Les hauts murs de Christian Faure **
Pour avoir fait plusieurs tentatives d’évasion dans un orphelinat, Yves, 14 ans est placé en Maison d’Éducation Surveillée. Il n’en sortira qu’à sa majorité s’il ne passe pas directement par la case bagne car c’est le seul avenir qu’on prédit à ces enfants « pupilles de la nation » considérés sans hésitation comme de la mauvaise graine.
« Les hauts murs » commence comme se terminait « Les quatre cents coups » : un tout jeune homme émerveillé court sur la plage, il court même vers la mer… C’est lui, Yves, le héros de cette histoire vraie qui rêve de partir sur un bateau vers l’Amérique que l’on voit bien vite rattrapé par des policiers. Et dès les premières minutes, les brutalités commencent. Yves est conduit derrière ces hauts murs où l’on y découvre dans une bâtisse froide et austère des adolescents mal traités, considérés comme des coupables. La première grande force de ce film est de nous révéler la réalité de ces établissements et on est effaré d’apprendre qu’ils ont existé jusqu’en 1979… alors qu’aujourd’hui encore on entend parler de créer des endroits où l’on apprendrait à vivre aux ‘sauvageons’ qui ont la nocivité greffée dans l’ADN ?
Derrière ces hauts murs, véritable univers carcéral, antichambre du bagne, les enfants étaient traités comme des malfaiteurs et quand ils n’étaient pas battus par les surveillants, matons insensibles et stupides, ils pouvaient être violés par les plus âgés des pensionnaires. Yves qui sera vite surnommé « Monte Cristo » pour ses velléités d’évasion choisit le rêve de son projet de voyage pour s’en sortir. Un autre, moins solide optera pour le suicide. Le quotidien de ces grands enfants rythmé par des coups de sifflet et qui ne reçoivent aucune éducation est une bien curieuse façon de traverser ce passage initiatique vers l’âge adulte. Ils subissent, survivent, mal nourris et se créent néanmoins de beaux et précieux moments d'amitié et de solidarité. Les rares tentatives de rebellions sont vite réprimées sous les coups d’un surveillant.
Les adultes de cette histoire sont pratiquement tous au-delà de la caricature du sadique, du faible ou de l’inconscient et ne sont jamais, ou si peu, préoccupés par cette enfance qu’on martyrise sous leurs yeux.
D’un classicisme vraiment bienvenu je trouve et sans effet tire-larmes (si ce n’est une musique très insistante dans les moments les plus lourds), ce film qui pourrait être la version très très sombre des « Choristes » est porté par l’ensemble de ses jeunes acteurs tous remarquables sans exception.