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Sur la Route du Cinéma - Page 520

  • Tehilim de Raphaël Nadjari **

    Tehilim - Yonathan Alster et Michael Moshonov

    Le père, la mère, deux fils, Menachem et David… une famille ordinaire à Jérusalem aujourd’hui. Les enfants se chamaillent sous les yeux agacés et impuissants des parents ! Mais c’est la vie qui va, contraignante et douce à la fois avec sa routine quotidienne et la promesse d’un shabbat rayonnant. Un matin, le père emmène ses enfants à l’école. Il perd soudain le contrôle de son véhicule et termine brusquement sa course dans un arbre. Le petit David est inconscient et le père, incapable de bouger envoie son fils aîné chercher du secours. Lorsqu’il revient, le père a disparu. C’est de cette disparition dont il s’agit ou plutôt de l’absence qu’elle provoque et de la difficulté pour ceux qui restent d’y faire face. Le spectateur comme la famille ne sauront jamais ce qu’est devenu ce père, ce mari… enlèvement, fugue, meurtre !

    Dès lors, on assiste au quotidien devenu éprouvant, l’incertitude de l’avenir (la mère ne travaille pas, le compte bancaire de l’absent est (étrangement) bloqué après sa disparition), le petit David fait d’épouvantables cauchemars, l’aîné Menachem, adolescent voûté et boutonneux (qui se révèlera par la suite pas bien malin…) se fracasse contre tous les murs qui lui barrent la route au lieu de lui ouvrir, l’amour, la religion, le manque du père admiré…

    C’est beau, fort, simple, touchant et infiniment réaliste. Ancrée dans le réel et la modernité, cette famille ordinaire confrontée à une situation extraordinaire ne peut se défaire de l’emprise de la famille et de la religion. Le père du disparu décrète que la maison doit devenir un lieu de prières et de rencontres à la gloire de l’absent, pour le faire revenir…

    Le cinéaste présente son film comme une réflexion sur le judaïsme : "Le judaïsme n'est pas une solution, c'est un environnement de questions qui exigent plus qu'un engagement. Il exige l'intelligence au-delà du fait religieux. C'est un paradoxe, et ce paradoxe est son essence ». Effectivement, il faut savoir et pouvoir prendre du recul par rapport à ces textes emprunts de sagesse mais aussi de mystère et parfois d’obscurité. Les vérités que le grand-père assène à son petit fils sur le bien et le mal (pas d’autre alternative…), la charité etc… qui pour la mécréante que je suis ressemble plus à de la superstition, le jeune garçon les reçoit en pleine face au tout premier degré… ce qui le conduit à faire pas mal de conneries. C’est dans cette partie que ce (beau) film est le plus faible car d’après moi le jeune Menachem, sensé être un ado de 15/16 ans je pense… en paraît 10 de plus. Et surtout, son attitude dos voûté-semelles traînantes finit vraiment par lasser au lieu d’évoquer l’obstination. On a envie de lui dire : « redresse-toi » et aussi, et surtout : « tu pourrais réfléchir avant d’agir ??? »… même si les réactions induites par des situations douloureuses sont les moins critiquables possibles, je trouve que l’acteur est un peu limité pour ce rôle écrasant. C’est le petit frère, tout à fait étonnant, qui semble le porter et lui offre l’occasion à plusieurs reprises de bien belles scènes !

    Dommage aussi d’avoir renoncé au titre initial plus long, certes, mais encore tellement plus énigmatique : « Tehilim pour David Frankel ».

    En 2005, « Avanim » du même réalisateur avait été un de mes films préférés de l’année ; celui-ci confirme que ce réalisateur va continuer (malgré les réserves) à nous proposer du bien beau cinéma.

  • Les blogs qui comptent...

     

    C'est avec surprise et stupéfaction que j'ai appris par Sandra que "Sur la route du cinéma", mon blogamoi, était référencé dans Le Guide des Relations Presse et de la Communication 2007 qui vient d'établir la liste des 70 blogs français qui comptent, toutes catégories confondues (liste complète reprise ici).

    Qui comptent pour quoi, qui comptent pour qui ??? Je n'en sais rien et (rassurez-vous) je mesure tout l'aspect subjectif d'une telle liste !

    Ce blog compte pour moi et  si vous le lisez, peut-être compte t'il un peu pour vous ! Tant mieux.

    Ma seule ambition est de vous donner envier d'aller au cinéma après que j'y sois allée moi-même. Vous faire partager mes coups de coeur, mes émotions, ma fascination, et aussi parfois (hélas !) mes coups de gueule, voilà la motivation qui m'incite à continuer d'écrire le plus régulièrement possible !

    BIENVENUE SUR LA ROUTE DU CINEMA :

  • Les chansons d'amour de Christophe Honoré****

    Pour me laver les yeux et la tête du (très) mauvais film vu hier, j'ai revu ces magnifiques chansons d'amour qui racontent toutes la même histoire et pourtant une histoire différente à chaque fois. C'est un film troublant, désespéré, lumineux, drôle, tragique et bouleversant... avec des acteurs, des filles et des garçons qui conjuguent à tous les temps le verbe aimer !

    La palme de la présence "i.r.r.e.s.i.s.t.i.b.l.e." revenant sans hésitation à Grégoire Leprince Ringuet.

    Regardez, écoutez, courez-y :

     

  • 88 minutes de Jon Avnet °

    Une jolie fille en string se fait torturer, violer puis assassiner sous les yeux de sa jolie sœur en string. Jon Forster est arrêté puis doit être exécuté SAUF que curieusement, les meurtres avec la même mise en scène macabre (les filles sont en string accrochées par un pied tête en bas…) reprennent, semant le doute et la terreur. Jack Gramm, éminent expert en psychiatrie criminelle entouré de plein de jolies filles en string (et parfois sans),  à l’origine du verdict létal reprend du service. Il reçoit en outre un étrange coup de fil (bouououh, ça fait peur, la voix est modifiée dans le téléphone… que deviendraient les films sans le téléphone portable ???) qui lui annonce qu'il ne lui reste que  88 minutes à vivre… et patati et patata…

    Bon, quand on voit ce truc on se dit que, cinématographiquement parlant, les histoires de killer serial ont été essorées jusqu’à la dernière goutte de sang versé dans la plus abracadabrantesque mise en scène ! Quand on voit « Zodiac », on se dit que non, pourtant.

    En tout cas, ici, dès la scène d’ouverture minable, avec deux pauvres actrices très, très approximatives, on se dit : « ouille, aïe, aïe… !!! ». Soit, passons, c’est couillon et calamiteux, on va pas en faire un cake.

    MESSAGE PERSONNEL U.R.G.E.N.T. pour Al Pacino :

    Mon très Cher Al,

    Arrête tes conneries s’il te plaît. Il y a une chose magique que tu sais faire… une chose inouïe qui coule dans tes veines ; ça s’appelle LE CINEMA ! Tu te souviens, tu as été Bobby, Michaël, Franck, Richard III, et Carlito, Carlito, Carlito ? Tu t’en souviens quand même ???

    Alors : action, réaction… avant que je m’énerve !

    P.S. : change de coiffeur !

  • Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel ****

    Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef au magazine « Elle » se réveille d’un coma de trois semaines. Les médecins lui apprennent –plus ou moins délicatement- qu’il est à l’hôpital maritime de Berck atteint d’un « locked in syndrome » (syndrome d’enfermement : le scaphandre), séquelle rarissime (500 cas en France) d’un accident vasculaire cérébral. Paralysé de la tête aux pieds, incapable de bouger, de parler et de respirer sans assistance, le seul lien qui lui reste avec le monde est sa paupière gauche (le papillon). Le mental et l’intellect sont également indemnes…

    Passé le choc violent de la stupeur consternée puis de l’accablement impuissant, Jean-Do découvre qu’il n’y a pas que son œil qui soit intact : il lui reste son imagination et sa mémoire. Jusque là, cet homme pressé plutôt égoïste, va, contraint et forcé, laisser errer son esprit libre et se rêver aux quatre coins du monde. Pour survivre. Il ne va pas renoncer à son projet d’écriture. Il devait se consacrer à la vengeance au féminin en revisitant « Le comte de Monte Cristo », il va choisir de raconter l’emprisonnement de son corps qui laisse néanmoins l’esprit libre. Grâce au mouvement de son œil gauche et à l’aide de Claude patiente et dévouée (magnifique Anne Consigny), il va dicter son roman (dont est tiré ce film) en clignant la paupière alors que l’alphabet lui est dicté.

    Dès lors, presqu’en fond sonore, le film sera rythmé par cette séquence : E.S.A.R.I.N.T.U.L… répétée inlassablement. Quand la lettre convient, Jean-Do cligne de l’œil ! Travail colossal, monumental, fastidieux. Jean-Do décide de ne plus jamais se plaindre…

    Filmé d’abord en caméra subjective, tout ce qui est montré est l’angle de vue de cet homme immobile qui ne voit plus que d’un œil. Le seul moment insupportable (qui aurait pu être évité ?) étant celui où l’on coud l’autre paupière… alors que « nous » sommes à l’intérieur de l’œil… Julian Schnabel évite absolument le pathos et à aucun moment ne vient chercher nos larmes de force. Si l’émotion est là, la dignité aussi. Je craignais le moment où l’on découvre le corps et le visage du malade. Là encore, il n’est pas présenté comme un monstre mais approché, intelligemment sans convoquer les violons du dolorisme. Les scènes les plus bouleversantes reviennent au père (Max Von Sidow : immense) lui aussi emmuré d’une certaine manière.

    Mathieu Amalric que l’on peut voir en quelques flash-backs, valide, charmeur, séducteur, hyper actif, prête son corps et son visage martyrisés à Jean-Do. Mais c’est aussi ou surtout sa voix, assez unique, aux accents traînants qui rythme ce beau film et nous rend toutes l’expression, les émotions et les sensations d’un homme immobile qui reste un homme intelligent, plein d’humour, parfois grivois, triste ou en colère… VIVANT.

    Je crois que le message, si message il y a, est que la vie et la santé sont fragiles et précieuses, qu’il faut en prendre soin et ne pas attendre qu’un grand malheur frappe pour le réaliser.

     

    P.S. : ma cannoise de choc prévoit une palme d'or pour ce film... J'aimerais aussi un prix pour Mathieu Amalric.

  • Après lui de Gaël Morel **(*)


    Mathieu meurt dans un accident de voiture alors que son meilleur ami Franck en sort indemne. Les réactions des proches sont diverses et celle de la mère, insolite. C’est cette dernière (Catherine Deneuve/Camille) qu’on ne va plus quitter un instant alors que les autres consternés, surpris ou choqués par l’attitude de Camille qui se rapproche de plus en plus de Franck, vont se diluer dans la pellicule.
    Ici, il n’est question ni de mort (on ne « voit » pas l’accident, ni le mort (ou si peu)), ni de deuil (Camille le refuse)… la question, la seule, et c’est Camille qui la pose au père de Mathieu (Guy Marchand : MAGNIFIQUE) dont elle est divorcé est :
    « Qu’est-ce qu’on va faire ?"

     Et oui, car après lui : Quoi ? Après lui ? Rien, c’est simple.
    La première apparition de Camille est une Vision purement et simplement. C’est un éclat de rire, c’est le temps de l’insouciance. Cette femme, cette actrice capture la caméra, l’attention, l’écran. Dès lors le film lui appartient. Dommage que Mathieu soit Adrien Jolivet car hélas il disparaît de l’écran dans les dix premières minutes après une jolie scène de chahut tout léger. C’est un acteur merveilleux (avez-vous vu «Zim and Co» ?) et je lui aurais bien attribué le rôle de Franck tenu par Thomas Dumerchez, particulièrement fade.
    Sitôt la scène d’ouverture expédiée… Camille/Catherine nous crache littéralement son chagrin au visage. Elle est dévastée par ce séisme et secouée de sanglots et de larmes qui jaillissent et nous atteignent en plein cœur. Si vous passez cette première demi-heure c’est que, comme moi, vous êtes équipés d’une belle dose de masochisme car c’est tout simplement INSUPPORTABLE. Tous ses gestes, ses regards sont des crève-cœur et il fallait bien cette actrice qui semble avoir tout vécu et pouvoir tout se permettre pour réussir à être aussi juste sans jamais en faire trop.
    Camille se tourne donc vers Franck que tout le monde tient pour responsable de l’accident puisqu’il était au volant. Pourtant lui aussi est perdu et inconsolable. Camille va se rapprocher de lui, lui proposer du travail, l’inciter à ne pas abandonner ses études, lui offrir des cadeaux, le couvrir de baisers, refaire avec lui le trajet fatal. Elle va rejeter, brutalement, tous ceux qui ne vont pas comprendre, sa sœur, sa fille, son petit-fils qui vient de naître, ses ‘amis’. C’est choquant… oui sans doute mais j’ai compris absolument, et approuvé… Et comme le dit Catherine : « on a tous les droits quand on vit une souffrance pareille ».
    Catherine Deneuve encore et toujours là, surprenante, sidérante, magnétique fait de chaque scène un évènement et on se répète qu’elle ose TOUT. Avec son autorité, sa voix et son débit inimitable, elle peut tout envoyer balader d’un revers de main ou d’un mot. Volontaire et obstinée jusqu’à l’obsession, elle nous offre des regards plus éloquents que des discours.

    Chaque scène devient un moment d’anthologie avec elle,

    parce que c’est elle.

    Elle marche et même son allure et sa silhouette sont hypnotisant. Cette actrice est magique. Et elle peut tout : marcher sur un chantier à toute allure les mains dans les poches, engueuler tout le monde, faire une mine de dégoût quand on lui impose un bébé dans les bras, suivre des jeunes gens dans la rue et leur proposer de faire quelques pas avec eux, fumer des cigarettes non stop, pousser un scooter et excédée vouloir le donner aux passants, aller à un concert de rock et sauter comme une gamine, s’arracher les mains sur l’arbre responsable de l’accident, puis y foutre le feu, balancer des répliques comme « me mêle pas à tes histoires de cul »… Un réalisateur amoureux (au sens presque religieux du terme) de son actrice, c’est toujours magnifique à voir. Celle-ci est un électron libre. Elle est magique, elle est unique et le film terminé c’est sa voix qu’on entend encore… avec comme paroxysme la scène du choix des vêtements, déchirante ou celle où elle découvre la musique qu’aimait son fils.
    Ecoutez :

  • Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski °°

    Souvenez-vous, notre Johnny/Jack dans le deuxième épisode, se faisait avaler vif par un poulpe géant, nous laissant comme des veuves éplorées devant un plateau de fruits de mer chez Léon de Bruxelles.

    Rassurez-vous : IL revient, toujours et de plus en plus titubant… Je devrais plutôt dire ILS REVIENNENT… car ce n’est pas un mais… Oh et puis, non je vous laisse découvrir. Après tout c’est quand même LA seule scène qui vaille le coup. Bien sûr, il faudra payer et surtout attendre une interminable demi-heure avant que ça ne se produise.

    Ensuite, il faut s’enfiler ce plat de méduses looooooooooooooooooooooooooooooooooooooong comme un jour sans pain. Presque trois heures de parlotes, de blablas, de verbiages, de conférences, de baratins, de causeries, d’entretiens, de conciliabules, de pourparlers... tous plus incompréhensibles, abscons, imbuvables, obscurs, ténébreux, hermétiques et insupportables les uns que les autres, et qui semblent uniquement destinés à remplir le vide incommensurable d’un néant sans fond. L’histoire qui fait apparaître de nouveaux personnages, de nouvelles quêtes tous plus plats les uns que les autres, semble être écrite au fur et à mesure dans un style pataphysicien non maîtrisé. Car c’est bien de science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité dont il s’agit ici. Ou alors, je m’égare… Vous trouverez même au rayon "on recycle" : une parodie (risible mais pas drôle) d'"Il était une fois dans l'Ouest" !

    Entre deux diarrhées verbales, Gore Verbinski fait péter TOUS ses décors ! Bon signe ? Peut-être pas ! La fin est ouverte messieurs/dames… entendez par là que… (je ne vous dis pas qui…) va se faire piquer un truc. En outre, il y aura mort d’homme, mais pas vraiment… Oh j’rigole !!!

    Sinon, Orlando/Turner m’a semblé un peu moins bulot que d’habitude (j’ai dit « un peu ») on va pas crier « OOOOOOsssssssscAAAAAAAAAAAAAAAAAR !!! » trop vite quand même. Par contre, Keyra/Elizabeth (je ne sais si elle a été passée au Tan O Tan lustrant ou si elle a l’ictère du nouveau-né… mais elle est JAUNE) porte toujours aussi haut les couleurs de l’interprétation ( !!!) indéfendable. Quant à l’apparition de Keith Richards…

    Bon, z’êtes prévenus, embrassez qui vous voulez et dansez maintenant… au-delà des limites du monde connu évidemment.

  • A casa nostra di Francesca Comencini *

    Un homme d’affaires véreux, une mannequin éconduite qui sombre dans la drogue, un couple de retraités qui se chamaille, une prostituée ukrainienne, un ex-taulard repenti et amoureux, un commandant de police (femme) qui enquête… Qu’est-ce qui relie ces personnages ? L’argent.

    Constat implacable sur une Italie peu reluisante, corruption, trahison… on sent que la réalisatrice est en colère et son film politico-financier est d’une froideur bienvenue dans Milan en hiver mais les personnages désincarnés et les multiples intrigues alambiquées laissent souvent de marbre.

    Le fric pue, il est sale… parfois gagné honnêtement ! Bon, et alors ?