont vu de Laurent de Bartillat *

    Ce que mes yeux ont vu - Sylvie Testud

    Qui se cache derrière cette femme toujours représentée de dos par le peintre Antoine Watteau ? C’est ce que Lucie, étudiante chercheuse en histoire de l’art va essayer de découvrir, aidée par un professeur expert qui se la joue énigmatique en faisant la gueule...

    C’est très beau et très brillamment interprété mais que c’est long ces plans fixes sur des toiles du maître, surtout pour s’entendre dire, des trémolos dans la voix que l’œil de l’âne (en bas à la droite du Gilles) « est humain… C’est l’œil du peintre » !!!

    Que c’est lent cette enquête où se multiplient tellement les ellipses qu’on a bien du mal à la suivre !

    Et que c’est compliqué voire franchement confus et incompréhensible, même si l'on admet sans peine que l'obsession peut rendre barjot. On ne comprend effectivement pas bien comment Lucie parvient à ses/ces conclusions séduisantes certes mais sur lesquelles le pauvre spectateur est à peine éclairé.

    Par contre, LA trouvaille, la révélation même si son rôle est totalement confus et inexpliqué et sacrifié… c’est James Thiérrée acrobate, clown, poète et magicien dont le visage capture l’attention et conquiert le cœur. Il ressemble de façon troublante, bouleversante à son grand-père, et son grand-père, c’est LUI.

    S’il passe en spectacle chez vous, ne le ratez pas !

     

  • A la croisée des Mondes : la boussole d'or de Chris Weitz **

     

    Photos de 'A la croisée des mondes : la boussole d'or'
    Photos de 'A la croisée des mondes : la boussole d'or'
    Photos de 'A la croisée des mondes : la boussole d'or'

    Lyra est une orpheline qui n’a pas froid aux yeux. Elle vit au Jordan College. Le monde dans lequel elle vit est très différent du nôtre puisque, par exemple, chaque être humain y est accompagné de son « démon », un animal qui est davantage un ange gardien (l’âme !) qu’un démon et ne le lâche pas d’une semelle. On y rencontre aussi les membres du Magisterium qui font de drôles d’expériences sur les enfants après les avoir enlevés. Lyra semble être « l’enfant » qui peut sauver le monde au prix d’un extraordinaire et dangereux voyage…

    Est-ce que Tolkien et Peter Jackson nous ont définitivement confisqué toute surprise en matière d’heroïc fantasy ? C’est la question qu’on se pose en voyant ce film (premier d’une nouvelle trilogie) qui fait un mix entre « Le Seigneur des Anneaux » (les similitudes pleuvent) et « Harry Potter » (le collège ressemble comme deux gouttes de perlinpinpin à Poudlard). Les références sont écrasantes et le réalisateur a dû regarder en boucle « Le Seigneur… ». Cela dit comme on nous promet une bonne guerre pour l’épisode suivant, on l’attend sans bouder son plaisir. Il est évident que ce premier épisode est loin d’être indigne et qu’il est sans aucun doute ce qu’on a vu de mieux dans le genre depuis les aventures de Frodon. Il se suit avec intérêt (malgré quelques longueurs), on est assurés de voir davantage Daniel-Bond-Craig dans le prochain volet, Nicole Kidman avec ses sourcils en accent circonflexe sème bien le doute et le trouble, et on a hâte de voir ce qui lui est arrivé au visage étant donné ce qu’elle s’est pris dans la figure (mais qu’on n’a pas vu, puisqu’elle était de dos…), Eva Green est la plus magnifique sorcière de la création (et sa voix… un trouble permanent), il n’y a pas de vilains orques mais de gentilles (ou pas) bestioles poilues… Le plus gênant c’est que souvent les bestioles, et je n’en reviens pas de dire ça, sont plus sympas et expressives que les humains, que la communauté de la boussole d'or n'a pas le panache de la communauté de l'anneau, que Dakota Blue Richards/Lyra avec sa petite bouche tordue et ses dents gris/jaune n’est pas Frodon/Elijah Wood, pas plus que le laideron qui l’accompagne… et que c’est bien embêtant quand l’héroïne a une tête à claques. Cela dit ce n’est pas encore elle qui m’éloignera des mondes parallèles, parce qu'il y a de drôles de machines volantes, un cow-boy improbable, des décors beaux à couper le souffle, des aventures qui font froid dans le dos parfois, un gentil nounours roi qui s'appelle Lorek Byrnison, des noms qui font rêver (Lyra Belacqua, Lord Asriel,  Serafina Pekkala, Billy Costa, Lee Scoresby…) et aussi sans doute parce que c’est souvent là qu’on peut me trouver…

    A la croisée des mondes : la boussole d'or
    Photos de 'A la croisée des mondes : la boussole d'or'
  • LA NUIT NOUS APPARTIENT de James Gray *****

    La Nuit nous appartient - Affiche américaine

    Bob et Joseph sont frères. Jo est la fierté de son père, comme lui il est devenu flic à New-York, alors que Bob est la brebis galeuse, gérant d’une boîte branchée où la drogue circule. Bob se constitue une nouvelle famille accueillante chez les Buzhayev très proches de la mafia russe et Joseph est nommé responsable de la brigade des stups. La guerre fratricide est engagée.

    Ce film est une « tuerie ». Je dis ça pour parler djeuns mais surtout parce que les superlatifs vont me manquer pour évoquer ce film exceptionnel.

    Je ne vous dirai rien de plus de l’histoire tant les rebondissements inattendus pleuvent en cascade au rythme d’un scénario irréprochable qui ne cesse, du début à la fin, de réserver des surprises colossales. C’est un film qui assume son manichéisme et un certain pathos (j’ai pleuré… dans un tel film, c’est surprenant !) mais avec une telle maestria, qu’on est littéralement aimanté, stressé, bouleversé dès les premières secondes. Je n’ai pu (car les sujets sont proches et la sortie des deux films aussi) m’empêcher de penser à Ridley Scott qui doit être parti se cacher au fin fond du désert du Taklamakan pour se faire oublier… James Gray n’a tourné que 3 films en 13 ans (« Little Odessa » et « The yards") qui étaient déjà des ovnis en forme de tragédie familiale noire proches de la perfection. On hésite entre l’envie de dire au réalisateur de continuer à prendre son temps et l’impatience de l’implorer de nous donner à voir la suite.

    Ce film est exceptionnel. Je l’ai dit, mais pas seulement, il est inattendu, extraordinaire et surprenant. Je ne me souviens pas avoir été autant concentrée, tendue, concernée, angoissée pendant une projection. La course poursuite en voiture, impressionnante, spectaculaire, époustouflante est un sommet du genre qui renvoie toutes les autres à l’ère paléolithique du cinéma. Le spectateur est DANS la voiture, en sort essoufflé et, comme Bob, tombe à genoux, en larmes… Quelques scènes très mouvementées alternent avec d’autres très intimistes qui à aucun moment ne retardent ou ralentissent l’action. Tout ici est à sa place.

    Le réalisateur maintient le spectateur dans un état de stress permanent, une tension constante qui l’entraînent dans un final déconcertant. Le courageux héros, celui qui meurt ne sont finalement pas ceux que l’on croit.

    New York est pratiquement constamment plongée dans une nuit où se succèdent bâtiments désaffectés et endroits chébran. L’histoire d’amour n’est pas un accessoire et l’amoureuse sacrifiée n’est pas un gadget, c’est un véritable beau personnage porté par la sublime Eva Mendès, délicieusement vulgaire. Bob veut devenir le roi de New-York mais il se brûle les ailes et quand on connaît un peu l’histoire de Joaquin (dites « Ouakin », vous n’avez pas oublié ?) ses larmes et ses sanglots sont encore plus bouleversants. Que dire des acteurs ! Mark Whalberg s’efface progressivement en intériorisant de plus en plus son personnage. Impressionnant. Robert Duval, froid, mais pas tant que ça, prêt à tout pour défendre ses grands garçons, en être fiers, est magnifique. Mais le voyage ne serait rien sans Joaquin Phénix dont le beau visage tourmenté mériterait un documentaire à lui tout seul tant il exprime sans trop en faire l’évolution de son merveilleux et complexe personnage. L’arrogance du début fait place à l’inquiétude et l’anxiété et James Gray s’attarde longuement sur le cataclysme et la tempête qui se jouent sous ce crâne.

    Bouleversant (l'acteur... et le film !).

    Courez-y ! Je n’adresse plus la parole qu’à ceux qui présenteront leur ticket de cinéma DE CE FILM en passant sur cette route. Oui, La route du Cinéma devient à péage. Tant pis pour vous.

    En sortant de la salle j’ai couru acheter le DVD « Walk the line » pour me faire une cure de Joaquin…

     
  • JULIEN

     

     

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    Il s’appelle Julien et il est sans doute l’artiste que j’ai le plus vu en scène, 10 fois peut-être une de plus, peut-être une de moins mais quand on aime…

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    Jamais décevant ! 40 ans que je l’aime, et manifestement, je ne suis pas la seule… N’évoquons même pas la moyenne d’âge en présence. Lui, il en a 60, paraît-il. On s’en fiche. Il arrive à l’heure et ne nous abandonne pas une seconde pendant deux heures dont on sort le cœur plein… La voix est toujours là. Sa musique aussi, hors de tous les temps et de toutes les modes, sur laquelle des auteurs eux aussi hors du commun ont su poser des mots qu’il est le seul à pouvoir prononcer. C’est un troubadour et son spectacle actuel est « Intime » et aussi, difficile de dire pourquoi, cette fois particulièrement émouvant par moments. C’était un concert pour son « Club de Patineurs » ou plutôt de patineuses, les fidèles inconditionnelles qui n’ont jamais été déçues et connaissent par cœur la moindre de ses chansons.

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    Les mots de Marcelline Desbordes Vallemore « Les séparés » résonnent encore. Je vous les offre même si vous n’avez pas l’intensité de la façon dont il les a chuchotés :

    N'écris pas ! Je suis triste et je voudrais m'éteindre.

    Les beaux étés, sans toi, c'est l'amour sans flambeau.

    J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre

    Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau.

    N'écris pas ! N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.

    Ne demande qu'à Dieu, qu'à toi si je t'aimais.

    Au fond de ton silence, écouter que tu m'aimes,

    C'est entendre le ciel sans y monter jamais.

    N'écris pas ! Je te crains, j'ai peur de ma mémoire.

    Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.

    Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.

    Une chère écriture est un portrait vivant.

     

    N'écris pas ces deux mots que je n'ose plus lire.

    Il semble que ta voix les répand sur mon cœur,

    Que je les vois briller à travers ton sourire.

    Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.

    N'écris pas ! N'apprenons qu'à mourir à nous-mêmes.

    Ne demande qu'à Dieu, qu'à toi si je t'aimais.

    Au fond de ton silence, écouter que tu m'aimes,

    C'est entendre le ciel sans y monter jamais.

    Et aussi (quelques extraits de) celle qui dit « qu’elle n’est pas donnée à tout le monde, la chance de s’aimer pour la vie » et qui raconte la vie, pas si douloureuse finalement, des enfants de divorcés que Maxime Le Forestier lui a confectionnée sur mesure :

    « Si quelquefois je vois double

    C'est que l'enfance me revient

    Double vie double silence

    Double sens et double jeu

    Silencieux le coeur balance

    Pourquoi les parents sont-ils deux

    On voit du pays on voyage

    Chaque semaine et chaque été

    Des souvenirs qui déménagent

    Et qu'on ne peut pas raconter...

    Deux maisons, deux quartiers

    Deux gâteaux d'anniversaire

    Multiplier les pères et mères

    N'a pas que des mauvais côtés

    Avant les autres j'aurais su

    Que le seul sentiment qui dure

    C'est le chagrin d'une rupture

    Où je n'aurais jamais rompu… »

    J’y étais avec lui (oui, il y a quelques hommes dans la salle), et si vous ne remarquez rien, prenez rendez-vous chez l’ophtalmo.

    Julien Clerc

    Julien Clerc

    Julien Clerc 

    Et « à la fin, je pleure »...
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    Les photos ont été réalisées avec mes petites mains et mon petit appareil, alors indulgence...
  • My Blueberry Nights de Wong Kar-Waï ***

    Photos de 'My Blueberry Nights'
    Photos de 'My Blueberry Nights'

    Elizabeth, Lizzie, Bethy, Beth (sont vraiment champions du monde des diminutifs ces américains !) vient de se faire plaquer par son amoureux chéri. Elle confie sa peine à Jérémy, un patron de bar très compatissant et attentif qui fume des cigarettes et offre sa tarte aux myrtilles. Pour tenter d’oublier sa peine, Lizzie décide de quitter New York, de prendre un bus qui la déposera au hasard. Elle va traverser les Etats-Unis d’Est en Ouest, s’abrutir dans le travail (pour gagner plus) et s’acheter une voiture (« l’American Dream »), rencontrer des gens, écrire des cartes postales à Jérémy qui l’attend sans qu’elle le sache, et revenir, manger de la tarte aux myrtilles !

    Voilà bien le film le plus « accessible » de Wong Kar-Waï. Après les fiévreux « In the mood for love » et « 2046 » (encore plus fiévreux) voici l’histoire désarmante d’une fille qui va mettre une année complète à traverser la rue qui la sépare de l’amour. Le réalisateur parle d’amour comme toujours et il y a beaucoup de douleur, de chagrin, de désespoir et de compassion dans ces histoires croisées. Elizabeth va rencontrer des êtres anéantis, inconsolables, que la vie et l’amour ont brisé. Elle va les écouter et tenter de les consoler pour finir par se trouver elle-même et retrouver le sens, la direction qu’elle a perdus. Ralentis nonchalants, lumières bleu, verte, jaune entre chien et loup, l’ambiance ici est à la mélancolie. Et puis Monsieur Wong qui n’a pas oublié le trouble provoqué par l’enivrante rengaine d’ « In the mood for love » semble nous la susurrer à nouveau dans le creux de l’oreille. Il a de toute façon le chic pour rendre les mélodies indispensables, ici Cat Power ou Otis Reading s’ajoutent à l’enchantement. Quant au casting il est assez fabuleux. Si Norah Jones, mignonne et un peu perdue, semble plus spectatrice qu’actrice du film elle est entourée de Jude Law plus délicieusement séduisant que jamais, de David Strathairn, débarrassé de son costard d’agent du FBI, désespérément brisé, de Rachel Weisz touchante et désemparée, et surtout de Natalie Portman à qui aucun rôle ne semble résister tant elle est prodigieuse une fois encore. Son « chapitre » est de loin le plus captivant et lorsqu’elles sont ensemble, on se prend à rêver à un nouveau "Thelma et Louise" où elles ne seraient que toutes les deux, seules, contre tous.

    Au final, c’est vraiment le film qui raconte l’histoire d’une fille qui met un an et des milliers de kilomètres à traverser la rue et c’est magnifique.

    Photos de 'My Blueberry Nights'

     

  • Agent double de Billy Ray°°

    Agent double - Ryan Phillippe et Chris CooperAgent double - Ryan Phillippe et Chris Cooper

    Pas de surprise puisque dès le titre et le générique on sait que l’agent Robert Hanssen est double, que c’est tiré d’une histoire vraie et que le futur agent Eric O’Neil va devoir le traquer. Le fait de savoir n’est pas grave, exemple : on savait que le Titanic coulait à la fin… mauvais exemple ? Bon, quand même c’est souvent qu’on sait et qu’on passe un bon moment de cinéma, nonobstant qu’on sait !

    Qu’avons-nous ici ?

    Le futur agent O’Neil est au lit avec madame. Déjà là, ciel couvert… j’étais déjà morte écroulée de rire. Les américains me font rire parce que sur leur table de nuit, ils ont des photos d’eux ! Passons… Monsieur dit à Madame : « redis-le moi encore ? ». On s’attend à la scène d’amour, direct comme ça et sans préavis ! Ben non pas du tout, Madame répond « Tu seras un agent bientôt mon TocToc, je te le promets ». Oui, le rêve d’Eric est d’être agent du FBI mais il faut faire ses preuves. Quant à Madame, c’est une nunuche au foyer qui s’effondre en larmes dès que Monsieur rentre en retard. On a vraiment envie de lui dire : « t’as pas toute ta tête ma pauvre fille. Ton mari il bosse au FBI ! Oublie les 35 heures. Le FBI c’est 7 jours sur 7, 24 h sur 24 ». Elle est bête cette fille ! Passons encore, c’est pas elle le centre d’intérêt, mais tout de même quelle cruche !

    Eric est muté au service de Robert Hanssen pour trouver les preuves de sa doublitude.  Sale temps au FBI. A nous spectateurs, on affirme que le Bob est une pointure, que c’est le pire espion que l’Amérique et la terre aient porté et qu’il est la cause de bien des dommages collatéraux mondiaux… sans jamais nous donner l’ombre de la queue d’une preuve. Y’a bien deux types qui se font descendre dans un couloir et c’est de la faute à Bob, mais c’est tout.  Que voit-on ? Un mal embouché, insupportable cul béni qui fait une fixette sur Catherine Zeta Jones et termine toutes ses phrases par Jésus, Marie, Joseph, l’âne ou le bœuf ! Pour une fois que l’impressionnant Chris Cooper tient un premier rôle c’est dans un film débile.

    A côté de lui, nous avons Ryan Philip, acteur transparent et Laura Lynney actrice relativement ectoplasmique également, ce qui ne relève pas le débat.

    Une fois, on ne sait pourquoi, mais la scène vaut son pesant de cacahuète, Eric va rendre visite à son père. Apparemment, il est venu chercher un conseil, vu qu’on lui a confié l’enquête la plus importante de la terre (rechercher Ben Laden à côté c’est de la roupette de sansonnie). Le père qui voit bien que son rejeton en a gros sur la patate lui dit sans rire : « Monte sur le bâteau, fais ton travail et rentre à la maison »… Manifestement c’est ce qu’il attendait Eric. Il repart tout guilleret… Enfin, si tant est que Ryan Philip puisse avoir l’air guilleret.

    Ce film est aussi palpitant qu’un épisode de Derrick. Je n’ai jamais vu un seul épisode de Derrick mais d’après ce que j’ai lu ici et là, il semble être le maître étalon en matière de rebondissements en série. Voilà, ici c’est un peu pareil. Le plus grand suspens est de savoir si la porte que Bob va ouvrir, s’ouvrira avant qu’Eric ait le temps de replacer une mallette à la bonne place. Pas de quoi faire un arrêt cardiaque.

    Finalement le plus grand espion de tous les temps qui gare sa voiture sur le parking du FBI alors qu’elle est chargée comme un arsenal finira par se faire avoir par un bleu bite, le même qui se fera avoir par une ruse de sioux de sa femme (la nunuche du début, vous vous rappelez pas ???).

    Bon je crois que je tiens là l’un des navets de l’année et le dernier plan m’a définitivement foudroyée. Le Bob (menottes aux poignets) et l’Eric se rencontrent une dernière fois. Bob (qui va finir sa vie en prison) sanglote et dit à Eric : « Prie pour moi ». Si j’avais une once de religion je prierais bien pour que les spectateurs n’y aillent  pas… , mais tout ce que je peux faire c’est vous prévenir ici.