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Sur la Route du Cinéma - Page 303

  • LE POLICIER de Nadav Lapid ***(*)

     Le Policier : photoLe Policier : photo

    Yaron fait partie d'une unité anti-terroriste d'élite de la police israëlienne. Avec ses collègues ils forment une équipe soudée par l'amitié. C'est également ensemble qu'ils passent leur temps de loisirs et leurs week-ends, accompagnés de leur famille. De leur côté Shira, Nathanaël et leurs amis n'ont qu'un leitmotiv ; "Il est temps pour les pauvres de s'enrichir, pour les riches de mourir", et entendent le faire savoir dans les plus brefs délais. Yaron et Shira vont se rencontrer, brutalement, de façon fugace.

    Je suis allée voir ce film sans en rien savoir, seulement parce qu'il était israëlien. Et j'ai bien fait, je suis allée de surprise en stupéfaction, ne sachant strictement rien du synopsis ni de ce que j'allais découvrir. Je vous recommande donc d'en faire autant. Allez voir ce film dans le même état d'esprit et de la même façon que moi, puis revenez éventuellement lire la suite et me dire à quel point vous avez aimé car ce film ne ressemble à aucun autre et fait partie des meilleurs que j'ai vus cette année !

    Chapitre 1. On découvre Yaron et ses compagnons en plein exercice physique. Les garçons attaquent sans la moindre difficulté sur leurs biclous, l'ascension d'une belle grimpette. La route est magnifique quoique désertique. Lorsqu'ils s'arrêtent c'est pour s'extasier devant le "plus beau pays du monde" qui est le leur. Chacun hurle son prénom et l'écho leur renvoie. Les présentations sont faites. Yaron retrouve chez lui sa femme enceinte. Une grossesse pathologique qui la maintient allongée jusqu'à l'accouchement qui ne saurait tarder. Il la masse langoureusement en préparation à l'accouchement, esquisse quelques pas de danse pour la faire rire puis retrouve ses amis et collégues.

    On apprend qu'un des membres de l'équipe est atteint d'une tumeur au cerveau et qu'ils sont tous par ailleurs accusés d'avoir réglé un peu nerveusement une opération terroriste qui ressemble davantage à une exécution. Ce que leur avocat leur propose est tout simplement sidérant. Chut, je ne dis rien.

    En quelques scènes explicites mais sans s'encombrer de dialogues indigestes, le réalisateur nous présente cette unité d'élite où la virilité s'exhibe comme un trophée et l'amitié masculine comme une évidence. Yaron est fou de son corps et de ses muscles et ne perd pas une occasion de faire des exercices pour parfaire encore son apparence. Il s'admire dans les miroirs. Et il est difficile de se retenir de rire franchement à voir ces (très beaux) garçons, (merci Monsieur Lapid, qui lui-même n'est pas désagréable à regarder) ne cesser leurs accolades et diverses embrassades à la moindre occasion. Sans parler de ce jeu stupide qui consiste à mettre deux équipes face à face et à se précipiter les uns sur les autres en hurlant et en s'aggripant. Pour finir par se complimenter et s'embrasser à nouveau ! Ici le garçon israëlien est viril et musclé. C'est joli et marrant et peut s'avérer utile lorsqu'on est une baleine enceinte incapable de monter un escalier. Yaron soulève sa femme comme une plume et gravit les étages sans le moindre effort. Il fête dans la plus pure tradition l'anniversaire de sa maman chérie, parle à qui veut l'écouter de sa toute prochaine paternité qui l'intimide, se saisit d'un bébé pour venir se contempler devant un miroir et s'assurer que le nouvel "accessoire" ne nuit pas à son reflet. Et tout cela avec le plus profond sérieux.

    Chapitre 2. Dans un luxueux appartement, Shira, une jeune femme prépare un attentat avec ses camarades, 3 garçons, dont le charismatique Nathanaël qu'elle aime en secret. On découvrira plus tard que sa détermination, son obstination sont bien supérieures à celles des garçons. Et l'amateurisme avec lequel leur prise d'otage est effectuée en contradiction avec la radicalité de leur engagement.
    C'est là que le film prend une dimension supplémentaire. C'est rare de voir un film israëlien où le conflit avec les palestiniens n'est pas (ou à peine) évoqué. Même si la haine des "arabes" est très clairement affichée à plusieurs reprises. Les films relatent régulièrement et presqu'exclusivement cet aspect de la vie au moyen-orient alors qu'ici il est clairement question de la fracture sociale dans un pays divisé entre les riches de plus en riches et les pauvres de plus en plus pauvres !

    Chapitre 3. La prise d'otage et sa résolution. Et c'est comme si on avait trois films en un seul. Et chaque partie est traitée avec précision. Le réalisateur prend son temps quitte à déstabiliser le spectateur qui s'interroge parfois : mais où veut-il en venir ? Tout prend corps et sens peu à peu. Et on sait gré à Nadav Lapid d'avoir réussi à installer une ambiance, un climat, d'avoir étiré les scènes pour en accentuer l'intensité jusqu'au malaise et surtout d'avoir réussi une analyse psychologique en profondeur de chacun de ses personnages.

    Un grand film déroutant, dérangeant et totalement inédit où les acteurs ne se contentent pas d'être (très) beaux.

  • BABYCALL de Pal Sletaune **

    Babycall : photo Noomi RapaceBabycall : photo Noomi RapaceBabycall : photo Noomi Rapace

    Anna et Anders son fils de 8 ans s'installent dans l'appartement d'une barre HLM sinistre. Ils fuient un mari et un père violents qui les a battus, torturés. Les services sociaux s'assurent régulièrement qu'Anna emmène son fils à l'école et qu'elle va bien. Ils lui certifient que son ex mari ne pourra connaître sa nouvelle adresse et qu'elle y est en sécurité. Malgré cela, Anna est terrorisée. Elle ferme tous les rideaux de l'appartement et oblige son fils à dormir avec elle. Lorsqu'il est à l'école, elle l'attend sur un banc à l'extérieur. Mais Anders qui grandit souhaite pouvoir dormir seul dans son lit. Anna accepte mais achète un babyphone afin de pouvoir être alertée au moindre problème. Au magasin où elle achète l'appareil, elle fait la connaissance de Helge, un garçon aussi timide et solitaire qu'elle, qui prend soin de sa mère mourante. Une nuit, elle est réveillée par les cris terrifiés d'une femme et d'un enfant qui lui parviennent par le babyphone. Il s'agit d'interférences sur la fréquence. Cela évoque évidemment à Anna son propre calvaire et elle cherche à savoir d'où proviennent ces cris...

    Aucun doute cette histoire flanque les jetons. Mais il est étrange d'utiliser le thriller horrifique pour parler de la maltraitance des enfants (et des femmes). Le début est très prometteur et comme Anna le spectateur craint que chaque personne qu'elle croise ne soit pas qui elle prétend être. On est, comme elle, affolés et persuadés que le pourri va refaire surface et que le cauchemar va recommencer. Les visites du couple des services sociaux paraissent de moins en moins bienveillantes. A l'école, la présence d'Anna semble déranger. Un mystérieux petit garçon qui ne répond pas aux questions apparaît. Et Anna ne va pas bien, épouvantée qu'il arrive quoique ce soit à son fils. Et puis, on se met à douter de la santé mentale de la jeune femme. Dans sa paranoïa galopante, elle voit des choses. Est-ce son imagination ?
    Et puis le réalisateur finit par se perdre et nous perdre dans un embrouillamini de pistes illogiques qui finissent par ne pas se recouper au final !

    Dommage car Noomi Rapace, trentenaire au physique gracile d'adolescente fragile, incarne admirablement l'inquiétude d'une mère poussée au paroxysme et jusqu'à la folie. Elle est parfaite, mais seule à se dépatouiller d'une histoire incohérente.

  • THE NEKO LIGHT ORCHESTRA

    The Neko Light Orchestra est un ensemble créé par Nicolas Chaccour.
    Il est composé d'un quatuor à cordes, un piano, un set de percussions et de deux voix.
    Avec le Neko Light Orchestra Nicolas Chaccour organise des concerts de reprises de musiques de films, de musiques de jeux vidéos et de films d'animations.

    Je vous invite vivement à parcourir le site ICI et vous pourrez découvrir la teneur hautement cinématographique de l'entreprise.

    Cerise sur le tirelipompon, une des (très belles) voix du Neko Light Orchestra, n'est autre que celle d'Andréa la fille d'une blogueuse que je "fréquente" depuis de longues années !

    Alors si vous êtes dans le coin, je vous recommande : 

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     Et en regardant les vidéos ci-après, vous pourrez peut-être gagner une place !

  • MARGIN CALL de J.C. Chandor *

    Margin Call : photo

    Margin Call : photoMargin Call : photo Kevin Spacey, Zachary Quinto

    Synopsis : Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…

    Etonnamment récompensé du Grand Prix au dernier Festival du Film policier de Beaune, ce film permet à une belle brochette d'acteurs (passés à l'auto bronzant) aussi talentueux que glamour et chics pour certains (Kevin Spacey, Jeremy Irons, Paul Bettany, Demi Moore, Simon Baker, Zachary Quinto, Mary McDonnel) de s'en donner à coeur joie pour faire leur numéro. Totalement hors sujet dans un festival de films policiers, il m'a un peu agacée. Le réalisateur venu chercher son prix a tenté de s'excuser disant que ce n'était pas à proprement parler un film de flics (merci, on avait vu) mais qu'il y avait des voyous dans tous les milieux... Avec le recul je dirai qu'il s'agit d'un thriller financier !

    Il s'agit donc ici de voir une nuée de vautours traders pleins aux as faire en sorte de perdre le moins de milliers de dollars possibles et se sortir sans trop de dégâts d'une crise financière maousse ! Avoir choisi de réduire l'unité de temps à 24 heures chrono aurait pu être casse-gueule pour ce premier film rondement mené, mais on peut dire que le réalisateur a su garder rythme et tension à cette journée et cette nuit en enfer. Du coup, même si comme moi, vous n'y entravez que pouic à toutes ces salades qui mènent le monde, vous pourrez aisément garder un oeil attentif face aux doctes explications et coups bas en règle. Cela dit, il ne vous sera peut-être pas interdit de sourire lorsque vous verrez Kevin Spacey passer en un claquement de doigt du pourri qui vire ses collaborateurs et annonce aux autres que "the show must go on", à l'humaniste au grand coeur prêt à verser une larmichette ! 

    En direct du Palais Brogniart, à vous les studios !

  • MISS BALA de Gerardo Naranjo *

    Miss Bala : photo

    Synopsis : Au Mexique, pays dominé par le crime organisé et la corruption, Laura et son amie Uzu s’inscrivent à un concours de "Miss Beauté" à Tijuana. Le soir, Laura est témoin d’un règlement de compte violent dans une discothèque, et y échappe par miracle. Sans nouvelle d’Uzu, elle se rend le lendemain au poste de police, pour demander de l’aide. Elle est alors livrée directement à Nino, le chef du cartel de narcotrafiquants, responsable de la fusillade. Kidnappée, et sous la menace, Laura va être obligée de rendre quelques "services" dangereux pour rester en vie.

    Malmener sa très belle et très vaillante actrice Stephanie Sigman, de plus en plus égarée et terrorisée par des tordus sadiques, voilà sans doute le but du réalisateur qui ne convainct pas du tout à dénoncer cette bande de pourris et la corruption ambiante.

  • LES NUITS EN OR DES COURTS MÉTRAGES 2012

    les nuits en or des courts mÉtrages 2012 2012,cinéma

    Pour la 6ème année consécutive l’Académie des César propose une fois encore de manifester son intérêt à celles et ceux qui fabriquent aujourd’hui, dans le monde entier, le cinéma de demain.

    En mai et juin, l’Académie vient à la rencontre du public dans onze salles en France et dix salles en Europe et dans le monde.

    Le temps d’une soirée, l’Académie des César invite à une exceptionnelle soirée cinéma, constituée des meilleurs courts métrages sélectionnés parmi l’ensemble des primés par leurs Académies Nationales de Cinéma.

    7 films seront proposés cette année : LE français L'accordeur de Olivier Treiner, un tchèque, un canadien, un néerlandais, un irlandais, un australien/chypriote (!) et un britannique !

    Personnellement, j'y suis chaque année et je vous invite à ne pas rater cet événement s'il passe dans votre ville. Vous pouvez retrouver toutes les dates en cliquant ICI.

  • STUDIO CINÉ LIVE : HORS SÉRIE N° 19 SPÉCIAL SUPER HÉROS

    4 exemplaires à gagner.

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    Merci de retrouver le titre des films dont j'ai... bidouillé les images.

    Seules les réponses 1 à 4 permettent de gagner.

    UNE SEULE RÉPONSE À LA FOIS PAR PERSONNE. ON NE REJOUE QUE LORSQUE J'AI VALIDÉ LA RÉPONSE.

    Lorsque j'ai confirmé que votre réponse est bonne et si vous gagnez pour la première fois, merci de m'envoyer votre adresse à uupascale@gmail.com .

    GAME OVER.

    ON PEUT GAGNER

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    DARADEVIL trouvé par marion

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    KICK ASS trouvé par Amélie et Bat

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    ON JOUE POUR LA GLOIRE

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    THOR trouvé par PERSONNE

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    WATCHMEN trouvé par ludo

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    10

    THE DARKNIGHT trouvé par marion 

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  • LE PRÉNOM de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière ***

    Le Prénom : photo Alexandre de La Patellière, Matthieu DelaporteLe Prénom : photo Alexandre de La Patellière, Matthieu DelaporteLe Prénom : photo Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
    Vincent et sa femme Anna enceinte sont invités chez Elisabeth la soeur de Vincent et son mari Pierre. A table, il y aura aussi Claude, un ami de trente ans. A cette occasion Vincent décide de révéler le prénom de son futur enfant, un garçon. Alors qu'Anna tarde à arriver, Vincent décide de tenter de faire deviner le fameux prénom. Lorsqu'il le révèle enfin, c'est un grand bazar !

    Car ce prénom est honteux et scandaleux. Oui un prénom peut porter la honte et le scandale et plus encore. Je vous le laisse découvrir évidemment et vous verrez, il y a de quoi gloser. Il faut dire que donner un prénom à un enfant c'est un peu comme lors d'une finale de coupe du monde de foot ou une élection présidentielle... brusquement tout le monde a un avis sur la question. Sauf qu'ici, vue la nature insolite voire provocatrice du choix, les discussions prennent rapidement un  tour inattendu, et c'est tout simplement tordant... avec néanmoins quelques incursions dans un registre un peu plus grave. Cette discussion un peu animée va être un véritable révélateur, comme si brusquement toute une succession de petites poupées russes s'ouvraient une à une. Chacun va en prendre pour son grade à tour de rôle et les non-dits, les rancoeurs, les rancunes, les bassesses et révélations vont faire surface.

    Quelques tirades bien senties ramèneront forcément le spectateur vers des situations connues même si on est ici en plein vaudeville. D'ailleurs ce film fut une pièce au succès triomphal et ressemble à du théâtre filmé. Les réalisateurs tentent néanmoins à tort et sans grand résultat de sortir à quelques reprises de l'enceinte de ce huis clos jubilatoire où les noms d'oiseaux finiront par voler bas. Bien sûr il y a quelques clichetons sur les bobos, les nouveaux riches, la prof de français cyclothymique brusquement hystérique, le prof de fac en velours côtelé, l'agent immobilier inculte qui a fait fortune (Patrick Bruel, réjouissant !)... mais c'est pour mieux les démonter je trouve. Les acteurs sont rodés comme des formules 1 et balancent leur chapelet de révélations avec délectation.

    Le Prénom est contre toute attente une excellente surprise parce que les acteurs sont tous formidables (Guillaume de Tonquédec est une révélation !), les dialogues vifs et intelligents et qu'on rit très fort et beaucoup et que ça fait du bien. Quant aux prénoms, moi qui en entends treize à la douzaine par jour... je suis obligée de constater qu'effectivement les parents sont parfois inconscients ou en veulent à leurs enfants. Entre ceux qui veulent faire original à tout prix au risque d'être simplement ridicules, ou prétentieux, ceux qui vont obliger leurs enfants à épeler leur prénom toute leur vie à cause d'une orthographe improbable, ceux qui cèdent à la mode (aaaah que de Léa !!!) ceux qui affligent leur progéniture d'un prénom droit sorti d'une série américaine et j'en passe mais on n'a que l'embarras du choix pour se moquer ou s'indigner. Et finalement, chacun fait comme il veut et surtout "des gens qui ont appelé leurs moutards Myrtille et Apollin n'ont de leçon à donner à personne..."

  • TYRANNOSAUR de Paddy Considine ****

    Tyrannosaur : photoTyrannosaur : photoTyrannosaur : photo

    Joseph est un homme seul, alcoolique, parfois violent et toujours au bord de l'implosion. Pour seul compagnon il n'a qu'un chien sur qui il passe ses nerfs à vif et qu'il tue malencontreusement. Joseph n'est pas un garçon sympathique et on n'a guère envie de le croiser au coin d'une rue. En outre, son meilleur pote est en train de mourir d'un cancer et la fille du mourant tolère tout juste ses visites faisant de lourds sous-entendus sur les comportement passés de Joseph. Quant à son petit voisin, un gamin triste et solitaire, il est régulièrement terrorisé par le pittbull du petit ami de sa mère...

    Un jour que Joseph cogne son désespoir à tous les murs de la ville (Glasgow, quartiers pauvres), il entre, se réfugie, se cache dans un magasin tenu par une femme très pieuse qui l'accueille sans lui poser de questions et se met à prier pour lui. Hannah est une femme encore jeune mais qui semble fatiguée et d'une extrême tristesse. Le lendemain Joseph revient la voir et se montre partiulièrement odieux avec elle, comme ça, sans raison.  Comme s'il était le seul à porter tout le chagrin du monde.Puis il découvre qu'Hannah n'est pas la femme qu'il imaginait mais que pour elle aussi la vie est un fardeau. Quotidiennement humiliée, battue voire violée par son malade de mari, elle trouve en Joseph, cet homme instable et imprévisible un réconfort totalement inattendu. Lui-même refuse de croire qu'elle puisse se sentir en sécurité avec un homme tel que lui.

    Parfois les acteurs anglais se mettent à la réalisation et cela donne des films aussi forts et dérangeants que War zone de Tim Roth ou Ne pas avaler de Gary Oldman. Des films dont on sort complètement sonnés et qu'on n'oublie jamais. Paddy Considine, acteur lui aussi, propose pour sa première réalisation un drame social d'une rare intensité qui nous met également KO. Même si contrairement à ses deux aînés qui ne donnaient aucune chance à leurs personnages, Paddy Considine laisse entrevoir une toute petite lueur d'espoir. Sans doute a t'il davantage confiance en l'humanité malgré la bestialité de certains de ces personnages dont son héros, jamais bien loin de se servir d'une batte de base-ball. La noirceur sans fond et sans fin de certaines scènes, la violence de certains actes et de certaines paroles cèdent parfois la place à des moments de grâce et de douceur où se mèlent tendresse et compassion. Ainsi cette longue et magnifique scène (muette) d'enterrement où l'hommage au défunt donne à chacun l'occasion de laisser libre court à sa joie, sa tristesse et d'accéder au pardon.

    Sans angélisme malgré la bonté, la sensibilité et la générosité qui émergent de la carapace de ces héros cabossés, sans misérabilisme malgré l'extrême dureté des situations (les scènes d'humiliation d'Hannah sont particulièrement éprouvantes, comme celles qui illustrent la vie du petit garçon...), le réalisateur réussit un film sombre et douloureux en restant digne et en échappant au voyeurisme. On sait que cette batte de base ball ou ce pittbull ne sont pas là pour rien ni par hasard et on ne cesse de craindre le moment où ils entreront en scène. Et ce ne sont pas les moindres "surprises" que réservent l'histoire de ces abandonnés.

    Paddy Considine a de plus la chance, la pertinence et le flair de pouvoir s'appuyer sur deux acteurs immenses qui se sont emparés de leurs personnages avec tendresse et passion. Ce que Peter Mullan et Olivia Colman font ici tient tout simplement du génie. Olivia Colman s'abandonne totalement à son rôle de femme maltraitée, bafouée, généreuse et complexe, en demande d'amour insensée. Elle est bouleversante. Quant à Peter Mullan et son beau visage scuplté de ses chagrins, de ses regrets et de ses remords, il exprime comme rarement un acteur l'a fait toutes les émotions qu'un être humain est capable de ressentir. Son état de sidération silencieuse dans lequel les révélations d'Hannah le plonge est un des moments les plus intenses de ce grand film profond, fort et subtil.