Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur la Route du Cinéma - Page 487

  • Loin de Sunset Boulevard d’Igor Minaiev ***

    Loin de Sunset Boulevard
    Loin de Sunset Boulevard

    Au début des années 30 à Moscou, la relation d’Alexandre Mansourov, réalisateur réputé et Konstantin Dalmatov son assistant, est découverte par les autorités. L’homosexualité est légalement réprimée et pour exercer à son tour son métier de cinéaste Konstantin doit, à la mort de Mansourov conclure un pacte avec le Régime. Sitôt signé un document qui peut faire de lui un collaborateur du gouvernement « en cas de besoin », toutes les portes lui sont ouvertes. Il lance la carrière de la très talentueuse et très seule actrice Lidia Polyakova. Ils décident l’un et l’autre de vivre ensemble, de se marier pour rapprocher leurs solitudes et sauver les apparences. Ce second pacte fait de Konstantin un homme respectable hétérosexuel.

    La relation platonique impressionnante de complicité, de tendresse et de respect entre Konstantin et Lidia est au centre du film même si elle n’en est pas le thème essentiel. Ce qui en fait le cœur, c’est la création dans un pays où Lénine avait fait du cinéma le premier des arts pour sa capacité à éduquer les masses, le tournage des films dans le film toujours réjouissant sur grand écran. Le genre de prédilection de Konstantin sont les comédies musicales. Il tourne donc des films flamboyant, follement gais et optimistes qui vantent le bonheur et la chance de vivre en URSS. A l’époque tous les films devaient recevoir l’assentiment de Staline et pas un ne sortait sur les écrans sans être passé par le Kremlin. On apprend qu’Eisenstein a dû en détruire un des siens. Le contraste entre ce que filme Konstantin, vif, coloré et joyeux est en contradiction permanente avec la peur perpétuelle que ressentent le réalisateur et son actrice, peur de cesser brusquement de plaire. Toute l’équipe est d’ailleurs soumise à ce climat de doute, d’incertitude et de suspicion face à une administration tyrannique toujours prompte à remplacer, déplacer, déporter ! Konstantin et Lidia sont triomphalement reconnus dans tout le pays jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus supporter cette chape sur leur métier et leur vie…

    Entre allégresse, tristesse et inquiétude le film voyage avec virtuosité. C’est romanesque, historique, éblouissant et douloureux. C’est russe. Et un film russe (aussi hollywoodien !) au titre aussi merveilleusement subtil, est un objet suffisamment rare pour qu’on s’y attarde, même si au final ce qui reste en mémoire est la chaste relation indéfectible des deux personnages principaux, amis, complices, alliés envers et contre tout.

  • Affaire de famille de Claus Drexel **

    Affaire de famille - André DussollierAffaire de famille - André Dussollier (photo exclusive)Affaire de famille - Miou-Miou (photo exclusive)

    Une famille de province sans histoire, le père, la mère, la fille mais sans beaucoup d’affinités et de choses à se dire découvre un sac de sport rempli de billets de banque. Jusque là, le père ressassait ses rêves de gloire footbalistique passée (il a failli entrer chez « les verts » dans les années 70 et les vieux de mon âge se souviendront « qui c’est les plus forts, évidemment c’est les verts… »), la mère s’occupe d’un magasin ringard de souvenirs dans la banlieue de Grenoble, et la fille ado ronchon, ronchonne. Tout cet argent va contraindre ce trio à faire tout et n’importe quoi. Cachotteries, mensonges, trahisons, chacun va chercher à berner l’autre volontairement ou pas, jusqu’à l’arrivée d’un policier, l’inspecteur Mort Vivant, d’un loubard à scooter et de ce fichu sac qui ne va cesser de changer de mains sans qu’on s’aperçoive de rien.

    Voilà typiquement le genre de film qui n’a d’autre ambition que de distraire (j’espère que j’ai bon !) et qui réussit parfaitement son pari. Il fait du bien et on en sort plutôt en grande forme. Car même si le scénario n’a rien d’exceptionnel : où est ce satané argent ? le réalisateur a eu la bonne idée de nous raconter l’histoire trois fois selon le point de vue de chacun des membres de la famille. Comment ont-ils découvert la chose ? Comment l’ont-ils interprétée en fonction de ce qu'ils ont vu ? Quel rôle jouent-ils vraiment chacun, ensemble ou séparément ? C’est vivant, enlevé, drôle, sans prétention et l'épilogue douloureux me fait penser qu'un tel sac tombé du ciel serait le bienvenu...

    Miou Miou et André Dussolier s’amusent manifestement sans jamais sourire car ils sont champions l’un comme l’autre dans l’art de manier le second degré avec un air parfaitement abruti.

  • Ezra de Newton I. Aduaka ***

     

    Ezra

    Ezra n’a que 9 ans lorsqu’un matin débarquent dans son école une horde de types effrayant qui embarquent manu militari tous les garçons. Ezra sera comme ses compagnons, embrigadés et entraînés au fin fond de la jungle pour commettre les pires atrocités. On retrouve Ezra quelques années plus tard. Il a réussi à échapper à ses tortionnaires sauvages et doit faire face à un tribunal international de réconciliation nationale organisé par l’ONU. Le jeune homme par ailleurs, complètement traumatisé vit dans un centre de réhabilitation psychologique. Au tribunal, qui n’est pas là pour juger, mais pour comprendre et aider les anciens enfants soldats et permettre le pardon et la compréhension, Ezra doit faire face à sa sœur. Lors d’une nuit d’enfer et de cauchemar, complètement drogué et alcoolisé, il aurait lui-même tué ses propres parents et coupé la langue de sa sœur… Ezra ne se souvient de rien.

    Le film, très beau, très bien fait réussit l’exploit d’être à la fois une fiction et un témoignage implacable sur une réalité qui frappe encore actuellement l’Afrique sans que le reste du monde s’en émeuve. Il y aurait encore aujourd’hui 300 000 enfants soldats. Ici, dans ce pays imaginaire, pas de luttes de classes, de religions ou de « races » mais simplement l’appât du gain et les réserves d’or convoitées. Les scènes de tribunal et de la vie d'Ezra et de ses jeunes compagnons dans la jungle et des actes qu'ils commettent alternent. Les premières permettant quelque peu au spectateur horrifié de "digérer" les secondes révoltantes, insupportables...

    Les deux acteurs principaux, le frère et la sœur, non professionnels, sont extraordinaires.

    Voici comment le réalisateur parle de son film :

    « Ces enfants ont connu l'enfer pour valoriser le prix des diamants, de l'huile, pour permettre à Wall Street de se maintenir à flot. Tout cela m'affecte profondément, et c'est ce qui a nourri Ezra. Le reste, c'est du cinéma".

    Je suis fasciné par la mémoire. Comment elle fonctionne, comment elle oublie ou se souvient, ses différentes strates, comment nous la reconstruisons, consciemment ou non, comment nous nous arrangeons avec elle. Ezra est porteur de tout cela. Sur un plan symbolique, je crois qu'Ezra, c'est nous. Tout le monde. Nous avons tous été effrayés par la violence institutionnalisée, drogués par les médias trop peureux. Comme Ezra, nous avons tous été trompés. Oui, Ezra est semblable à toute une génération d'enfants qui, comme lui, ont pris conscience que pendant qu'ils mourraient de faim ou à la guerre, une poignée de gens avides en profitait. Et ce qu'il y a d'ironique, c'est qu'ensuite, ce sont les mêmes gens, à travers leurs institutions, qui viennent les juger... Les guerres dans le monde peuvent être évitées, mais seulement si toutes les vies valent le même prix. »

  • Las Vegas 21 de Robert Luketic °°

    Las Vegas 21 - Kate Bosworth, Jim Sturgess, Josh Gad, Aaron Yoo et Sam Golzari

    Ben Campbell est un étudiant surdoué, l’un des meilleurs de sa promo. Ça, il faut l’admettre sans discuter puisqu’on nous l’affirme d’entrée de jeu. Mais Ben est pauvre et pour entrer à Harvard Méd ‘ où il est admis, il lui faut trouver 300 000 dollars ou convaincre un jury qu’il peut bénéficier d’une bourse accordée à un seul chanceux. Mais Ben est mou du genou, timide et pas bien vif malgré son QI. Il est équipé de deux copains : le gros libidineux qui bouffe au lit, parle la bouche pleine en postillonnant des morceaux et qui est censé dire une grosse vanne toutes les trois secondes… inutile de vous préciser que ce gros ne me fait pas rire du tout , et l’autre tout aussi loser et dans la même misère sexuelle noire, mais encore plus quelconque voire transparent. Ces trois quiches boivent des coups en regardant les filles de loin.

    Ben est courageux bien qu’exploité, il gagne 8 dollars de l’heure dans une boutique chicos pour arrondir ses fins de mois. Il aime sa maman mais son papa est mort (mouiiiiiiiiiiiiiiiiiin !!!) etc etc… Il est repéré par son prof de maths qui l’encourage à rejoindre un petit groupe de surdoués comme lui qui se rendent chaque semaine à Las Vegas car ils arrivent, grâce à la maîtrise du calcul mental et des statistiques à prévoir les cartes au Black Jack et à remporter de fortes sommes. Ben fait un peu sa pucelle effarouchée au début mais il ne lui faut pas longtemps pour être séduit par l’appât du gain facile et évidemment il devient un pro et les billets s’accumoncellent. Tout ne sera pas toujours si rose. Il y aura du mou dans la corde à nœuds et des coups et des bosses, des trahisons et… ON S EN FOUT prodigieusement (moi aussi je sais compter jusqu'à 21, j'en fais pas un cheese cake et je ne demande pas la légion d'honneur). Car il ne suffit pas de se rendre à Las Vegas pour nous re-re-refaire le coup de la bande à Ocean ! Quand George Clooney n’est pas là, George Clooney n’est pas là, faut se faire à cette idée. Quant à filmer en plans fixes, saccadés, ou ralentis des cartes et des jetons, en poussant l’ampli à 12 pour nous faire croire qu’il se passe quelque chose… ça n’a rien de bien folichon. Quand, en plus il faut chercher le talent du réalisateur et des acteurs, on n’est pas loin de toucher les bas fonds.

    Que dire de Kevin Kayser Spacey et de Laurence Morpheus Fishburne (couille de poisson pour les intimes) ??? S’ils ne savent pas lire un scénario plein de vide, on ne va pas les plaindre. Si ? Pas moi ! Dans l’équipe des surdoués, il y a deux asiatiques un garçon et une fille, et c’est très étonnant de ne pas y trouver le black toujours de bonne humeur. Il y a aussi le garçon qui-se-la-pète mais qui fait la gueule tout le temps parce qu’il comprend rapidos que le Ben avec ses airs de sainte nitouche va lui piquer son taf. Et enfin, il y a LA fille, censée être mignonne, mais je ne vois pas qui pourrait rivaliser en fadeur avec Kate Botox qui a sur le visage le masque de Michaël Jackson, pauvre gosse. Quant au rôle de Ben, c’est le très récent Jim Sturgess qui s’y colle. Il ressemble un peu à Jake Gillenhaal mais en moins bon, en moins beau…en moins tout. Bref, il n’a rien à voir avec Jake Gillenhall.

    Et ce film long et chiant ne ressemble à rien non plus !

  • Ciao Stefano de Gianni Zanassi **(*)

    Ciao Stefano - Valério Mastandrea

    Stefano est ce qu’on pourrait appeler un ado attardé sur qui peu de choses semblent avoir de prise. Il rentre chez lui et trouve sa petite amie avec un autre homme. Il félicite le garçon d’être un bon guitariste et fait ses valises sans un mot. Stefano est le guitariste d’un groupe qui voit ses concerts interrompus à cause de la blessure du chanteur. En fait, ce dernier s’est jeté, bras en croix dans le public comme font beaucoup de chanteurs de rock, mais le public s’est écarté et a laissé le voltigeur s’écraser lamentablement au sol. Evidemment c’est tordant et donne le ton du film même si l’histoire sera également émaillée de beaucoup de scènes mélancoliques voire mélodramatiques. C’est cette alternance de genres qui sera d’ailleurs la seule faiblesse du film car on ne sait pas toujours si l’on assiste à un drame ou à une comédie. Mais sans doute est-ce cela la « vraie vie », un va et vient permanent entre le pire et le meilleur. En tout cas, ce film à la fois grave et léger est une réussite et une agréable surprise.

    Stefano quitte Rome pour prendre quelque repos dans sa famille qui vit dans une grande propriété près de Rimini. Il est accueilli comme un héros et s’effraye immédiatement de cet accueil démesurément chaleureux qui donne lieu à une scène hilarante. Un jour sa sœur lui dira « tu vois on a besoin de toi » et il répondra « oui, mais je ne pensais pas à ce point ». En fait, il retrouve sa mère dépressive, sa sœur qui a abandonné ses études pour vivre sa passion et s’occuper des dauphins et son frère en plein divorce, chargé de l’entreprise familiale au bord de la faillite. Le père quant à lui, joue au golf, ravi de sa retraite et personne n’ose l’affronter et lui annoncer que tout va mal. C’est dans cette atmosphère de chaos que Stefano débarque, lui champion du monde toute catégorie de la loose. Avec son air de chien battu à la Keaton, il va devoir supporter dans tous les sens du terme cette famille qu’il aime et qui l’exaspère tout à la fois. C’est gai, c’est drôle, c’est triste, c’est dynamique et jamais pesant, c’est italien et ça fait un bien fou ! Tous les acteurs sans exception sont formidables mais Valerio Mastandrea dans le rôle titre est le pilier déconcertant et désarmant de cette farce souvent au bord de la crise de nerfs où chacun parle, s'explique se justifie... Foncez.

    Ciao Stefano - Valério Mastandrea
  • LES NUITS EN OR DU COURT METRAGE

    2009-06-18-nuits-en-or-2009-affiche-fr.jpg

    « Sans courts métrages vous n’auriez eu ni Chaplin, ni Keaton, ni Fellini, ni René Clément, personne, je vous le dis, personne ». Jacques Tati, lors de la cérémonie des César 1977.

    Et cette année encore, les 8 films présentés qui tous ont reçu des prix à travers le monde sont absolument grandioses, sublimes, inoubliables… de ceux qui donnent envie de taper dans les mains, de sauter de joie ou de s’effondrer de tristesse… Et justement, comme lors de tout festival quel qu’il soit, après la projection le public s’en donne à cœur joie et peut manifester son bonheur en applaudissant. Et à l’applaudimètre on sent nettement les préférences.

    Quel plaisir, pour moi qui entre toujours dans « mes » cinémas comme si c’était la première fois, de constater que la salle est comble ! Quel bonheur d’observer, à vue d’œil, qu’elle est aux trois quarts remplie de jeunes ou d’étudiants empressés et impatients de découvrir. Car évidemment, il n’y a ni star, ni noms connus (ou si peu) et c’est un vrai pari de se laisser porter par ce format du court métrage si peu visible en salle et qui recèle pourtant de vrais joyaux, des prodiges miraculeux !

    La projection commence par la diffusion d’un petit film réalisé par le partenaire officiel de la Nuit des César : Renault… et je n’en parlerais pas si ce court métrage, complètement débile, volontairement ringard et raté n’était pas un petit phénomène surprenant qui se termine à peu près par cette phrase (lucide) : « plutôt que faire du cinéma on préfère le soutenir ». Tordant ! Mais évidemment c’est pour la suite qu’il FAUT vous rendre au plus vite à cette soirée si elle est prévue dans votre ville (voir les villes et les dates en bas de cette note).

    L’ « étoilage » est comme vous vous en doutez mon goût personnel…

    LE MOZART DES PICKPOCKETS de Philippe Pollet- Villard *****

    France - César du meilleur Court Métrage – Oscar du Meilleur Court Métrage en fiction – Grand Prix du Festival du Court Métrage de Clermont Ferrand.

    Et on comprend pourquoi tous ces prix ! Philippe et Richard sont deux voleurs à la tire dans les rues de Barbès qui se font arnaquer par leur chef. Lorsque ce dernier se fait arrêter ils n’ont d’autre choix que de se creuser la cervelle (qu’ils ont vraiment très très creuse) pour survivre. Mais les deux lascars ne sont pas bien malins. Un petit roumain sourd et muet s’impose au duo et ne les lâchera plus. Les deux compères l’utiliseront car l’enfant se révèle un génie de la rapine au sol… dans les cinémas !

    Planquez vos sacs et vous verrez c’est difficile de résister à l’humour dévastateur de ces deux losers bas de plafond mais terriblement drôles et attachants.

    BOY MEETS GIRL de Soren Frellesen ****

    Danemark - Robert (et oui !) du Meilleur Court Métrage.

    Kasper, scénariste se rend chez Katrine, productrice qui lui demande de lui présenter son dernier projet. Il s’agit d’un « road movie esthétique ! », un voyage en cinéphilie à travers différents « genres » cinématographiques. Et voilà que Kasper et Katrine deviennent les protagonistes de leur propre film qui re-visite l’amour au travers de Godard (nouvelle vague intello), du cinéma érotique allemand façon fin des années 70, de Bergman où des bourgeois en robe de chambre se torturent les méninges, de la comédie sentimentale américaine façon « Bridget Jones… »… Tout est filmé « à la manière de », les deux acteurs font des prouesses, lumière, décors, costumes, les dialogues sont savoureux. C’est beau, c’est drôle. Un film de cinéphile pour cinéphiles. Un régal.

    AUF DER RECKE de Reto Caffi ****

    Allemagne et Suisse - Swiss Film Prize du Meilleur Court Métrage – Grand Pris de la Compétition Internationale du Festival de Clermont Ferrand.

    Rolf est agent de sécurité dans un grand magasin. Devant ses multiples écrans de contrôle il observe surtout Sarah, sa jolie collègue du rayon librairie, sans qu’elle le sache. Il prend le même métro qu’elle pour l’observer encore. Un soir, Sarah est accompagnée et se dispute avec son ami. Rolf est dépité mais Sarah quitte le wagon à l’arrêt suivant. Persuadé de pouvoir se débarrasser d’un rival, Rolf laisse le jeune homme se faire agresser par trois garçons sans intervenir. Il apprend qu’il s’agissait en fait du frère de Sarah. Un sujet très fort qui parle des conneries qu’on fait, du poids de la culpabilité, des regrets, des mensonges mais aussi de cette société nouvelle qui est la nôtre où chacun de nos gestes peut être observé par des caméras… Un des films les plus sombres, les plus dérangeants de la soirée.

    ISABELLE AU BOIS DORMANT de Claude Cloutier ****

    Canada - Jutra du meilleur film d’animation

    Les parents de la belle, désespérés par son sommeil prolongé que rien ne vient troubler, pas plus le barouf de toute la famille réunie, que la sorcière ou différentes bestioles et même un extra terrestre… font appel à SOS Prince Inc. pour venir la réveiller. Le prince, (moche comme une armée de poux) doit affronter mille dangers pour rejoindre la belle.

    A l’applaudimètre, aucun doute, c’est ce film de 9 minutes qui remportent tous les suffrages. Il faut dire qu’un éclat de rire toutes les 3 secondes, une idée nouvelle par plan, c’est rare ! Ce film est complètement… dément. Et reprend de façon loufoque et granguignolesque le conte de Perrault en y ajoutant une pincée de Monty Python ou de Plympton avec des couleurs rappelant les illustrations « à l’ancienne ».

    Un ovni salutaire !

    RUN de Mark Albiston ***

    Nouvelle-Zélande - New Zealand Screen Award du Meilleur Court Métrage

    Depuis la mort de leur mère, Tom et Georgie vivent avec leur père, autoritaire, exigeant et inconsolable de la mort de sa femme. Il exige de Georgie, douée pour le piano qu’elle répète inlassablement « La lettre à Elise » pour participer à un concours, alors que la petite fille compose des œuvres très personnelles en cachette. Il oblige également ses enfants à courir chaque jour des kilomètres. Si Tom, docile et sportif s’en sort bien, Georgie, plutôt boulotte, est toujours au comble de l’effort et l’objet de la moquerie d’un jeune livreur de lait. Comment ces enfants vont-ils réussir à montrer leurs aptitudes et se venger ?

    Encore une fois c’est de l’enfance confisquée par l’aveuglement d’un adulte buté dont il est question.

    SALVADOR de Abdelatif Hwidar ***

    Espagne - Goya du Meilleur Court Métrage de fiction

    Comme chaque matin à travers le monde, des millions de citoyens se rendent au travail en métro. Le wagon est plein. Un petit garçon « Salvador » joue à cache cache avec son père. Petit à petit les voyageurs deviennent acteurs du jeu en le cachant « vous n’avez pas vu Salvador ? » répète le père. Et tout le monde s’amuse complice.

    C’est un matin comme un autre en Espagne… on s’en souvient… et la magie du cinéma peut faire ou défaire le destin de Salvador. Sera-t-il une nouvelle victime de l’aveuglement des hommes ? Cela dépend si le film avance ou s’il revient en arrière !

    Simple et glaçant. En plein dans le mille.

    DOG ALTOGETHER de Paddy Considine **

    Grande Bretagne - Bafta du Meilleur Court Métrage de fiction

    Joseph est violent et raciste. Il frappe son chien au point de devoir l’achever, il agresse verbalement le guichetier de la poste d’origine pakistanaise et cherche querelle à tout être humain qu’il rencontre ! Il rend visite à un ami grabataire, parle à une tombe « tout le monde meurt autour de moi », se réfugie pour pleurer !

    On voit bien que tout va mal pour Joseph (le grand Peter Mullan) mais on a du mal à s’apitoyer…

    BAEDRABYLTA de Grimur Hakonarson *

    Islande - Edda Award du Meilleur Court Métrage

    La lutte islandaise traditionnelle est un rituel étrange où les hommes commencent par s’enlacer comme pour une danse langoureuse. Einar et Denni sont lutteurs mais aussi amants… mais Einar est marié et Denni s’occupe de sa vieille mère grabataire. Vont-ils oser révéler leur amour et pouvoir vivre ensemble ?

    Est-ce le fait que l’Islande soit un pays si énigmatique, que la lutte islandaise soit aussi ridicule qu’étrange à regarder qui font que je n’ai pas réussi à «entrer » dans ce film triste et glacial ?

    Mercredi 4 :                  STRASBOURG –          UGC Ciné Cité Etoile

    Vendredi 6 :                 GENÈVE -                      Cinéma Titanium

    Lundi 9 :                       LYON -                            UGC Ciné Cité

    mercredi 11 :               CLERMONT FERRAND  Ciné Capitole

    Vendredi 13 :               GRENOBLE –               Pathé Chavant

    Dimanche 15 :            NICE –                            Pathé Paris

    Mardi 17 :                     AIX EN PROVENCE –   Le Renoir

    Jeudi 19 :                     MONTPELLIER –          Gaumont Multiplexe

    Lundi 23 :                    TOULOUSE –                Gaumont Wilson

    Mercredi 25 :                BIARRITZ –                    Le Royal

    Vendredi 27 :               BORDEAUX –                UGC Ciné Cité

    JUILLET

    Mercredi 2 :                  NANTES –                      Gaumont

    Vendredi 4 :                 RENNES –                     Gaumont

    Dimanche 6 :              BREST –                         Multiplexe Liberté

    Mardi 8 :                       ROUEN –                        UGC Ciné Cité

    Vendredi :                    PARIS –                          MK2 Bibliothèque 

  • Française de Souad El Bouhati **

     

    Française - Maher Kamoun et Hafsia Herzi
    Française - Farida Khelfa, Maher Kamoun et Hafsia Herzi

    Sofia est née en France de parents marocains. Lorsqu’elle a 10 ans, son père est au chômage, il décide et contraint toute la famille (sa femme et ses trois enfants) à aller vivre au Maroc. C’est pour Sofia que c’est le plus dur. Pour elle son pays c’est la France, elle ne cessera jamais d'y penser. Elle se jure d’y revenir dès qu’elle sera majeure. Hélas pour elle, son rêve se heurte sans cesse aux traditions et aux valeurs et au fait que ses parents, comme beaucoup de parents avec la meilleure volonté et les meilleures intentions du monde, pensent savoir ce qui est bien pour elle.

    Encore trop de filles ont comme seul avenir de trouver un mari et d’avoir des enfants, certaines sont même totalement analphabètes. La sœur de Sofia se satisfait parfaitement de ses projets de mariage. Mais Sofia, depuis toute petite aime l’école, elle aime étudier et souhaite faire des études même si après ses journées de cours elle rejoint son père pour l’aider aux champs.

    La relation de Sofia avec son père est la plus forte et la plus touchante. Peu enclin aux discours, comme souvent (hélas !) les pères avec leurs filles, le père de Sofia la regarde pourtant toujours avec tendresse, impressionné aussi manifestement par ses intentions et la patience et l’obstination qu’elle déploie pour que ses espoirs se réalisent.

    Loin des clichés des banlieues et des tentatives d’insertion désorganisées, c’est l’histoire d’une fille cultivée qui veut choisir son destin et son pays.

    Si l’on est quelque peu surpris de découvrir à la toute fin ce qu’est sa décision, on finit par comprendre qu’elle voulait simplement pouvoir choisir sa vie, son avenir, son pays sans que rien ne lui soit imposé. Chapeau !

    Hafsia Herzi confirme la bombe d’énergie, de charisme et de volonté qu’elle était déjà dans « La graine et le mulet ».

    Française - Hafsia Herzi
  • Jackpot de Tom Vaughan °

    Jackpot - Cameron Diaz et Ashton KutcherJackpot - Cameron Diaz et Ashton Kutcher

    Joy et Jack vivent à New York. Joy, trop envahissante se fait larguer méchamment par Choupinet tandis que Jack trop branleur se fait virer par son père et patron. Joy et Jack ne se connaissent ni des lèvres ni des dents. Pour consoler leur chagrin respectif, chacun embarque son/sa meilleur(e) pote alavialamor (le truc que je saurai jamais ce que c’est, ni à quoi ça sert !), direction Las Vegas pour un trip régressif, se torpiller à la vodka et au champagne, se vomir les uns sur les autres en poussant des hurlements de gorets. La vraie vie quoi ! A la suite d’une erreur d’aiguillage, Joy et Jack se retrouvent à peu près dans la même chambre de palace et décident, pourquoi pas, de passer la soirée ensemble. Au petit matin, ention et damnafer, ils sont mariés !!!

    Qui ne s’est pas un matin retrouvé marié(e) avec un(e) parfait(e) inconnu(e) ? Hein qui ?

    Jack et Joy sont tout à fait d’accord pour faire annuler ce mariage, sauf que par inadvertance, Jack remporte le Jackpot à une machine à sous : 3 millions de dollars, c’est pas rien. En cas de mariage « tout ce qui est à toi est à moi »… et le juge aux affaires matrimoniales, excédé par le peu de respect de nos deux tourtereaux vis-à-vis de cette belle institution les condamne à une peine de 6 mois de mariage forcé avec contrôle hebdomadaire par une psy que chacun fait ce qu’il faut pour… et blabla et blabla !

    Quand je disais qu’il était urgent que je me trouve un film distrayant, je le voulais vraiment. Je me suis même appliquée à chercher pour ne pas me tromper. Pourquoi j’ai choisi celui-ci alors que la bande annonce donnait envie de fuir à toutes jambes ? Je n’en sais rien. Les voies du dieu de la distraction sont impénétrables. Enfin, au moins ne suis-je sortie ni déprimée, ni en colère de la salle. C’est déjà ça. Juste consternée.

    Et pourtant, ça commençait pas mal. Au générique une chanson de Mika, signe que nous embarquons pour un film du troisième millénaire, ça donne envie de gigoter sur son fauteuil non ? Le prologue new-yorkais est pas mal du tout et Cameron Diaz est vraiment très bien, voire sincèrement touchante. On se dit même qu’elle a un rôle, un personnage avec un tempérament. Les dialogues sont enlevés, épicés. J’ai souri plusieurs fois, oui mesdames et messieurs, mais ça dure 10 minutes ! L’arrivée et la folle nuit à Las Vegas sont youpitralala bien comme il faut mais sans surprise quoiqu’ornementées de trop de hurlements selon moi. Ça se gâte prestissimo dès que les deux guignols partagent le même appartement et commencent à se mettre des bâtons dans les roues pour pourrir la vie de l’autre. Si vous avez vu la bande annonce, tout y est : je fais pipi sur la vaisselle dans le lavabo, je dors avec la lunette des chiottes pour que tu tombes les fesses dans l’eau, je mets l’ampli à 12 en broyant mes vitamines à 6 heures du mat, je dégage la porte pour pas que tu restes enfermée des heures dans la salle de bains… etc. C’est con, bêta, sans imagination et surtout c’est pas drôle. Jamais. Evidemment les deux pitres sont faits l’un pour l’autre, ce dont on ne doute pas une seconde dès lors qu’on va voir une comédie estampillée « sentimentale américaine », ils vont se découvrir, s’apaiser et tout finira dans un bain de guimauve, de vacherin et de meringue des plus écoeurant dépourvu de fantaisie et d’inspiration.

    Cameron Diaz, cte grande bombe anatomique et Ashton Kutcher cte marionnette fadasse (désolée, je préfère Treat Williams) sont formidablement assortis et rivalisent de grimaces pendant une heure quarante avant le bisou final (oui désolée, je « spoile ») les pieds dans le sable sur la plage, l’œil vitreux et larmoyant.

    Les seuls moments vraiment créatifs… bon d’accord le mot est fort, disons inventifs, reviennent aux deux copains qui se détestent avec une gaillardise vivifiante, hélas ils ne sont que secondaires et complètement en retrait, tout juste s’ils ne sont pas « floutés » à chacune de leur apparition ! ah oui aussi, important. J'ai appris que ce qui fait mourir de rire les beaufs bourgeois millionnaires (une garden party chez le patron de Joy...) sont les expressions "mother fucker" ou "branleur" ! Trop smââârt, j'y repenserai pour briller dans mes dîners en ville !

    ******************************************

    Par contre je crois que je n’ai pas été suffisamment convaincante pour vous dire à quel point le film que j’ai vu hier est indispensable, en prise directe avec une réalité qu’on ignore souvent. Et pourtant ce matin encore j’entendais qu’un milliard d’hommes, femmes et enfants crèvent de faim sur la planète. Ce genre de films essentiels, inconfortables mettent vraiment la tête à l’envers.

  • Haïti chérie de Claudio Del Punta ***

    Haïti chérie

    Jean-Baptiste est exploité jusqu’à épuisement dans une plantation de canne à sucre en République Dominicaine. Le soir, il retrouve Magdaleine sa jeune épouse anéantie par la mort récente de leur bébé de sous-alimentation. Alors qu’elle est victime d’une tentative de viol, Magdaleine décide de retourner en Haïti là où, elle et Jean-Baptiste ont leurs racines. Aidé d’un médecin, ils traversent le pays pour retrouver leur terre promise. Hélas, leur arrivée en Haïti les confrontera à une nouvelle réalité, la misère sans fond des haïtiens et la violence de la police.

    Bien que les acteurs soient non professionnels et travaillent pour la plupart dans ces plantations avec la rage de s’en sortir, il s’agit néanmoins d’une fiction (à la limite du documentaire bien sûr) admirablement bien interprétée. Ce film est une nouvelle fois un choc effroyable. Le sort des haïtiens ne fait pas la une des journaux et pourtant, l’esclavagisme existe toujours bel et bien et qui s’en préoccupe. Les travailleurs n’ont pas de papier, ils sont payés occasionnellement, n’ont pas accès aux soins et doivent se cacher pour échapper aux fréquentes rafles de police. Leur quotidien se limite à trouver de quoi manger, trouver du travail et survivre.

    Cette histoire éprouvante, douloureuse et douce parfois notamment grâce à l’amour aveugle que porte Jean-Baptiste à Magdaleine (tous deux splendides d’intensité) est sublimée par l’interprétation des deux jeunes gens et par le traitement que le réalisateur en fait. On a le sentiment d’assister à une longue, belle et obstinée conversation entre les deux.

    La fin désespérée, désespérante de ce cauchemar sans fin filmé dans un pays d’une splendeur époustouflante vous laisse effondré, lessivé dans votre fauteuil.

    Ne craignez pas d’être bousculés voire chavirés et courez voir ce film indispensable.

    Quant à moi, il est plus que grand temps que j’aille voir un film distrayant…

    Haïti chérie
  • Grace is gone de James C. Strouse **

    Grace is Gone - John Cusack, Shélan O'Keefe et Gracie Bednarczyk
    Grace is Gone - Shélan O'Keefe et Gracie Bednarczyk
    Grace is Gone - John Cusack, Shélan O'Keefe et Gracie Bednarczyk

    Selon l’expression consacrée, Grace meurt au combat en Irak et Stanley ne sait comment annoncer la nouvelle à leurs deux filles de 8 et 12 ans. Lui, si sérieux d’ordinaire, peu enclin à la poilade et même plutôt autoritaire leur propose de faire une chose extravagante là tout de suite, à la grande stupéfaction de l’aînée. La plus jeune choisit le « Jardin enchanté », parc d’attractions kitschissime (nous le découvrirons à la fin) en Floride, et pour s’y rendre cela nécessite un voyage de plusieurs jours. Ce périple assez long permet au père de reculer encore et toujours le moment d’annoncer l’horreur. Comment en effet dire à deux petites filles qu’en mourant, leur mère a accompli son devoir alors qu’elles ont entendu à la télé, qu’éventuellement les Etats-Unis se seraient trompés d’ennemis ?

    Le réalisateur ne nous bassine pas avec l’engagement et le sacro saint patriotisme américain. A peine entrevoit-on une bannière étoilée sur le cercueil de Grace. Par contre, il s’attarde sur le chagrin de ceux qui perdent des proches dans ces conflits absurdes (si tant est que certains ne le soient pas). Le moment de la révélation aux petites filles est sans cesse repoussé. Stanley reprend des forces régulièrement en écoutant la voix de Grace sur le répondeur téléphonique, tandis que la plus petite qui a réglé sa montre sur l’heure irakienne ferme les yeux à heure régulière pour être en communion avec sa mère au même moment. Stanley ne peut laisser exploser son chagrin et si l’aînée soupçonne son père de lui cacher quelque chose, l’aveu final n’en sera pas atténué pour autant.

    C’est un mélo comme on n’en fait plus et vous aventurer sans kleenex serait une erreur colossale. Cela dit, il n’y a ni hystérie ni effusion de toutes sortes dans ce film pudique, délicat et sensible. Il faut dire que le père c’est John Cusak, gras double, voire triple, pantalons directement accrochés sous les aisselles à la manière de qui on sait… lunettes minables de la sécu, démarche lourdaude, en un mot méconnaissable, parvient à rendre ce père dépassé, qui devient de plus en plus complice avec ses filles, vraiment attachant. Quant aux deux petites… à des années lumière des gamins têtes à baffe singes savants que l’on découvre régulièrement, elles sont adorables, mignonnes, exquises, drôles et touchantes.

    Les trois vous donnent des frissons de tristesse sans en faire des tonnes. Un exploit avec un tel sujet ! Quant à la musique, les plus finauds reconnaîtront le doux piano de Clint et la délicate guitare de Kyle…